lundi 2 septembre 2024

Vice Versa 2. Kelsey Mann.

La charmante petite fille de l’inventive création Pixar est bouleversée par la puberté.
 
Le thème est traité avec humour mais sans le surplomb habituel de ceux qui ont passé l’épreuve : simplicité et délicatesse sont toujours au rendez-vous.
J’ai partagé ce bon moment avec mon critique de 11 ans qui a du penser à son ainée de treize ans, l’âge de Riley, virtuose du hockey, riche d’émotions nouvelles autour de « L’estime de soi ».  
« Anxiété »  accompagnée d’ « Envie », supplante « Peur » alors que « Nostalgie » n’a pas encore voix au chapitre bien que la concurrence des souvenirs entre dans la construction d’une personnalité attachante. 
« J’ai bien aimé ce film car il y a plein de rebondissements comme la fois  où ils se sont fait expulser de la tour de contrôle par une explosion de dynamite.
Je trouve que l’utilisation  de Bloofy, personnage de dessin animé dans un film animé est très drôle. La très mignonne « Honte » est utile pour « Joie » et son équipe, mais j’aurais préféré appeler « Flemme » à la place d’« Ennui ». NIno

dimanche 1 septembre 2024

Au bonheur des mômes 2024.

Les vacances se finissent en grande beauté au "Grand Bo" pour notre dixième festival,
où nous avons vu:
« La fin du monde c’est (pas) pour demain »
 
offre l’occasion d’une discussion sur l’avenir de la planète entre mon petit fils confiant en la science et sa grande sœur plus inquiète de l’épuisement des ressources. Le récit autour d’un magicien captivant appelle ces commentaires pour mieux comprendre la profondeur du propos. 
La compagnie de « La fabrique des petites utopies » replace les problèmes d’aujourd’hui à l’échelle de 24h dès lors que l’apparition de l’homme se produirait une minute avant minuit. 
« Le souffle d’un rêve. » La lune dans les pieds.
Le titre convient parfaitement au spectacle joué au bout d’une montée en téléphérique où nous étions accompagnés par des adeptes du vol libre. 
Natif d’une époque sonorisée par les guitares électriques, je me demandais si les enfants de l’électro pouvaient s’intéresser à l’accordéon. L’histoire personnelle de l’acteur concerne à la fois les contemporains de Verchuren et les familiers d’Oreslan. Sa persévérance pour obtenir l’instrument de ses rêves ne fait que prolonger le désir de son père porté par une même passion réalisée par la génération suivante. 
« Classe verte. » Robert et moi. 
Les chansons excusent les séquences à l’humour insistant autour d’un instit balourd aux compétences écologiques limitées, aggravées par une grosse fainéantise.
« Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
« Les misérables. » Les batteurs de pavé. 
Il faut bien que les deux bateleurs suisses choisissent quelques comparses dans la foule enthousiaste pour évoquer les nombreux personnages de l’œuvre de Victor Hugo.
L’ampleur du monument patrimonial ayant déjà impressionné quelques générations, celle qui est haranguée par les influenceuses mérite au moins quelques rappels de moments héroïques. 
L’humour appelant un regard critique peut aussi convier à connaitre de sublimes personnages à la générosité et au courage grandioses.
Ces citoyens de notre riche voisin remercient les politiques qui ont permis la gratuité de leur spectacle quand tant d’autres ne mentionnent jamais ceux qui financent leur liberté.
« Quatre fois rien. » Joe Sature et ses joyeux osselets.
 
La bande son met en valeur le rythme de la joyeuse troupe d’excentriques acteurs chevronnés. Parmi d’autres séquences vivement menées, la classique concurrence entre chefs d’orchestre nous donne l’occasion après coup d’écouter Vivaldi en revenant de la revue.
« La cuisine musicale. » Minute papillon.
Proposer de l’opéra sous un chapiteau surchauffé, malgré des bénévoles arrosant le public à la sulfateuse, relève d’une haute ambition. 
Mozart, Bizet, Puccini, Rossini sont au menu avec une chanteuse énergique accompagnée par une contrebasse née d’une poêle, d’une grille de four-harpe, d’une louche-flute. 
La salle reprend avec application les lalala universels  après plusieurs morceaux dans la langue de Verdi. 
« Quand les corbeaux auront des dents. » L’espèce de compagnie. 
Un corbeau part vers le nord pour retrouver les princes gris, les loups, anciens partenaires de chasse. Les jeux élémentaires avec les objets perdent de leur force évocatrice quand la présentation des méprisables « deux pattes » s’avère sans nuances. 
Comment de si méchants personnages pourraient assimiler les leçons délivrées par les deux actrices amies des gentilles bêtes ? 
« Hôtel Cosmos ». Le Volubile.
 
