jeudi 22 novembre 2018

André Derain. Claire Grebille.

La conférencière devant les amis du musée de Grenoble nous parle d’un temps où Paris était la capitale des arts quand les avant-gardes se bousculaient à la suite des impressionnistes : « La belle époque ». Les fauves en premier, et parmi eux  le « fauve incandescent » à la peinture « iridescente » (qui a des reflets irisés).
Né à Chatou en 1880 à proximité des paysages peints par Renoir ou Monet, l’ancien cancre aidé par sa famille de commerçants, après des études à l’Académie Camillo, deviendra vite une référence.
Avec l’ « Autoportrait dans l’atelier » le peintre affronte le tableau : la touche est épaisse, les volumes simplifiés, les couleurs assourdies, les plans géométriquement décomposés.
Un gant blanc ressort dans son « Bal à Suresnes » et insiste sur la maladresse du troufion de façon ironique.
Avant la guerre, autos, vélos, photos se multiplient, les rayons X permettent de voir au-delà des apparences. Les peintres que les photographes ont imités dans un premier temps sont libérés de la représentation « illusionniste », ils utilisent les nouvelles technologies.
Le grand gaillard rencontre Vlaminck dans un train de banlieue. Le musicien coureur cycliste d’origine flamande a «dessalé l'ami Derain, l'initiant à la couleur sortie du tube comme aux plaisirs populaires...». « Portrait de Vlaminck ». Ils feront atelier commun.
Le « Portrait de Matisse » avec lequel il va travailler à Collioure, est d’une grande liberté.
Celui-ci brosse un « Portrait de Derain » exotique, aux touches vibrantes.
Les impressionnistes ont exposé pour la dernière fois en 1886, les divisionnistes ont pris la suite dans la célébration de la nature. Ils théorisent en juxtaposant les couleurs que les lignes suivent, systématisent une technique qui peut apparaître comme fastidieuse. 
« Le Cap Layet » d’Henri-Edmond Cross, est au musée de Grenoble.
A leur tour, les couleurs complémentaires dans  « Le Pecq, hiver »  se mettent en valeur avec courbes et ombres bleues. Le paysage expressionniste est réinterprété et le sentiment prend le pas sur la sensation. «L'artiste s'observant en train de sentir ne sent plus rien...»
Si Le Caravage peignait autour du noir, les « Toits de Collioure » vigoureusement simplifiés sont peints autour d’un blanc en réserve qui synthétise toutes les couleurs.
«  Le port de Collioure »  revient au divisionnisme
alors que « Le phare » est exécuté en grands aplats.
« Cette couleur m'a foutu dedans. Je me suis laissé aller à la couleur pour la couleur. »
 Au salon de 1905, tous les fauves sont lâchés.
«J'avais fait chaud, très, très chaud. Le fauvisme a été pour nous l'épreuve du feu. Les couleurs devenaient des cartouches de dynamite. Elles devaient décharger de la lumière...»
Ils font scandale, c’est bon pour les affaires. Vollard, son marchand, l'envoie à Londres où Monet avait brillé dans les brumes, lui trouve qu’il y a trop de soleil.
« Effet de soleil sur la Tamise »  fait disparaître tout élément architectural, 
contrairement au « Pont de Westminster » avec cernes proches de Gauguin et cadrage japonisant.
« Je ne vois d'avenir que dans la composition ... Je crois que le problème est de grouper les formes dans la lumière et de les harmoniser concurremment à la matière dont on dispose »
Il cherche, mais ne va pas au bout de ses intuitions.
A « l'Estaque », comment ne pas être sous l’influence de Cézanne.
Et ses « Baigneuses » renonçant aux couleurs ont des volumes qui annoncent les demoiselles d’Avignon d’un autre contemporain célèbre. Dont il dira pourtant :
«On retrouvera bientôt, Picasso pendu derrière son tableau
 «  La danse »  est une quête de l’enfance de l’art, un rêve primitif,
« Le grand tort de tous les peintres, c'est d'avoir voulu rendre l'effet du moment de la nature et de ne pas avoir pensé qu'un simple assemblage lumineux met l'esprit dans un même état qu'un paysage vu »
Il change de manières, de marchands : après Kahnweiler, Paul Guillaume, il renie ses anciennes pratiques : « le fauvisme: «une histoire de teinturiers», le cubisme, «une chose vraiment idiote »… « Portrait de Lucie Kahnweiler »
Il réalise des décors pour le théâtre, sculpte, revient au classicisme, on a parlé de « byzantinisme » pour «  Samedi ».
Le Centre Pompidou vient de présenter les productions de l’artiste pendant « la décennie radicale », entre 1904 et 1914, ainsi la conférencière n’a guère développé la période après la seconde guerre où il a été accusé de collaboration.
Son « Age d’or»  prévu pour une tapisserie a des tonalités proches de paysages
qu’il a lui-même titrés « Sinistres »
Il meurt en 1954.

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