Aujourd’hui, le programme envisagé nous amène à utiliser la
voiture.Nous garons sans problème la Clio pratiquement place de la République au nord de la ville.
C’est le cœur du quartier allemand,
dit Neustadt ou encore Strasbourg
impérial construit au XIX° siècle sous Guillaume 1er dans un style imposant. Autour d’un joli
rond-point s’élève un ensemble de bâtiments administratifs. Il comprend tout d’abord le palais impérial qui manifeste la
puissance des Prussiens et possède une
façade tripartite dont la partie centrale supporte un dôme. L’emblème de
l’aigle apparait ainsi que les armoiries de l’Alsace et de la Lorraine. Cette
résidence s’adapte aux aléas de l’histoire, transformée en hôpital lors de la 1ère
guerre mondiale, elle servit de siège à la Kommandantur nazie et échappa à la
destruction réclamée un temps pour cette raison.Une bibliothèque et le théâtre conçus dans le même style avec la
préfecture occupent les autres
côtés de la place.Ces édifices entourent
un jardin paisible au sein duquel un monument aux morts se conforme à
une réalité particulière. La statue représente une mère, allégorie de
Strasbourg, elle pleure ses deux enfants
morts à la guerre, l’un pour la France et l’autre pour l’Allemagne. Dépourvus de leurs uniformes,
ils se retrouvent à égalité face à la destruction. Autour, se déploient avec majesté quatre
vénérables ginkgo bilobas offerts par l’empereur du Japon à Guillaume
II.Le musée Tomi-Ungerer
consacré aux dessins depuis 2007, centre international de l’illustration
loge dans une rue adjacente à l’intérieur de la villa Greiner qui avait
accueilli le président Poincaré, ami du
propriétaire d’alors. Cette habitation commencée en 1884 quand l’Alsace était
occupée par les allemands est construite dans un « style français » éclectique
avec des « éléments néo-classique, néo-Renaissance et néo-baroque ». Maintenant, les intérieurs blancs du sol au plafond mettent
parfaitement en valeur les travaux de l’enfant
du pays Tomi Ungerer et renouvellent régulièrement les présentations parmi 2179
œuvres graphiques de 150 artistes.Ils ne sont pas nombreux les illustrateurs de livres pour
enfants à connaître la notoriété, l’auteur des « Trois Brigands » est l’un d’eux qui a donné son nom à une école. Ses travaux
préparatoires sont intéressants, la simplicité demande de la besogne.De nombreuses planches sous cadre accrochées aux murs
et des jouets donnés par l’artiste placés sous vitrines révèlent son univers, son
humour et son style limpide.Nous apprécions aussi Pascal Lemaître et son « petit
cordonnier de Venise ».Les œuvres du niveau 1 ne s’adressent pas précisément à la jeunesse.
Elles se déclinent en plusieurs thèmes :Nous commençons par les affiches New-Yorkaises de Saul Steinberg renouvelant l’art
publicitaire dans les années 60-70.
Nous poursuivons avec les dessins d’humour et de satire
français publiés dans des journaux des années 60. Ils déclenchent encore
le sourire ou font grincer des dents.
Leurs créateurs s’appellent : Maurice Henry, Jean Maurice Bosc, Claude Ribot, dont l’humour noir parait parfois hermétique,
Michel
Cambon, obsédé par des obus noirs et leur chute, Borislav Sajtinac publiait dans Hara Kiri, Jean Alessandrini.
Viennent ensuite des dessins de presse français des années
20 en noir et blanc, constituant déjà
une violente diatribe contre Hitler et sa montée en puissance.Pour terminer, Olivier Dangla, employé par « Le Monde »,
expose ses dessins d’audience. Il
croque, les différents partenaires des procès qui portent le masque
chirurgical, symbole de notre actualité…Il les esquisse au crayon et ajoute de
l’aquarelle pour un résultat plein de
vitalité. Connu pour ses
publicités et des affiches politiques pour lesquelles convenait sa ligne claire
au service d’un humour efficace et de la poésie, Ungerer a réalisé aussi de truculents dessins.
Ils figurent au sous-sol du musée, pour des sujets plus coquins. L’exposition comporte des projets de bijoux
d’inspiration sexuelle débridée, des peintures de sorcières et de gastéropodes sans
équivoque quant à leur signification.