Si avec ce blog, je suis toujours concerné quotidiennement par l’écriture, je m’en suis voulu d’avoir acheté cet ouvrage sans
doute acquis pour perpétuer l’illusion d’être encore pédagogiquement « dans
le coup », alors que cette dernière expression trahit mon
éloignement depuis dix sept ans des écrits écoliers.
Cependant dès l’entame de ces 332 pages, j’ai été passionné
par le sujet et la façon de l’aborder, à rebours des ouvrages universitaires
situés si souvent en surplomb. Les réflexions nuancées s’appuient sur des
documents témoins des pratiques des élèves et des maîtres et mesurent la
distance entre la théorie des circulaires ministérielles et les usages depuis
les premières tablettes en cire jusqu’aux écrans dialoguant avec les tableaux
blancs numériques.
J’ai vérifié qu’il s’agissait pour les premiers clercs de
tenir des comptes et j’ai dégrossi ma vision d’une école qui ne commence pas avec
Jules Ferry.
Un sujet d’un concours de 1826 embrasse l’histoire des
idées :
« En explicitant
ce qu’est le vrai courage, le candidat traitera forcément de la morale de
l’Antiquité (qui fait l’éloge du suicide), de la morale aristocratique (qui
fait l’éloge du duel) de la morale chrétienne (qui condamne l’un et l’autre
mais fait l’éloge du martyre) alors que la mort par les armes au service de son
roi ou de sa patrie, est acceptée de tous… »
Autre temps.
« Si on ne fait
plus copier la morale laïque dans les cahiers c’est peut être qu’on perçoit
mieux à quel point elle reste un chemin non tracé »
La plume d’acier venant après la plume d’oie a permis
l’apprentissage de masse même si « en
1967, seuls 24% des enfants ont effectué une scolarité sans redoubler. »
Les techniques, les formes, jouent sur le fond avec
l’apparition des classeurs signe de la secondarisation du primaire, de la même
façon, les QCM ont formaté les exercices.
« avec l’arrivée
des smartphones, c’est l’oral qui est devenu pérenne […] quand les nouveaux
outils technologiques effacent la frontière entre oral et écrit, comment
concevoir encore une entrée inaugurale en écriture ? »
Le bon sens ne met pas en péril la profondeur des
réflexions :
« Seul l’usage
donne (ou non) son efficacité à l’outil, ce qu’oublient les croyances
technolâtres vs technophobes. Il est donc impossible de dire que le numérique
améliore ou détériore les apprentissages « en général » »
L’écriture a partie liée à la lecture :
«… les églises
ont promu la lecture pour fixer à la lettre les savoirs religieux, c’est le
pouvoir d’état qui a régi l’écriture. »
Ma perception d’une diminution de l’écrit à l’école n’a été
ni contredite ni validée, pas plus que n’a été éclairée ma perplexité devant le
peu d’appétence des enseignants eux-mêmes envers cette forme d’expression.
La clarté de la rédaction de ce travail éloigne toute
nostalgie, prolongeant d’une manière apaisée les débats antérieurs replacés
dans une histoire aux multiples déterminants :
« …écrire à la
main ou à la machine, qu’on soit débutant ou expert, est toujours un
travail.»
Un travail !