dimanche 15 juin 2025

Rambouillet # 2

Nous gagnons à pied la laiterie de la Reine.
Ce cadeau  que fit Louis XVI à sa femme ne séduisit pas Marie Antoinette malgré son goût pour une vie champêtre rêvée qu’elle aima cultiver à Versailles dans son  hameau.
Elle n’apprécie guère le château de Rambouillet qu’elle surnomme  « la crapaudière ».
La laiterie ressemble à un petit temple antique destiné à la dégustation des produits laitiers.
L’intérieur se divise en 2 espaces : dans  le premier en forme de rotonde, une coupole à caissons proche de celle du panthéon de Rome laisse filtrer la lumière  par un oculus.
Des médaillons sculptés apposés sur les murs  idéalisent des sujets liés aux travaux de la ferme comme la traite, le barattage… 
Le 2ème espace sert d’écrin à un amas de rochers monumentaux  en forme de grotte qui englobe une statue féminine représentant Amalthée et la chèvre de Jupiter.
Dans une dépendance sur la gauche de la laiterie,
une petite exposition fournit quelques explications et montre des exemplaires de vaisselle de Sèvres conçue spécialement pour ce bâtiment. Le raffinement  et l’art de vivre se nichent  partout.
Le gardien nous enjoint à ne pas trop tarder pour aller à la chaumière aux coquillages, et d’arriver avant que son collègue ne prenne sa pause méridienne impliquant la fermeture de la petite maison.
Nous la trouvons un peu plus loin dans le parc. Elle adopte un style rustique avec un toit de chaume et semble sortir tout droit du passé. 
Son appellation provient de sa décoration intérieure incroyable, inédite, époustouflante !
Des coquilles d’une grande diversité, moules, praires, huitres, de tailles et de couleurs différentes  franches ou délicates, recouvrent tous les murs.
Elles dessinent des décors avec symétrie, des colonnes, des médaillons, comblent les fonds, tracent des motifs de broderies, épousent les surfaces même en arrondi de la pièce.
Des vasques utilisant des coquillages plus importants s’insèrent dans des niches prévues à cet effet.
Des canapés et des chaises placés le long des murs s’adaptent à la forme circulaire de la pièce.

Comment ne pas penser à la chambre d’ambre de Tsarkoïe Selo, 
version française, avec des  moyens beaucoup plus modestes mais valorisés avec beaucoup d’art et de savoir- faire ? Unique et réussi! 
Pour rentrer, nous suivons le canal. La grandeur du parc et ses aménagements nous impressionnent. Il possède un canal, des plans d’eau, des ilots abordés autrefois en barque.
De l’allée de Diane, marquée par la présence de sa statue, s’offre une longue  perspective dégagée vers l’arrière du château. Ici, dans cette partie, plus reculée, circulent des  promeneurs mais aussi des vélos, des joggers et des voitures électriques. Les jardins soignés à la française ou à l’anglaise, cèdent la place à une végétation organisée de façon  plus naturelle, voire plus sauvage. Nous ne nous enfonçons pas suffisamment pour rencontrer la forêt riche en gibier donc  propice à la chasse, faisant la réputation de Rambouillet et son château.
Maintenant, il est temps de nous poser et de nous restaurer. Nous  trouvons tout près « La maison blanche » qui nous sert un poke bowl au bœuf ou un tartare de thon et avocat suivis d’un café gourmand. 
 
Nous disposons de toute l’après-midi pour nous promener dans le parc forestier et animalier
dit Espace Rambouillet
Nous devons pour cela reprendre la voiture.
Bien qu’aidés par le GPS nous galérons un peu au milieu des bois dépendants de la commune de Sonchamp embarqués sur des routes étroites qui les traversent mais nous finissons par déboucher sur le parking anarchique placé sous les arbres.
L’espace Rambouillet (entrée payante)  propose des animations pour les enfants près de l’entrée, et plusieurs circuits repérables à leur couleur pour les familles ou les adultes : 
Le plus court parcourt la forêt des cerfs et la forêt du monde invisible dans un cadre en semi-liberté, les bêtes étant gardées derrière des enclos. 
Le 2ème passe par la forêt des aigles qui se produisent à des heures fixes de la journée. 
Nous choisissons le 3ème, et nous poussons le portillon vers la forêt sauvage.

