dimanche 2 novembre 2014

Inspiré de faits réels. Bénabar.

... comme si c’était utile de préciser, ce titre "inspiré de faits réels", trahit le manque de confiance envers l’auditeur qui ne croirait plus en l’accrochage au réel. Pourtant c’est toujours le cas : le Renaud du XXI° (siècle) est en forme : genre texte en anglais Remember Paris pour lequel I understand enfin tout, ou bien dans la déconnade avec Gilles César dont le pote Henri Potter sera témoin de son mariage avec une certaine Marilyn Moreau. 
Tout se saisit à la première écoute aux mélodies plaisantes avec de petites surprises au bout des historiettes :
Coming in à l’humour convenable :
« Un mec, c’est plus honnête
Plus intelligent aussi
Le seul problème en fait
C’est que c’est moins joli. »
Une lui en fait voir de toutes Les couleurs, quand elle passe au jaune :
« Jaune comme son rire un peu gêné
Week end pluvieux, jaune le cirée
Une plage du nord il n'y avait pas foule,
Les pieds mouillés le chien maboule »
Chronique des amours contemporaines : Le regard romantique de l’aimée traverse les années,  et celui de la belle qui le sait croise un couple dont l’homme se crame Sur son passage. La Grande vie quand son bouquet ne trouve pas preneuse ne vaut pas les Bonbons de Brel mais bon… et Les deux chiens  cessent de se combattre en tuant un chat arrivent à " la morale qui fout le moral en l’air".
Mais Titouan  est bien à lui quand le papa paumé n’a rien vu arriver lors de sa séparation et entrecoupe ses regrets de rappels très terre à terre à son fils.
« J’arrive pas à tourner la page
Titouan, n’enlève pas tes chaussures
Eux, ils parlent déjà de mariage
Titouan, remets tes chaussures ! »
 Après une virée entrainante dans Le Paris by night, jazzy, dont « on regrettera seulement ce dont on se souvient », il peut se permettre la noirceur de La forêt, où personne ne le cherche.
« Parmi ce peuple indifférent
D’arbres, de feuilles, de vent
J’avais perdu ma propre trace
Depuis je sais que quoi que je fasse »
Les squares, c’est mieux.

samedi 1 novembre 2014

6 mois. Automne 2014.

Ces 300 pages, où quelques images du XXI° siècle sont rassemblées, coûtent 25,50 €, mais il y a de quoi voir et voyager, se remettre en mémoire et rêver.
Trois reportages  sont consacrés à Israël avec des photographies  fortes accompagnées à chaque fois par un dossier complémentaire très clair - nous sommes dans la famille XXI -  qui permet d’aller au-delà des évocations :
- les ultra-orthodoxes,
- « à l’ombre des jeunes filles en armes »,
- chez des colons, babas cool, installés parmi les palestiniens avec leurs six enfants.
On peut y trouver aussi:
- l’entretien avec Marie Laure De Decker ancienne mannequin anticonformiste qui du Viet Nam au Tchad balada son Leica à l’âge d’or du photo journalisme est revigorant.
- Les enfants de Silésie sous le titre poétique « les 400 coups » ne font pas l’école « buissonnière »,  avec leurs gueules d’ange, ils sont effrayants. 
- Elles sont appelées « Les petites reines », les jeunes femmes pygmées qui attendent un enfant, mais leurs conditions de recluses s’aggravent avec la pauvreté qui s’accroit au Congo.
- Les « insolents de Téhéran » arrivent par le théâtre à marauder quelque liberté.
- En Chine  subsistent quelques arpents de légumes au pied des barres de 40 étages.
- Les portraits de roumains et de russes dans les années 90 sont poétiques
- et  des inédits concernant la guerre du Viet Nam vue du Nord, instructifs.
- Le carnet d’un « père réticent » accompagnant le début dans la vie de sa fille est loin d’être gnangnan, -quant à la photobiographie du « pécheur » François, le pape, on ne s’en lasse pas.
« Qui suis-je pour juger ? »