Les rires des plus petits perturbent l'ennui effleurant certains quand des valises insaisissables et des personnages se cognant partout ne mènent nulle part. 
La représentation dans cet hôtel déserté m’a semblé vide de sens. 
« Bête Beurk, la folle création du monde ». Monde à part.
 
Le dernier spectacle m’a paru bien meilleur avec un dynamique conteur rock, pourtant parfois inquiétant. La terre est plate comme un vinyle, très sèche sur sa face A, très humide face B.
Un bon roi vivait d’un côté, un monstre de l’autre. Cette dualité simpliste totalement assumée s’avère tellement drôle. 
Quoi de plus trash qu’un baiser sur les lèvres avec la langue pour les foules enfantines ? 
Leur indignation sur-jouée s’exprime dans les rires déclenchés également par l’évocation de pustules, ulcères et autres bubons plein de mayonnaise.
 

lundi 1 juillet 2024

Un petit truc en plus. Artus.

Je n’ajoute pas de commentaires à ceux de ma petite fille et de ses amies de treize ans pour ce film sympathique vu par près de huit millions de personnes : 
« J’ai aimé ce film qui m’a fait rire avec toutes les personnalités différentes des handicapés et m’a aussi émue avec la relation père/fils de Sylvain et Orpi car celui-ci ne montre aucune tendresse envers son fils qui essaye pourtant de l’attendrir ». Mia. 
Le père et le fils en question après un braquage échappent à la police en se glissant dans un groupe d’handicapés en partance pour un séjour dans le Vercors. 
« J’ai aimé ce film car il englobe un sujet sensible mais malgré cela, c’était drôle et  il donnait l’image d’un groupe soudé. Les éducateurs ont aussi un rôle très important ». Kali 
« Ce qui m’a marquée c’est que la personnalité des acteurs était aussi celle des personnages, ce sont aussi leurs vrais prénoms qui sont utilisés ». Mona.
...............
Je termine la saison sur ce papier et reprendrai en septembre avec les écoliers.
Merci aux lecteurs et à ma fidèle commentatrice.
 

dimanche 30 juin 2024

Pierrette Conte

 
Nous avons accompagné Pierrette Conte à sa dernière demeure, j'ai lu ce texte à l'église :
"Nous sommes si petits dans cette maison immense où les évangiles annoncent :  
« Au début était le verbe ».
Ces mots valent aussi pour les poèmes, terrain de connivence entre elle et moi, tous deux étourdis peu doués en calcul.
Pierrette.
Autour du cercueil, les mots, les images, la musique, sont convoqués pour regarder en face notre destinée commune et nous consoler lorsqu’on a entendu dire que la mort célèbre la vie.
La poésie estompe les contours et révèle des mystères, 
Anna de Noailles dit la beauté et la fragilité :
 « Le bonheur, la douceur, la joie,
Tiennent entre les bras mêlés,
Pourtant les cœurs sont isolés
Et las comme un rameau qui ploie. » 
J’ai beau savoir que les sourires dans les vieux albums sont sélectionnés,j’étais sûr de votre sincérité, belle maman, quand vous m’avez accueilli dans votre famille, et nous avons bien ri.
La prof de musique a su faire comprendre les exigences de la matière qui traverse le temps et permet d’aller vers la légèreté et au delà.
Pour la catholique sincère, la lumière dans les églises n’était pas seulement celle qui traverse les vitraux, mais une source d’espérance et de charité ou en d’autres termes d’optimisme et de générosité, comme en fut tissée une vie avec une jeunesse menacée par la tuberculose qui mena à Grenoble depuis Dax avant d’élever trois filles.
Quand vint la fatigue, Dominique et Michèle vous ont accompagnée, Geneviève n’était plus là depuis un an et vous ne l’avez pas su.
Le silence n’aura pas le mot de la fin quand il reste le souvenir d’un doux sourire, l’élégance, et encore les rimes d’Anna de Noailles. 
« … regarde fuir, sans regret ni tourment
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
À la nuit éternelle. »"

samedi 29 juin 2024

La vie de ma mère ! Magyd Cherfi.

