Dans nos régions, les insectes sont devenus si rares qu’ils
ignorent désormais nos allées-venues automobiles, dans le village du jeune
québecquois découvert aujourd’hui, Saint-Élie-de-Caxton, ce sont « Les lutins et les fées qui s’écrasent
dans les pare-brise le soir » alors ce lieu de
légendes a bien mérité d’accueillir pas moins que le début et la fin du monde.
Ce conteur qui tient son talent de sa grand-mère, mêle le
fantastique au quotidien avec inventivité et vivacité, sans barboter dans une
pacotille surannée, mais revivifiant ce que Vigneault appelait les
« placotages ».
Cette province est bien belle, d’où nous viennent tant de
chanteurs et de conteurs élémentaires, légers et profonds qui polissent et
repolissent nos mots, les déplissent. Alors surtout ne pas dire qu’il s’agit
d’un « one man show » ou d’un « stand up ».
Puisque nous sommes
les invités d’un pays où
« chaque cheveu
fait de l'ombre sur terre »
l’attention aux autres est au plus haut comme celle qui est
apportée aux voix qui disent si bien la douce fantaisie, le tragique, le
loufoque, la solidarité dans une communauté aux individus hauts en couleurs, en
douleurs, sans s’appesantir.
Ce feu d’artifice loquace, agrémenté de chansons à la
guitare et à l’harmonica amarré à son porte-harmonica, se conclut
magnifiquement par une boite contenant le silence, héritée bien entendu de
cette grand-mère préhistorique « quand j’ouvre
ma boîte, tu fermes la tienne »
Les mots bafouillés, retravaillés, triturés, offerts en
cascades se régénèrent et permettent tous les décollages poétiques, drôles et
poignants.
Un des personnages, le barbier coiffeur, « habile à trier les cheveux blancs et les
idées noires » a beau avoir inventé « la coupe du client qui ne
reviendra plus jamais », le
public fervent reviendra lui à tous coups.
Un récit très réussi, Guy. Merci. Je note le nom du conteur.
RépondreSupprimerOui, le Québec est un pays où les habitants (certains) polissent les mots, et pèsent leur poids.