vendredi 31 octobre 2014

Eloge des mathématiques. Alain Badiou

La villa Gillet a invité en avant première de son « festival des idées », le  professeur à l’Ecole  Normale Supérieure qui a pris les mathématiques comme pierre angulaire de sa philosophie. L’auteur de « Sarkozy, pire que prévu : les autres, prévoir le pire » avait attiré la grande foule à l’Université Jean Moulin à Lyon.
Cet entretien avec Gilles Haéri préfigure un livre qui viendra après ses éloges de l’amour et  celui du théâtre. Il est si bon d’approcher une belle mécanique intellectuelle qui n’hésite pas à admirer, aimer, faire partager ses enthousiasmes avec rigueur, clarté, pédagogie et humour.
Il compare la pratique des mathématiques à une promenade par un chemin tordu et complexe qui mène à une éclaircie : la découverte est une récompense, singulière la beauté conquise. Aristote en faisait une esthétique, le structuralisme avait mis les mathématiques en dialectique avec la philosophie, alors que Sartre dans sa jeunesse disait : « Science, c'est peau de balle, Morale, c'est trou de balle. »
Cette discipline qui au niveau de la recherche  est perçue comme aristocratique alors que la formule : «  je n’ai pas la bosse des maths » est tellement répandue se résume-t-elle à une histoire de « boss et de bosse » ?
Les mathématiques pour tant de philosophes sont la condition préalable à toute rationalité, le processus de connaissance passant par la preuve réfutable, explicite, décollé de tout récit  révélé, tout le contraire de la mythologie.
Les mathématiciens contemporains travaillent dans des spécialités souvent inaccessibles, dans une indifférence amère, alors qu’avec les philosophes depuis l’apparition des « nouveaux », il suffirait d’avoir une opinion, et surtout des réseaux pour faire croire à l’universalité et apporter la banalité aux princes. 
 A la sentence de Russell : « La mathématique est la seule science dont on ne sait pas de quoi on parle ni si ce qu'on dit est vrai » peut s’opposer  Galilée : « La nature est un livre écrit en langage mathématique ». Badiou pense que la mathématique n’est  pas qu’un jeu de langage rigoureux, sa vocation est ontologique, du côté de l’être, dans ce qui résiste, en route vers l’universalité. Les situations formelles peuvent s’organiser, les règles s’identifier. Les maths ont inventé des formes avant leur réalisation : l’ellipse est connue bien avant que la trajectoire des planètes soit repérée.
Platon le pédagogue : «  que nul n’entre ici s’il n’est géomètre », Spinoza : « Les hommes n’auraient pas pu sortir de l’ignorance «  s’il n’y avait pas eu la Mathématique » »
La philosophie a parfois un rapport de révérence aux maths qui échappent à la singularité des langues. Le plaisir peut être au rendez-vous de l’algèbre, de la géométrie, bien que depuis Nietzsche une rupture soit amorcée qui remet en cause la logique alors que dans le champ de l’infini les maths apportent des innovations saisissantes, une complexité provocatrice. Aujourd’hui l’histoire et l’esthétique semblent avoir pris le pas sur l’épistémologie.
De l’amour le plus cellulaire à la politique qui mène à l’univers tout entier, les arts, les sciences,  forment les catégories qui permettent d’aller vers la vérité.
Les croisements sont excitants : la politique peut elle parvenir à des décisions qui résultent de la rationalité et s’élever au dessus d’un mélange bourbeux d’affects et d’intérêts ?  Ne plus être vouée à n’être que de la rhétorique ?
L’amour lui ne laisse pas indifférent, il peut être un apprentissage de la dialectique offerte par l’approche de la différence.
Quand les questions inévitables sur la pédagogie adviennent, le philosophe propose de raconter l’histoire des mathématiques et pas seulement de ses résultats, commencer très tôt  à l’école mathématiques et philosophie,  ainsi la directive d’un inspecteur : «  la mort n’est pas au programme » pour contrarier l’initiative d’un formateur en maternelle pourra faire rire même son auteur à l’image de la salle conquise. Avec l’histoire du zéro, « l’être » a pu naître du « néant » ; à ne pas confondre avec les codages en 0 et 1 à la base de l’informatique qui ne dépasseront pas la pensée humaine. Pourtant toutes nos machines bourrées de mathématiques pointent paradoxalement nos pénuries de connaissances qui nous mettent sous les ordres de ceux qui savent, larbins d’un système où les usages financiers, militaires avec les cryptages sont hégémoniques. C’est bien un enjeu d’émancipation qui est en jeu.   
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 Cette semaine le roi du tampon au pays de trotsks:


jeudi 30 octobre 2014

Frans Hals et la peinture hollandaise du siècle d’or. S.Legat.



Le cycle de conférences consacré au siècle d’or de la peinture hollandaise a débuté avec Serge Legat.
Il a rappelé aux amis du musée de Grenoble que le Rijksmuseum (« Musée d'État ») d’Amsterdam qui vient d’être à nouveau inauguré après 10 ans de travaux était  le dernier acte officiel de la reine Béatrix. Elle excusait ainsi son lointain ancêtre Guillaume III qui en 1885 déclara : « Jamais je ne mettrai le pied dans ce couvent ! » en parlant du bâtiment destiné à présenter toute la peinture hollandaise.
Le style néo gothique mêlé à celui de la renaissance ne convenait point à son protestantisme.

Etait présenté ensuite le portrait, par Adrien Thomasz Key, du père de la patrie, Guillaume d’Orange Nassau aussi appelé « Guillaume le taciturne », pour situer le contexte historique.
Après une guerre de 80 ans contre les espagnols, les Provinces Unies ont gagné leur indépendance et très vite, ont accédé à la prospérité au XVII° siècle.
Ce petit pays, qui n’a pas hésité à détruire ses digues pour empêcher les troupes de Louis XIV de l’envahir, est bâti par un peuple dont un habitant sur dix était marin. Sa flotte fut la première d’Europe, en lien avec le monde entier. La bourse d’Amsterdam est alors florissante, les banques puissantes, le négoce prospère. Pays neuf, dirigée par les classes moyennes, son art est bourgeois et non aristocratique, réaliste et non idéaliste.
Une société tolérante, pour laquelle les livres sont importants, accueille les persécutés (juifs) ; la religion  est très présente, la rigueur est de mise. Il n’y a pas de hiérarchie dans les genres artistiques comme en France royaume de la peinture d’histoire. Les sujets sont populaires, la spiritualité nait du profane.
Au pays des natures mortes somptueuses,  
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2012/03/la-nature-morte-2-le-xvii-siecle-lage.html , quand ne subsistent que les reliefs d’un repas, cela signifie que les plaisirs de la table sont passés : la vie est brève,  fragile l’existence, Dieu est tout puissant.
Des sujets simples se reflètent dans les eaux, les paysages sous des ciels en majesté, témoignent d’une fierté des artistes vis-à-vis de leur environnement. Et quand il prend à Pieter Jansz Saenredam  l’envie de peindre des églises reconverties en temples, la sobriété est grandiose.

