Sans remonter au serpent qui tenta Eve, cette formule peut se décliner en pire, sous des airs désinvoltes pour broder à propos du regret du temps d’avant,
telle « Pénélopsolète ».
Nous avons perdu le goût de la conversation,
notre sensibilité aux autres, symptômes d’une épidémie de déshumanisation,
alors que les épidermes sont de plus en plus réactifs à toute contrariété.
« Burn-out » comme langue universelle et pas de maison nouvelle à côté.
Depuis quand se sont inversées les valeurs qui faisaient de
la laïcité la frontière entre droite et gauche ou que le slogan de SOS
racisme:
« La France c'est comme une mobylette pour avancer il
faut du mélange »
soit devenu obsolète à l’heure
des réunions non mixtes ?
Tant de facteurs sont à l’œuvre qu’il est tentant de prendre
le petit bout de la lorgnette pour aller voir du côté des « étranges
lucarnes ». Les émissions d’Evelyne Thomas, livrent au public des éléments
de la vie privée de bienheureux sous les spots, mettent un nom à la
marchandisation de nos vies et à l’indécence, mais n’épuisent pas la question.
L’émission « C’est mon choix », partie, est revenue : une
longévité remarquable, mais ne confondons pas signe tapageur et causes du
brouillage des valeurs. Même si la présentatrice fut un instant promue pour servir
de modèle au buste de Marianne, ce ne peut être que piètre facétie de lui
attribuer quelque responsabilité dans la dégradation de nos mœurs.
Les formules brouillant nos repères ne datent pas
d’un mois de mai joli.
Histoires bousculées: nos pères avaient été saoulés des
récits de la première guerre, quand nous, nous n’avions su retenir de la
seconde que ce qui arrangeait nos héroïsmes d’opérette quelque peu resucés.
Nous voilà « boomers » à notre tour dans la
corbeille à papiers de l’histoire.
Le vieux laisse la place au
neuf,oui! Mais il regimbe à se retrouver sur une affiche de campagne de vertes personnes qui
prétendraient gouverner :
« Les boomers, eux, ont prévu d’aller
voter ».
Nous voilà dans le même sac que les chasseurs, promis au tri
sélectif : ça c’est de l’intersectionnalité, quand l’âge deviendrait une
catégorie, comme la race ! Pitié ! Si j’ai voté Dumont quand il était temps, est-ce que je peux
bénéficier d’un sursis avant de mériter un stage de redressement privé de sapin
de Noël et de Tour de France, avec prosternation sur les tapis de la religion
des opprimés ?
Insouciant citoyen vacciné, je plains ceux qui ne
rencontrent dans leur vie qu’ondes nocives, société liberticide, gouvernants
mal intentionnés, producteurs empoisonneurs, particules fines, soleil brûlant,
entrepreneurs avides, thromboses à tous les coins de rue, ministère à la fois
trop dirigiste ou tardant à donner des consignes, et culture introuvable …
Par contre c’est sur le registre comique que je vois les
lycéens manquer les cours dès la reprise des cours pour refuser de passer le
bac puisque les cours pour le préparer ont été perturbés. L’UNEF va pouvoir
bénéficier d’un bon arrivage de victimes que tous les médias plaignent déjà. Quand l’expression « des trous dans la raquette »
devient lieu commun, le conformisme des apitoyés envers la jeunesse coule de
source, le courage a déserté les salles où l’on ne rédige plus guère quand les
tweets parlent aux tweets. Il est vrai que dans la vraie vie la couardise
est devenue indispensable, alors que sur
les réseaux aux interlocuteurs masqués, la violence se déchaine.
En cherchant une citation pour ficeler cet article qui ne
sait répondre à la question initiale, je ne pensais pas tomber sur Jacques
Chirac, dont pas plus tard que la semaine dernière,http://blog-de-guy.blogspot.com/2021/05/mettre-les-petits-blablas-dans-les.html j’avais évoqué le nom dans une situation moins favorable. Je dorlote les contradictions.
« C'est le déclin
quand l'homme se dit “Que va-t-il se passer ?”,
au lieu de dire “Que
vais-je faire ? »
L’ancien président a arrangé bien du monde à paraître comme
le prince au palais dormant et n’a pas vraiment contredit ce qu’il énonce
ci-dessus. Je trouve ces mots pourtant justes depuis mon banc à regarder passer
les divisions de la gauche fantôme, sous les clameurs d’une sono assurée par
jaunes et bruns.