mercredi 15 juin 2016

Journal d’une femme de chambre. Benoit Jacquot.

Quand on se plaint de la dureté des rapports humains contemporains, ce retour  plus de cent vingt ans en arrière permet de relativiser, car dans ce film peu de personnages échappent à la violence, à la noirceur.
Pourtant en deçà du livre d’Octave Mirbeau, d’une modernité d’écriture qui a justement inspiré plusieurs cinéastes.
« Un domestique, ce n'est pas un être normal, un être social...C'est quelqu'un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s'ajuster l'un dans l'autre, se juxtaposer l'un à l'autre...C'est quelque chose de pire : un monstrueux hybride humain...Il n'est plus du peuple d'où il sort; il n'est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend... »
Sans insistance, quelques traits de lumière enjolivent le quotidien, mais Dieu que ces temps étaient difficiles ! Meurtres d’enfants, femmes de chambre faites pour coucher, maîtresse de maison perverse, hommes libidineux, cruels, la maladie et la mort ne sont  jamais loin…
J’ai redouté au début le côté fermé de l’actrice principale mais elle évolue et face à l’adversité, on partage sa résistance. Elle est un être complexe et sur un scénario limpide, sa destinée réserve des incertitudes, des surprises.

1 commentaire:

  1. Tu sais, Guy, avec le temps, il me prend l'envie de mettre en question les versions officielles, quelles qu'elles soient, un peu comme Descartes, hein ? ;-)
    "On" me dit des fois que je suis une naïve, mais... n'est-il pas possible qu'il y a une forme de... contre-naïveté... qui noircit systématiquement tout rapport de... domesticité, ou de service tout court ? On pourrait se demander si le réalisme est si réaliste que ça ?....
    Ou est-ce un constant dans la société française, cette... brutalité ? dans les rapports entre ceux qui sont servis, et ceux qui servent ?
    Je sais que cette noirceur, qui pour moi signe une désillusion frôlant la caricature, ne me donne pas envie de lire Zola ou Balzac, et m'envoie chercher refuge dans mes chers auteurs anglais.
    A lire : sonnet 121 où William fustige ceux qui ont pour credo que tous les hommes sont mauvais, et règnent dans leur méchanceté...Edifiant.
    Et puis, petit antidote à Mirbeau : "Ninotchka" de Lubitsch où on voit ces rapports autrement. Ça donne un peu d'air par les temps qui courent.

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