J’ai retrouvé avec plaisir l’écrivain toulousain
exprimant avec ardeur la vie d’une famille où l’amour se cherche sous de virulentes répliques. 
« De la peine, je savais que j'en avais aussi pour moi, parce qu'arrive un âge où on rêve de trêve, de frères et sœurs, de vrais parents qui bien qu'âgés, nous traiteraient encore en enfants, nous époussetant un peu de poussière sur un revers de manche. » 
La truculence permet de dépasser la violence d’une existence: la mère s’émancipe sous les yeux écarquillés de ses enfants avec la complicité permise sur le tard des petits enfants. 
« Je commençais à admettre qu’on puisse être mère et vomir sa couvée, qu’on pouvait être frère et vomir la fratrie, qu’on pouvait être un bon père et ne pas vouloir de ses mômes tout le temps à la maison… » 
Mais à la longue l’humour s’émousse alors que l’évolution de la mère survient après tant de relations devenues caricaturales.
Le narrateur aime cuisiner et parfume son récit d’expressions telle celle du titre devenue familière, pour résumer parfaitement les 270 pages, point d’exclamation compris !  

vendredi 28 juin 2024

Zadig n° 21. La bagnole stop ou encore ?

Après le train qui ne posait aucun problème écologique,
le trimestriel développe un questionnement équilibré autour de l’automobile.
Un grand récit historique, illustré par une 2CV en bord de route lors d'un pique-nique et un départ des 24 heures du Mans du temps des rêves de vitesse, se boucle sur l’annonce des appellations des prochaines Renault électriques : R4 et R5. 
« La bagnole cristallise les clivages territoriaux et illustre jusqu’à la caricature le dilemme entre préservation du pouvoir d’achat et décarbonation des activités humaines. »
Si les rubriques révisant le vocabulaire automobile ou l’évocation de l’auto radio comme objet culte étaient prometteuses, la mise en forme est bien plate. 
Pourtant la revue soigne son style comme dans le récit vivant d’Arles à Paris en Blablacar 
et offre des angles originaux avec l’association CAR 80 (Conduire l’automobile d’un retraité de la Somme), 
les voitures « sans pe » (sans permis) qu’adoptent des adolescents à Marseille 
ou l’évocation de la R12 pour les voyages au bled. 
Des entretiens avec des automobilistes sur une aire d’autoroute,
avec des animateurs de sites POA (Petites Observations Automobiles) sur YouTube complètent un argumentaire documenté à propos de la voiture électrique 
et des réflexions autour du genre même si  la réflexion « femme au volant, mort au tournant » est morte.
Pastoureau « le spécialiste des pigments » n ‘apporte pas grand-chose lorsqu’il constate que la palette des couleurs de voitures est peu diversifiée, 
pas plus que Le Bras et ses cartes une fois qu’il a dit que  
«  Dans la diagonale du vide, les modèles de voitures plus écolos peinent à percer mais ils ont du succès dans l’Ouest de Paris ». 
Le dessin de Catherine Meurisse et la bande dessinée de Guillaume Long séduisent toujours. 
La conversation avec Dany Boon, acteur qui ne me passionne pas à priori, s'avère intéressante et sa trajectoire extraordinaire, depuis une enfance difficile qu’il est capable de regarder avec tendresse.
Au pays des algues vertes dont une bande dessinée a contribué à la mise en cause d’un système d’agriculture bretonne malfaisant
des agriculteurs résistent, cultivent du blé noir, du chanvre, élèvent des moutons des landes de Bretagne, des vaches armoricaines et préservent des semences : coco de belle Ile, sucrine du Berry, Potimaron Angélique, ils refont haies et talus…
Dans les vignobles bordelais, les conditions de vie de roumains ou de marocains soumis à des passeurs et à des patrons véreux sont scandaleuses, alors que les passeurs de savoir-faire anciens à Grasse sentent bon.
La nouvelle de Belinda Cannone m’a laissé indifférent, 
mais j’ai découvert un écrivain Franck Courtès, dont un voisin a affiché :  
« Oubliez le chien, méfiez vous du maître », terrible. 

