le second degré est mort.
Ça rigole plus, malgré tout ça râle, ça raille sans cesse.
Certes la férocité était de mise à Charlie et les
caricaturistes s’en donnaient à cœur joie, mais depuis, la prise de distance
permise par l’humour a été abolie.
Le pas de côté, le recul, passent pour un surplomb
insupportable.
« Les lois de
l'humour sont très sévères : on ne peut pas se moquer des victimes, des noirs,
des homos, des musulmans, des juifs, des handicapés...
moi je dis : de qui se
moque-t-on ? » Philippe Geluck
C’est désormais au pied de la lettre que s’expriment les opinions, de préférence sans
nuances.
Une des variantes du « c’était mieux avant »
regrette qu’aujourd’hui Guy Bedos ne pourrait dire : «
saaaalope ! », pendant que la violence des opinions empilées sur les
réseaux haineux se déchaîne sur fond de ricanements à chacun de nos réveils
radiophoniques.
La mauvaise foi appelle le pléonasme dans les débats
charpentés à la langue de bois.
Il en est jusqu’aux aléas climatiques qui sont portés au
discrédit du président de la République face à des Gaulois appelant sans cesse au changement et bloquant
tout changement, ils n’entendent que ce qu’ils veulent entendre.
Parlant des causes de la guerre de 14 (1914), Danièle Obono
(LFI) :
« Emmanuel
Macron ne comprend pas que les politiques qu’il mène aujourd’hui ont mené à ce
grand massacre. » C’était dans le Canard enchaîné dans la rubrique
« Le mur du çon ».
« # pas de vague » vint clapoter un court instant
au bord des éditos, mettant en évidence l’indifférence de l’administration, son
manque de courage. Cela vient de si loin, depuis que le politiquement correct a
enrobé d’euphémismes toute mise au jour de violences qui s’expriment dans
l’école.
Dans les stades du développement de l’individu, l’étape de
la symbolisation semble avoir été grillée, lorsqu’un « étudiant »
bénéficie d’un succès viral ahurissant en appelant à une « purge »
sanglante à l’occasion d’Halloween. L’individu confondant virtuel et réel n’était
vraiment pas seul : « c’était
pour rigoler ! ».
Les bras vous en tombent et la commissure des lèvres
s’affaisse un peu plus.
La mobilisation revêtue de gilets jaunes aux accents
complotistes siphonne des réservoirs malodorants. Le vécu réellement difficile
des automobilistes, entre temps perdu dans les embouteillages et coût des
transports, s’hystérise grâce aux communications dématérialisées.
Ils vont créer des bouchons.
Des politiques qui sont allés aux écoles courent après toutes
les colères. Ils ne pourraient être que pathétiques si toute cohérence n’était
abolie quand certains prétendaient consentir à l’impôt et souhaiter une planète
moins étouffante. Ségolène, puisque l’écologie ne doit pas être punitive :
ne nous inflige pas ta candidature !
Les inlassables donneurs de leçons devraient s’interroger
sur ce qui les amène à être en gênante compagnie, plutôt que de jouer les
gazelles effarouchées.
Mais comme le gréviste qui ronchonne contre les grévistes
d’une autre corporation, j’en arrive en regrettant la perte de l’humour chez
mes pairs à perdre le mien, d’humour.
« S'il est vrai
que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire,
sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de
vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois
désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les
angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout, et l'on doit rire de tout
: de la guerre, de la misère et de la mort. »
Pierre Desproges
Pierre Desproges
.....
L'image ci dessous également prise dans l'hebdomadaire "Le Point" était légendée:
" Regarde, c'est lui là-bas, en noir et blanc."
Bon, je crois qu'il faut avoir un peu d'esprit pour pouvoir rire, et il nous est défendu d'avoir de l'esprit...c'est politiquement incorrecte d'en avoir, même.
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