Ces 100 pages sentent
l’exercice, la commande, et en dehors du titre qui dit bien la diversité des
expériences du jeune apprenti cuisinier, je n’ai pas su voir beaucoup de personnalité dans l’écriture.
La littérature semble posée
sur un documentaire. La narratrice suit un jeune étudiant qui multiplie les
lieux d’apprentissage : « brasserie
parisienne, restaurant étoilé, auberge gourmande, bistrot gastronomique,
taverne mondialisée, cantine branchée… », manque le fast-food.
L’empathie avec ses
personnages aux caractères contradictoires, complexes m’avait enthousiasmé dans
son roman précédent. Cette fois nous ne savons pas grand-chose de Mauro, le
héros.
Il sacrifie sa vie
personnelle à un métier qui l’accapare sans que la passion soit perceptible
sous les phrases aux adjectifs bien disposés pour une vision panoramique de la
profession. La sueur des hommes semble aussi lointaine que la saveur des préparations.
Le menu aux intitulés
savoureux en main, je suis pourtant resté sur ma faim :
« Dans ce livre, c’est vrai, le travail du
cuisinier m’a fait penser au travail de l’écrivain. Longtemps, le cuisinier a
été considéré comme d’autant plus génial, ou un artiste d’autant plus
extraordinaire, qu’il arrivait à métamorphoser un produit. Aujourd’hui,
par exemple, la vogue du fooding valorise au contraire le produit brut,
restitué. Là est le talent du chef. Or, en tant qu’écrivain, où sommes-nous au
plus près de la vérité ? Dans la métamorphose ou dans la restitution ? »
Je serai tenté
d’écrire : « vivement le
prochain livre ! » tout en sachant qu’il faut du temps. Les
sollicitations que lui valent son talent gâchent un peu le fond de sauce comme
ses brillants éditorialistes qui se multiplient et s’affadissent, comme tous
ces chefs qui se chauffent plus sous les spots que devant leurs fourneaux.
C'est une triste... réalité que la vie et la vitalité s'enfuient quand on passe du faire à se regarder en train de faire, avec le courant alternateur qui ne ménage pas un va et vient entre les deux.
RépondreSupprimerEncore une fois, on se trouve devant les impasses de la conscience, et plus particulièrement la conscience française, puisqu'il n'y a pas (encore...) d'égalité de consciences sur la Terre.
Peut-être aussi que la Passion n'a plus droit de cité ?
Je n'ai pu que supposer, à la lecture de ce titre, que Maÿlis de Kerangal s'était inspirée d'une de ses connaissances (ayant l'âge de ses propres enfants?).
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola