dimanche 10 avril 2022

Nuit funèbre. J.S. Bach, S.P. Bestion, K.Mitchell.

Le journal de salle, qui souvent, n’est à mes yeux qu’un tract publicitaire, était bien utile ce soir pour mieux comprendre la mise en scène autour d’une table de ces frères et sœurs se retrouvant après la disparition du père. Toutes les morceaux présentés sont titrés : motets, chœurs, récitatifs, airs…
La lenteur des déplacements, la solennité des paroles contrastent avec une musique pourrait- on dire divine.
J’ai vu dans ce moment où le ciel semble encore plus vide alors que se prosternent d’avantage les hommes, une invitation à la méditation sur notre destinée.
Le corps et les objets résistent, ils finiront dans la poubelle grise.
La musique élégiaque, sereine, est celle d’une vie de souffrance, de doute et de joie, sublime.
Et même si l’on n’est pas accessible à la transcendance :
« Devant ton trône, je vais comparaître » 
peut se poser la question pour chaque homme quand 
« tout est accompli » et qu'une vie se révise.
Le spectacle d’une heure quinze n’est pas de ceux qui prétendent dépoussiérer une composition mais valorise une œuvre nous concernant depuis ce XVIII° siècle décidément  étape fondamentale de notre civilisation, quand de notre finitude, de notre condition misérable persistent quelques notes dont la douceur peut assourdir les clameurs du monde et apaiser nos terreurs intimes, peut être.

1 commentaire:

  1. "Le corps et les objets résistent ; ils finiront dans la poubelle grise."
    Tout un programme, je dirais...
    Je crois que tout un chacun peut sentir qu'il y a des objets qui résistent... à la poubelle.
    Quiconque s'est trouvé avec un héritage, sait que les objets résistent à la poubelle, surtout à cause de NOS ATTACHES A CES OBJETS et ce qu'ils représentent pour nous. Ce dont ils sont des emblèmes, en quelque sorte.
    Je mets très peu à la poubelle. J'essaie de trouver d'autres personnes à qui je peux donner, en mains propres. Des gens de mon entourage, de préférence.
    Le drame (pour moi, et d'autres) étant que cela devient de plus en plus difficile.
    Depuis que l'Homme est l'Homme Il sait que pour être Homme il ne faut pas mettre les corps à la poubelle. (Il paraît que même les éléphants ne mettent pas leurs corps à la poubelle...les éléphants, des animaux sociaux, mais pas comme des fourmis, qui mettent les corps indifférenciés des leurs... à la poubelle, il me semble, à la dernière nouvelle.)
    Citation de la matinée que Bach aurait approuvé, j'en suis sûre, et qui vient du 16ème siècle, bien avant les soi disant Lumières :
    "I dare do all that becomes a man, who dares do more is none." J'ose faire tout ce qui sied à un homme, qui ose en faire plus n'en est pas un." ("Macbeth") Je pourrais ajouter "qui ose faire MOINS n'en est pas un" aussi. Bach aurait compris. Décidément, être homme est une affaire qui nous garde sur la crête mince, avec risque de tomber dans le précipice des deux côtés à tout moment.

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