Elle mérite sa réputation, beaucoup de chênes et de bouleaux la composent, avec à leur pied, un sol sans broussaille inextricable au profit d’une terre humide recouverte de feuilles mortes.
Dans les trouées de lumières ou les clairières les fougères se plaisent et s’épanouissent éclatantes de santé. Le chemin nous conduit à la mare saint Rémy. C’est un superbe endroit plein de magie due essentiellement à une île où prospèrent des cyprès chauves originaires d’Amérique dont les résurgences racinaires en surface créent des picots et des broderies, là où l’eau se recouvre d’une pellicule verte mouvante.
Durant la promenade de plus de 2 h, nous distinguerons de loin des cerfs en hordes ou isolés et couchés à l’ombre sous les fougères. Mais il fait encore  trop chaud pour espérer croiser les autres habitants de la forêt.
Cependant, la promenade balisée sur des chemins d’où il ne faut pas s’écarter ne manque pas de charme, les groupes se diluent dans l’espace sans ressentir les désagréments engendrés par trop de monde, ils se parlent cordialement et s’échangent les bons plans pour débusquer les cerfs. Quant au petit train forestier, il circule en harmonie et discrètement sans déranger la quiétude du lieu.
Nous avons fait notre plein de nature aujourd’hui.

De retour à Sermaise, avant de passer une soirée tranquille dans notre colombier, nous partons à pied regarder à quoi ressemble le centre du village à deux pas du manoir : très petit, il concentre un stade, des maisons, dont la mairie, en pierres blanches liées entre elles par un enduit clair et une église équipée de porches en bois protégeant  les portes d’entrée sur deux de ses façades.

samedi 14 juin 2025

Dernières nouvelles de Rome et de l’existence. Jean Le Gall.

L’éditeur écrivain a accordé la forme de son roman désabusé à son propos :
« A vouloir démontrer l’inexistence de Dieu, l’homme n’a pas vu la sienne. » 
Un ami pense lancer la carrière du narrateur à partir d’un livre qu’il n’a pas écrit.
Dans les années 70, le dénommé Palumbo démissionne le jour où il est élu à la tête d’un parti politique sensé renouveler le paysage intellectuel transalpin. 
« Ce communisme new age avait vécu. Deux heures et quart pour être précis. » 
Il s’établit comme vendeur de canapé pour mieux observer « l’homme moyen ».
Cette démarche déjà testée en Chine où les intellectuels étaient invités aux champs pouvait renouveler la réflexion sur la fracture sociale de par chez nous.
Mais rien de probant n’apparaît dans ce récit de 187 pages avec quelques formules désabusées :  
« Souvent, il usait de son charme comme d’une allumette humide qui, frottée dix fois, ne prend toujours pas. »
Il  a perdu ses illusions, il s’écrit à lui-même: 
« La moitié de l’humanité est prête à remplacer l’amour par des parcs d’attractions, la beauté par la chirurgie, les pâtes par les nouilles, les écrivains par les journalistes. » 
La littérature pourrait être un recours : 
« Stendhal, c’est inégal en fait de style, de caractères et d’intérêt, mais c’est un observateur à l’œil millimétrique, c’est un désenchanteur de première bourre, un railleur exceptionnel, un maître du scepticisme. » 
Mais même Rome, issue de tous les chemins, se voit maltraitée : 
« Rome n’est pas seulement ignoble et excrémentielle, elle est aussi inauthentique.
Sa « décadence » et sa « chute » sont des crâneries d’historiens, des tics d’écriture, des vanités d’éditorialistes impatients de placer leurs conclusions sur l’Occident. » 
Cette errance désincarnée, dépressive, ne nous donne aucune nouvelle de la ville éternelle, mais réussit son pari d’une approche de l’inexistence. 
« Se trouvent dans les romans non advenus, l’éloquence et l’émotion qui manquent si sadiquement à la littérature une fois qu’elle est imprimée. Le roman, en tant que roman se dérobe toujours. Et l’on devine quel avantage il y aurait dans le privilège d’être un romancier qui n’a rien écrit ! »  
A lire de nuit, dans une salle vide, peinte en blanc d’une FRAC, qu’il ne sera pas utile d’éclairer pour exciter malgré tout notre pensée.

vendredi 13 juin 2025

Futu&r. N°46.

