Les poudres du pastel conviennent parfaitement à la
représentation biblique de « l’homme qui n’est que poussière » comme le
rappelait Diderot, cité par le conférencier devant les amis du musée de
Grenoble. Pietro
Antonio Rotari : « Jeune fille à
l’éventail ».
« Au moment où l’expression de l’intime, des
sensibilités et de la psychologie entre dans l’art du portrait de façon
déterminante, le grain saisissant du pastel, ses poudres, le fondu des traits
et le moelleux de la matière sont un atout. » Dans le « Portrait de Monsieur Quatrehomme du
Lys » cet intellectuel peint Charles le Brun, le corps ne
commande pas la tête.
Le cadrage serré par Robert Nanteuil de l’évêque de Riez puis d’Autun,
« Louis Doni d'Attichy » constitue un travail préparatoire pour une gravure.
Les traits du visage sont essentiels, les yeux nous dévisagent.
« Louis XV » a 19
ans, François
Lemoyne, le saisit en contre-plongée sans perruque.
Son regard
échappe au spectateur
comme le « Portrait d’un homme » de Joseph Vivien,
dans des tonalités sourdes
dont la couleur bleue souvent utilisée révèle la
délicatesse de la peau.
Dans son « Autoportrait »
le geste de Charles
Antoine Coypel s'ouvre vers le public.
Des
collages soignés permettaient de plus
grands formats et le papier devait être préparé pour que le pastel morde
et ne perde pas trop d’éclat sous la lumière trop vive du soleil.
Maurice Quentin De La Tour rend hommage à son
professeur « Louis de Silvestre »
avec précision et dynamisme.
Il admirait Rosalba Giovanna Carriera,
la vénitienne, recherchée par le Tout-Paris,
et reçue à l‘académie de peinture
de Paris.
Elle a réalisé le « Portrait de James Gray ». William Hoare de Bath saisit la belle allure de Henry Hoare « Henry the Magnificent » banquier mécène aménageur des jardins de Stourhead, à l’anglaise.Jean-Baptiste Perronneau va chercher ses sujets hors des cercles parisiens où règne De La Tour. Son « Théophile Van Robais » industriel du Nord porte une perruque à rouleaux, appelés marteaux et « Charles-Francois Pinceloup de la Grange » prend bien la lumière.
John Russell ne brosse pas les épaules de « George
de Ligne Gregory »
couvertes de poudre.
Le suisse Jean-Étienne Liotard, après un séjour à Constantinople, aimait se présenter comme peintre turc quand la Turquie était à la mode. Son « Portrait de Marie-Frédérique van Reede-Athlone » âgée de sept ans a conservé ses nuances vibrantes.Les couleurs de « Charles Benjamin de Langes de Montmirail, Baron de Lubières » viennent de dessous.« La chanteuse Louise Jacquet » nous interpelle et « Lord Stuart » en pied joue sur toutes les faces.
Dans le « Portrait de Joseph et John Gulston »
de Francis Cotes,
l’admiration
circule et la volonté dynastique, la
propriété s’inscrit dans le paysage.»
Si les portraits sont inhérents au pastel, Cornelis Troost
aime illustrer des proverbes, des expressions hollandaises et autres scène
théâtrales:
« Arlequin, magicien et coiffeur: les rivaux exposés »
« Chanter autour de l'étoile lors de la Nuit des rois » ou dans une série les personnages évoluent au gré de leur ébriété :
« Ceux qui le pouvaient,
marchèrent, ceux qui ne le pouvaient pas, tombèrent. »
« La vie était couleur
pastel, celle des bonbons de l'enfance» David Foenkinos