Le « Pavillon du tourisme (1925) à
l’exposition des Arts décoratifs » dont il ne reste que le dessin
peut représenter la carrière de l’architecte. Ses projets réalisés sont
assez rares et pas toujours reconnus, alors qu’il apparaît, selon le
conférencier devant les amis du musée de Grenoble, comme un représentant
éminent du style international, un moderne des années 20 :
« Primat de la
ligne droite, volumes élémentaires, refus de l’ornement », lumière.
Robert dit « Rob » Mallet Stevens nait en 1886. Son le père Mallet était marchand d’art contemporain et sa mère
Stevens critique d’art.Son oncle avait fait construire par Hoffman,
un des maîtres de la sécession viennoise, l’impressionnant « Palais Stoclet » à côté de Bruxelles avec une décoration intérieure inspirée par Klimt.
Ce dernier marquera son style.Il étudie à École spéciale d’architecture, distincte par son
rationalisme de l’Ecole des Beaux arts. « Carte de visite »Son élégance, dans son « Portrait » par Jacques-Émile
Blanche, peut caractériser l’ensemble de ses productions d’architecte, décorateur,
créateur d’objets, de créateur de vitrines, par ailleurs enseignant apprécié.
À la fin de la première guerre, il conçoit quelques
aménagements intérieurs, ses commandes pour Jules Écorcheville ou son « Projet
de villa pour la couturière Jeanne Paquin » à Deauville n’ayant pu
être réalisés.Il conçoit des décors de films, « L'Inhumaine »
de Marcel
L'Herbier,et publie un recueil de projets pour « Une Cité Moderne »,
ainsi un « Musée » aux airs de Bauhaus ou un « Cinéma »
avec sa cabine en encorbellement.Après des suggestions pour une maison à Marly commandée par le
couturier Jacques Doucet, il dirige le chantier de la très ample « Villa
de Noailles » à Hyères (40 chambres, gymnase et piscine)Le film de Man Ray « Les Mystères du château du
Dé » est tourné dans la maison des généreux mécènes au mobilier original, «
Fauteuils Transat », et aux jardins de Gabriel Guevrekian, cubistes.
« Que penserait-on des convives dont les
figures seraient rubicondes, verdâtres ou safranées, suivant la place qu’ils
occupent à table par rapport à la fenêtre ? Cet arc-en-ciel distribué sur
des faces humaines, sur des murs ou des objets familiers est d’un effet
lamentable. »
et avec sculpteurs Joël et Jan Martel créateurs d'arbres bizarres en ciment armé. Vers 1921, Paul Poiret commande à Mallet-Stevens une villa,
« Villa
Paul Poiret », mais le couturier ayant fait faillite, elle sera
inachevée, son propriétaire pourra dire :
« Je suis le
seul à vivre dans une ruine moderne ».Dans le XVI° arrondissement, une rue privée bordée d’hôtels
particuliers à structure de béton, dont un pour lui, porte son nom dès sa
création. « Rue Mallet-Stevens ». Quand la duchesse de Gramont
aménage avec du mobilier Louis XVI, il peut être contrarié, lui qui abhorrait
le mélange des styles. Jean Prouvé avait été embauché pour les
ferronneries.A Croix à côté de Lille, il réalise la « villa Cavrois »,
du nom d’un industriel du textile, « 2 400 m2
habitables, une hauteur sous-plafond de plus de 6 m, et 1 000 m2
de terrasses sur trois étages et sous-sol. »
Construire pour lui : « … c’est utiliser au mieux le béton armé, le chauffage
central, les ascenseurs, le téléphone, les appareils ménagers, la
climatisation, les appareils sanitaires, l'évacuation des ordures, les parois
insonores, les enduits imperméables, les appareils à adoucir l'eau,
l'étanchéité des terrasses, les sources électriques […], l'acoustique… »
Au pays des briques rouges, la vaste maison
aux sept enfants, pillée, squattée, aujourd'hui reconstituée, fut surnommée : « le péril jaune ».
Hormis la commande publique d’une caserne de pompiers, il
avait travaillé essentiellement pour des privés.Pour l’exposition internationale des arts et techniques de
1937, il est chargé de la construction de l’éphémère « Palais
de l'Électricité et de la Lumière » où Dufy avait « tiré la
couverture à lui »,
palais de la Solidarité nationale, celui de l’Hygiène
et de la SEITA (tabac)…
Il meurt à Paris en 1945, après s’être réfugié du côté d’Agen
avec sa femme juive.
Il avait demandé la destruction de ses archives.