Ecrire comme un pansement quand la vue s’affole devant un
monde qui se défait, alors au coin d’un blog je joue pesamment avec le
mot : pensement sur jambe de bois.
Pendant que la ronde de tant d’éditorialistes me semble
tourner à vide, je remonte sur mon canasson à la mine en papier mâché et mime
un Franz-Olivier Giesbert, des terres froides entrelardant de citations (en gras)
tirées des « Tontons flingueurs » .
« La bave du crapaud n'empêche pas la
caravane de passer ! »
Désormais il est nécessaire de livrer un mode d’emploi avec
le moindre dessin provenant par exemple de Riss de Charlie hebdo sous
protection policière, mais c’est le rédacteur Laurent Joffrin écrivant maintenant
la moitié de son journal du moment, Libération, qui tombe dans la caricature en
donnant la leçon au philosophe Michel Onfray. Il récidive, puisqu‘il ne voyait que des « ras du front » chez
ceux qui critiquent Najat Bécassine.
Et dire que j’avais abandonné « Le Monde » quand
ils avaient traité ainsi Ségolène qui s’applique chaque semaine à leur donner
raison !
« - Qu'est ce qui a été en panne?
- La dépanneuse. »
Les débats concernant l’école s’embrouillent sous les stratégies
communicationnelles : évoquer une « dictée
quotidienne » a fait écran à la mise
ne place d’« enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) au collège. Cependant l’évaluation pour les
lycéens « Chatel » de tels dispositifs concernant aussi les
heures d’accompagnement « personnalisé » tardent à paraitre.
La maternelle enfin revient à des objectifs plus adaptés aux
petits mais à entendre les mots « exigence » et « ambition »
appliqués au reste des textes, lorsque c’est vraiment le contraire qui est mis
en route : c’est fusiller le vocabulaire. L’école sera ludique, soumise aux
modes, aux pressions parentales et au pouvoir de petits chefs. L’autonomie amène
avant tout à la concurrence.
La rhétorique de l’émancipation comme musique de fond dissimule
la soumission au marché.
Les consciences professionnelles partent en miettes sous les
plans de carrière.
Nous baignons dans le même discours servi depuis des décennies,
pourtant le fossé social s’est élargi. Et les prescripteurs sont plutôt les
petits machos des couloirs que les éditeurs de programmes.
Le niveau monte ne cessait-on de nous dire avant de crier à
la catastrophe.
La démocratisation invoquée serait une arnaque si encore une
personne y croyait.
C’est bien la même équipe qui entre deux Macroneries, porte
les éléments de langage des boites à com’ !
Se détachant des habituelles révérences des politiques entre
deux élections, les mots du ministre de l’économie concernant les
fonctionnaires seraient plutôt ceux d’un chroniqueur s’exprimant face à
l’éclatement du salariat. Ils ne sont pas la marque d’un courage ou d’une
lucidité, ils participent de la confusion des genres et accentuent le discrédit
des gouvernants. Et depuis les tribunes
médiatiques combien de leçons sont
assénées … pour mépriser les paroles professorales où assumer quelque leçon « frontale »
serait quasiment « frontiste ».
« Pour qu'il abandonne ses cactus et
qu'il revienne à Paris, il faut qu'il en arrive une sévère au vieux Louis. Ou
qu'il ait besoin de pognon ou qu'il soit tombé dans une béchamel
infernale ! »
Si je joue à peser les mots qui
bourdonnent autour de lieux que j’ai bien connus, je m’oblige à la prudence
quand s’éloigne le coin de ma rue pour éviter les rabâchages et les vaines
affirmations. Je ne comprends pas la
contradiction des souverainistes qui en appellent à l’Europe, qu’ils ne cessent
de critiquer, pour régler les problèmes migratoires. Leurs acrobaties autour de
la Grèce
donnent le tournis.
A hauteur d’échantillon, certes très restreint, je suis étonné du nombre de
jeunes français partis gagner leur vie à l’étranger. Croisent-ils les migrants
arrivant sur nos berges ?
Le football est décidément un miroir
grossissant : les joueurs français se louent en Angleterre, quand les africains constituent l’ossature de nombreuses
équipes du championnat de France.
Rio Mavuba, capitaine de l’équipe de
Lille, est né sur un bateau de réfugiés angolais.
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Le dessin en tête est de Micaël Queiroz et celui là est paru dans "Le Canard Enchaîné":