Usbek & Rica a pris le nom de Futu&r avec le même objectif depuis 2010 : tourner  vers l’avenir un regard persan comme les personnages de Montesquieu auteur de lettres « naïves et sans préjugés ».
Orphelin de Jean François Khan et de Jacques Julliard, je m’applique à chercher des voix nouvelles et le titre de ce trimestriel ne pouvait que m’accrocher.
« L’écriture va disparaître, et alors ? »
« Et si, après cinq siècles de domination de l’écrit, notre civilisation redevenait orale ? »
Plus guère de courrier dans les boites à lettres, 
le livre audio est plébiscité par 62% des enfants de 7-9 ans, 
7 milliards de notes vocales par jour circulent sur les réseaux permettant aux langues sans clavier de s’exprimer, à ceux qui ont des difficultés de lecture de communiquer.
L’oral devient un atout dans les entreprises.
Le traitement du sujet est alerte avec un journaliste qui a passé une semaine sans écrire, approfondi sous le regard d’une philologue italienne, 
décapant avec un essayiste américain qui reconnaît :  
«  On sous estime à quel point les gens détestent écrire »
Une librairie au Japon propose un seul livre (en plusieurs exemplaires) par semaine. 
Bien sûr il est question de ChatGPT dont on se demande s’il ne va pas tuer l’alphabet …et les alphabètes. 
Il est intéressant d’envisager une école sans écrit, 
de nouveaux métiers à l’âge de l’oralité,
et les glissements dans les pratiques des entreprises, en politique. 
Les historiens emprunteront-ils aux techniques des griots ?
Cinq œuvres de sciences fiction qui ont prévu la disparition des livres ont toute leur place parmi ces 150 pages denses qui offrent en outre une uchronie originale :  
«  Et si Louis XVI n’avait pas été guillotiné ? » 
Le dialogue entre un expert du Giec et une activiste intersectionnelle autour de la question  
«  Faut-il arrêter de militer pour le climat ? » est tout à fait pertinent…
Tout cela suffit à me nourrir même si je laissé au bord de l’assiette  
« La ville cybernétique de SimCity » 
ou « J’ai discuté avec mon futur moi » avec un jeu de l’oie autour de la planète Mars... Dépassé par les enjeux exposés par un expert du stockage sur ADN,  
difficile de suivre « l’anti nataliste qui nous veut du bien »
Plus familier des personnalités de « Vieux » ou « Schnock », je n’ai pas été attentif aux propositions de Simona Levi, 
ni à celles de Mélody Mourey d'illustres inconnues pour moi, 
par contre la découverte de la face cachée de Brian May, rock star et astrophysicien a piqué ma curiosité.

jeudi 12 juin 2025

Malaterre. Pierre Henry Gomont.

Les dessins nerveux, le récit dynamique rendent palpitant le destin d’un homme insupportable.
Des conflits familiaux destructeurs sont exportés au cœur de la forêt tropicale où les charmes de l’Afrique, la liberté adolescente née de la dérobade adulte vont construire des vies romanesques. 
« Ils avaient vécu dans la cage dorée des jeunes expatriés, 
avaient goûté le mirage d'une liberté totale. » 
L’histoire de ce père menteur, manipulateur, fumeur, buveur, coureur, irresponsable, malhonnête, égoïste, irascible … est bien plus passionnante que celle des gentils.
En 200 pages, cette bande dessinée évoque avec force des ambiances exotiques et familières, des caractères affirmés et complexes.   
« J’ai prié pour que tu dérapes, pour que tu heurtes un de tes précieux arbres, lancé à pleine vitesse et les yeux pleins d’alcool. Mais ne te trompe pas, mon petit Papa. Nous ne sommes pas soulagés. Je ne savais pas à l’époque que j’avais beau te haïr, je t’aimais quand même. »

