Cité, téci / brousse, cambrousse : la différence a été
réactivée ces derniers temps lors de déplacements remarqués allant au-delà du
kilomètre pour certains.
La fracture entre gens de la ville et vils « pagus »,
ne se borne pas à Valencogne ni ne date de ce printemps, elle s’inscrit depuis
des temps immémoriaux dans l’exode rural.
Le vent aurait tourné : il semblerait que les
télétravailleurs dans leurs chaumières soient moins importunés par les indigènes
à tracteurs que du temps où les coqs se voyaient de préférence en tôle. Les
rentiers viendraient se mettre au vert pas loin des ronds-points occupés
l’hiver dernier par des soutiers en jaune. A ce moment là, à l’arrière des
berlines, ça sentait plus le Diesel que le patchouli et la destruction des
radars n’avait pas été soumise à référendum d’initiative citoyenne.
Si Charavines devient plus tendance qu’Acapulco, postiers et
épiciers se remplumeraient, mais cette impression de retour au bled n’est-elle
pas secondaire à l’échelle de la planète quand les épluchures de Lagos sont
préférables aux oppressions empoussiérées du village ?
Ce retour vers sa piscine derrière sa haie ne remet pas en
cause, ma reprise de la doctrine bureaucratique « construire la ville sur
la ville » ; c’est qu’il y a du « trèfle » (du monde) qui
se presse aux octrois des agglos http://blog-de-guy.blogspot.com/2020/05/incertitudes.html.
Dans la série des paradoxes qui claquent : la
distanciation sociale a rapproché des familles, mais les individus craignent
les transports en commun; l’écologie se trouve en contradiction avec la santé puisque
la densité urbaine plus économe en énergie est favorable à la propagation du virus.
Pendant ces deux mois de coma artificiel,
nous avons rêvé, les structures sont restées debout, le chômage qui avait
diminué va exploser mais quelques travailleurs resteraient bien couchés.
Au siècle précédent, happy, baby, papy, boomers (OK) nous
venions de quitter le cul des vaches pour les néons des villes où clignotait le
mot « Liberté » et demandions que le Larzac reste aux moutons. Désormais
les ampoules se la jouent basse consommation et les sangliers déambulent sur la
Croisette.
La dénomination de notre génération d’après guerre avec rimes
funky en « y » ne convient pas forcément à tous ceux qui n’ont pas
pris automatiquement l’ascenseur social. Mais pour beaucoup d’écoliers de mon
village natal devenus instits en ces glorieuses années, notre promotion n’avait
pas à réclamer des salaires mirobolants, le prestige suffisait. La vocation
disait-on était aussi celle des infirmières prenant le relais des bonnes sœurs.
Les temps ont changé, et alors qu’est réaffirmé : « la santé n’a pas
de prix », une augmentation des salaires arrive.
« The Times They Are a-Changin' »(Dylan), quoique :
à deux jours d’intervalle, deux éléphants blancs donnaient des nouvelles:
- Alexandre Adler en 2005, avait préfacé « Le nouveau rapport de la CIA – Comment
sera le monde demain », et prévoyait la crise du Covid-19 avec une
précision saisissante,
- alors que sur le blog du Club des juristes, j’ai vu
réapparaître Dominique Strauss-Kahn. Ses analyses sont des bouffées d’air frais
au dessus des miasmes des réseaux sociaux qui tant nous minent. Ainsi je
retiens que la souveraineté ne pourra être réalité que si elle s’exerce dans le
cadre européen, et DSK met des mots sur une intuition personnelle où se sont
inscrites des images de gamins qui n’avaient qu’un sac plastique à vendre aux
abords du marché de Bamako : la relocalisation se fera au détriment des
pays émergents. Préparez les canots de sauvetage.
Nous avons appris le mot zoonose, « Maladie infectieuse
des animaux vertébrés transmissible à l'être humain (ex. la rage) » :
sans frontières. Et nous sommes impatients d’ajouter une ligne à notre carnet
de vaccinations qui fut un document indispensable lors de nos voyages lointains
tout en n’étant pas mécontent de clouer le bec à tous ceux qui méprisaient ce
type de prévention. Les obscurantistes et autres complotistes peuvent par
contre se prévaloir de déclarations d’un médecin ne voulant pas jouer au flic
en communiquant les noms des contacts d’un contaminé par le virus : il met
la santé d’autrui en danger. Si le ministère n’avait pas sorti son pavé de 54
pages de recommandations pour le déconfinement
des écoles combien de timorés de chez poltron et autres casse- couilles
auraient saisi la justice dès potron minet ?