jeudi 27 juin 2024

Jeux vidéo japonais. Romain Lebailly.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble expose son intention de donner une place aux jeux vidéos dans le champ artistique académique à partir des créations japonaises et de leur réception en France, sous le signe de « Sega Saturn Tokimeki Memorial ».
Dans l’industrie culturelle de masse, les jeux vidéo, au-delà de l’aspect ludique et de l’économie constituent un domaine où les américains ne sont pas seuls, bien qu’à l’origine l’entreprise japonaise SEGA (Service Games) née pendant l’occupation américaine ait été dirigée par eux. Parmi les machines à sous, les flippers, arrivent les bornes des jeux d’arcade.
« Rifleman » en 1967 a adopté un habillage western
pendant que «  Pong Tron » copié sur le concurrent américain Atari souscrit aux codes nippons.
Nintendo produisait des cartes à jouer  « Hanafuda ».
Cette société ancienne devenue partenaire de Disney, 
 lance en 1977 la console desalon« Color TV-Game 6 ».  

À la fin des années 1980, au Japon et aux États-Unis, 
un foyer sur trois était équipé de « Famicom » (Family Computer). 
Les thématiques gangsters ont du succès 
et le motard de « Zippy Race » conduit de Los Angeles à New York.

 
Le jeu « Space invaders », unique dans sa façon de jouer,  
 s’inspire de « La Guerre des mondes » d’H.G. Wells
et connaît  des prolongements dans la rue avec le mosaïste « Invader ».  

Les premier jeux de samouraï n’étaient même pas commercialisés en dehors du Japon et pourtant les duels des films de sabre comme « La Légende de Zatoïchi : le masseur aveugle » ont inspiré quelques scènes finales de westerns spaghetti. 
Pour parler à tout le monde, les jeux deviennent inodores, 
le hérisson « Sonic », mascotte véloce de Sega, affronte les robots et sauve les animaux.
« Le cuirassé Yamato » véritable lieu de mémoire, avait été coulé pendant la seconde guerre mondiale ; dans une version récente son épave sert à construire un vaisseau spatial sauveur de l’humanité.
Le loup « Okami » incarnation de la déesse du soleil est très référencé parmi les mythes fondateurs, avec des sonorités de shamisen (« trois cordes parfumées »), ambiance shintoïste dans une narration sur emaki (rouleau déroulant),
ainsi que Sesshū Tōyō peignait « Paysage d’automne ».
 
Au temps de « la guerre froide »,  
le ninja du jeu de plateformes « Strider » se bat dans le même camp


que le reaganien « Rocky».

« Dragon quest » adopte sur sa jaquette les codes des mangas

alors que les sources étrangères de « Donjons et dragons » sont réinvesties en des jeux de rôle devenus un genre à part entière : les JRPG (Japonese role playing game) où s’effacent les références des débuts.
Les gameurs nourris par leur presse spécialisée  dont les catalogues offrent du choix en version originale, s’approprient les productions japonaises au-delà de leur passion initiale et se montrent curieux de culture japonaise. Le goût pour l’empire du soleil levant se développe depuis les estampes qui séduisirent Van Gogh jusqu’à Goldorak que le club Dorothée popularisa.

Japan Expo, créée par des français, témoigne chaque année pendant plusieurs jours, de l’intérêt du public pour la culture populaire japonaise à travers manga, jeux vidéo, arts martiaux, musique J-pop, cinéma…
 

 Le soft power n’aurait-il pas désormais planté là bas des cerisiers en fleurs ? 
« J’envie aux Japonais l’extrême netteté qu’ont toutes choses chez eux. Jamais cela n’est ennuyeux et jamais cela paraît fait trop à la hâte. Leur travail est aussi simple que de respirer et ils font une figure en quelques traits sûrs avec la même aisance comme si c’était aussi simple que de boutonner son gilet. » Van Gogh