mercredi 11 juin 2025

Rambouillet # 1

Les cloches de l’église s’énervent furieusement à 7 h du matin, suivies par le bêlement des moutons marron/noirs et de la chèvre du manoir. 
Après la toilette, le séchage des cheveux réclame quelques manipulations acrobatiques quand il faut réunir prise électrique et miroir dans le salon, en position à genou.
Nous envisageons de passer la journée à RAMBOUILLET et pour s’y rendre nous choisissons  des petites routes à travers bois. Des panneaux appellent à la prudence en avertissant « attention traversée de grands animaux ». Nous n’en verrons pas, à part quelques cyclistes isolés. Nous garons la voiture le long du mur du château à un emplacement à parcmètre, mais gratuit les jours fériés.
Avant l’ouverture, nous nous offrons un petit café à un prix parisien (4€ 20 2 cafés) face à l’entrée Félix Faure puis franchissons la grille qui ouvre sur le parc d’où nous n’apercevons pas encore la célèbre résidence.

Les jardins offrent de la diversité favorisée par l’étendue du domaine. De belles allées de tilleuls  bordent la promenade reposante. Au soleil, des lignées de canards barbotent dans un plan d’eau encadré par l’allée de la prison et l’allée des ormes, puis dans le prolongement, des massifs de fleurs entourent des rectangles de pelouse à faire pâlir les anglais dans un assemblage symétrique et ordonné typique des jardins à la française.
Le château se visite librement, sauf  pour accéder aux appartements utilisés par les présidents de la république où nous devons  nous inscrire obligatoirement avec un guide.

En  premier, nous nous engageons au rez-de-chaussée  dans les appartements de Napoléon sans accompagnateur donc.
Aménagé dans l’aile ouest, côté cour, ils se composent de trois pièces disposées en enfilade : une antichambre, une chambre, une salle de bains.  Une magnifique tenture de soie bleue ciel cernée par un galon assorti tapisse les cloisons.
Les meubles transportés en vitesse à chaque venue de l’empereur proviennent  de ses autres résidences. Sa marque « N » apparait partout de façon ostentatoire. Elle décore son lit atteignable par quelques marches.
Sa salle de bain avec baignoire centrale plaquée au mur rajoute au N  l’abeille et l’aigle intégrés dans des fresques foisonnantes avec médaillons  inspirées des maisons de Pompeï. Des fauteuils et des divans  incongrus dans un endroit plutôt intime complètent le mobilier. Nous traversons d’autres pièces lambrissées de plaques en bois travaillé voulues par le comte de Toulouse.
L’heure du rendez-vous approche pour la visite accompagnée et non  guidée comme on nous l’a spécifié. 
Nous rejoignons le petit groupe intéressé par les appartements où résidèrent des présidents de la République. 
Un panneau « 1950, dans l’intimité d’un président » nous accueille à l’entrée.
Lieu de villégiature pour les dirigeants de la république depuis Vincent Auriol, le château reçut  des hôtes de marque de la France. Le président Sarkozy lui préféra Versailles  Quant au président  E. Macron, il le céda pour en faire un musée.
Tout a été maintenu dans son jus des années 50. La qualité  des matériaux  comme les meubles en parchemin de la chambre d’amis ou le choix des essences de bois pour la chambre de Jacqueline Auriol (aviatrice)  soulignent un mobilier aux formes assez épurés, luxueux mais pas ostentatoire, disposé dans de vastes volumes. Les salles de bain munies entre autre de chauffe-serviettes possèdent tout le confort moderne et innovant de l’époque.
Les chefs d’état étrangers logeaient dans un studio  conçu par Jean Pascaud. L’appartement comprend 3 pièces : le petit salon rappelant les maisons à colombages joue avec la pierre et le bois, il affiche un caractère historique, patrimonial. La chambre de Madame se veut confortable, cosy, dans un style plus contemporain (1950).
Comme l’exige le protocole, Monsieur dispose de sa propre chambre, la chambre François 1er située dans la tour du même nom et accessible par un escalier. Sous une voûte nervurée, avec un sol dallé noir et blanc, son ameublement  de style moyenâgeux/Renaissance ne laissaient pas insensibles les hôtes Américains. 

Hors de ce studio, nous traversons un long corridor étroit éclairé par des appliques murales, desservant les chambres d’invités ; il m’évoque les coursives de paquebot de luxe, ou encore les couloirs de riches hôtels entrevus dans des films d’Hollywood. Nous n’irons pas  à l’étage supérieur réservé à loger tout le personnel indispensable au bien- être et au service des prestigieux résidents. Durant la visite, nos accompagnateurs ne nous  ont pas quitté  d’une semelle et nous ont  menés de pièce en pièce, sans pour autant nous bousculer lorsque l’un d’entre nous trainait  pour une photo.  Ils nous dirigent gentiment vers la sortie de cette partie du château sous protection particulière.
Sans eux, Il nous reste à admirer en toute liberté la salle de réception du XIXème siècle,  occupée par une vaste  table dressée et chapeautée par un lustre monumental en verroterie, ainsi que la salle des Marbres datant du XVI°. Dans cette dernière pièce, les plaques du  précieux matériau recouvrent  les murs, disposées en formes géométriques et en  médaillons dans les tons veinés de bleues/ gris. Les meubles  chaises fauteuils, petites tables, 2 glacières (à bouteilles) supportant un personnage suggèrent des moments de  détente, de conversation, et de carpe diem.
Un peu poussés par le temps et devant l’ampleur du domaine à parcourir, nous sortons du château côté façade, face aux écuries monumentales destinées à loger jusqu’à  200 à 300 chevaux pendant les périodes de chasse.

mardi 10 juin 2025

Comédie française. Mathieu Sapin.

Le sous-titre « Voyages dans l’antichambre du Pouvoir » en couverture d’un album de 165 pages qui montre le dessinateur à la bourre perdant ses feuilles en courant vers l’avion présidentiel, laissait prévoir d’habituelles chroniques de l’ « embedded » sympathique de la République.
Les derniers jours du mandat de François Hollande, et le début de celui d’Emmanuel Macron sont traités d’une façon originale, sans mauvais esprit, sans être dupe des jeux de séduction, des stratégies de communication, rendant compte du travail des responsables, de leur énergie. 
L’actualité depuis les cortèges officiels est rarement racontée d’une façon aussi empathique, dénuée de servilité, honnête, sous des lignes claires qui n’ont jamais porté si bien leur nom.
L'insertion dans ce récit des années 2017 / 2019 de la vie de l’écrivain Jean Racine (1639-1699), pour lequel se passionne le dessinateur venu de la littérature jeunesse, ajoute une pointe d'originalité.
Il raconte par ailleurs le tournage d’un film auquel il participe en tant que scénariste-réalisateur : « Le poulain », suivez le regard… 
Le parallèle inattendu entre la position de l’auteur d’Andromaque devenu historiographe de Louis XIV et le timide auteur de BD s'avère fécond tout en restant souriant : les courtisans recevant la nouvelle de l’arrestation de Nicolas Fouquet sur leurs Smartphones est plaisant. 
Sans en faire trop avec les anachronismes, se pose la question éternelle de l’objectivité, de la sincérité, de la vérité, avec légèreté.

lundi 9 juin 2025

La venue de l’avenir. Cédric Klapisch.

Les premières images silencieuses sont belles avec les Nymphéas de Monet en fond d’écran,
mais ça se gâte vite lorsque est évoqué le début d’un XX° siècle de carton pâte.
Alors il faut un certain temps, pour accepter l’artifice qui fait se croiser le destin d’une paysanne montée à Paris et ses héritiers lointains qui vont trouver un Monet inédit dans un cottage laissé à l’abri des squatteurs pendant des décennies. Bienheureuse Normandie.
Il y aurait trop de facilité à relever les invraisemblances et les clichés à la pelle qui abondent dans cette séance de deux heures. 
Les quatre sympathiques cousins bien typés, un prof, une exécutive woman, un apiculteur, un jeune photographe, empêtrés dans la modernité, vont finir par rencontrer les célébrités de la Belle époque. 
Un Victor Hugo dragueur pourra déclencher un rire, et l’experte des beaux arts cognant sur le critique moqueur inventeur du mot « impressionnisme » est plus réjouissante que le photographe prévoyant la fin de la peinture lors de discussions laborieuses à prétention pédagogique comme nombre d’autres répliques.
Dans un casting d’héritiers, la prestation de Suzanne Lindon n’aide pas à l’indulgence.
Concernant la présence du mot « avenir » dans d’autres titres de films, celui de Moretti était infiniment plus fin pour évoquer ce que le passé peut réparer du présent et construire pour le futur.