L’école d’Utrecht fait entrer les lumières caravagesques dans les tableaux, dans un « concert » ou avec « l’arracheur de dents ».
Quand le chien de la fidélité est endormi, la femme qui enlève un bas,"Femme à sa toilette", de Jan Steen, est de petite vertu.

« Une mère épouillant son enfant » de Pieter de Hooch est une bonne mère.
Frans Hals, premier de la trilogie qui abordera Rembrandt et Vermeer, est  essentiellement un portraitiste alors qu’aux Pays Bas s’invente un marché libre de la peinture qui n’est donc plus seulement fruit de commandes.
La légende d’un artiste violent, alcoolique, impécunieux s’éloigne dans les biographies d’aujourd’hui qui ne sont toujours pas sûres de son année de naissance à Anvers ; cependant depuis l’installation de la famille à Haarlem, où il passera sa vie, les documents suivent ses deux mariages et sa descendance nombreuse.
Dans le tableau « Catharina Hooft et sa nourrice » le maître du noir donne toute sa mesure et la virtuosité n’est pas que dans la collerette; les expressions des deux personnages sont tellement vivantes.
Les touches picturales allusives s’affirment dans leur liberté avec «Deux garçons chantant » « Le bouffon jouant du luth » ou « Le garçon jouant de la flute », « Le cavalier souriant ».
Les portraits de grands bourgeois avec Monsieur sur un tableau et Madame sur un autre respirent la force de ces flamandes de Brel, telles qu’en elles mêmes :
« Si elles dansent, c'est parce qu'elles ont cent ans
Et qu'à cent ans il est bon de montrer
Que tout va bien qu'on a toujours bon pied
Et bon houblon et bon blé dans le pré »
Les visages sont superbes seuls ou en couple et les gigantesques assemblées de groupe banquetant ou en cortège quand les individualités sont mises en valeur sont très célèbres :
« Les archers de Saint-Georges », « de Saint-Adrien,  « La Maigre Compagnie » terminée par Pieter Codde  était pour Van Gogh le plus beau tableau du monde.
Mais ce sont les portraits de caractère, du genre de « La bohémienne », de  la « Malle Babbe (La femme à la chouette) », du « Jeune garçon riant » qui feront le plus école : de Fragonard  à Courbet ou Manet.
« Peindre d’un seul coup, autant que possible, en une fois ! » Vincent Van Gogh
La matière glissante, les rehauts à peine brossés ; la technique très minutieuse se libère.
Dans les « Régentes de l’hospice des vieillards de Haarlem », la palette se réduit, et ce témoignage de vérité peint à 80 ans divise critiques et admirateurs : la tension intérieure annonce les expressionnistes.
« Ni dans Goya ni dans Gréco, il n’y a rien d’aussi magistral et d’aussi effrayant, car l’enfer même a moins de terreur pour nous » Paul Claudel n’y allait pas avec le dos du goupillon.

mercredi 29 octobre 2014

Iran 2014 # J4. Après midi à Yazd.

En ces temps de ramadan, nous rentrons à l’hôtel pour une pause méridienne gourmande et rafraichissante.
Nous partons vers les tours du silence, nous longeons le mur d’enceinte qui s’interrompt brusquement et en plein cagnard nous attaquons l’ascension de la première colline sur un chemin pentu. Nous sommes récompensés de nos efforts par la vue sur la ville et sur les bâtiments qui servaient à préparer les morts.   
La tour nous impressionne par sa taille et son puits aujourd’hui comblé, destiné à recevoir les os des cadavres nettoyés par les oiseaux. Nous escaladons l’autre colline puis nous visitons les maisons du bas qui s’avèrent être en piteux état. Haleh, notre guide,  nous raconte les grandes cérémonies autour d’immenses feux pratiquées par les zoroastriens tout de blanc vêtus, interdites maintenant à Téhéran à cause du trop grand nombre de personnes présentes et sans doute bientôt interdites ici aussi.
 Nous sortons par l’entrée officielle, Haleh s’acquitte des entrées, nous éclusons l’eau fraîche qui nous reste dans la glacière de M. Ali pendant qu’il nous transporte au temple du feu.
 C’est un bâtiment du XIX° surmonté du symbole d’Ahura Mazdā, avec un jardin et un bassin ovale différent  de ceux des mosquées, rectangulaires. Il abrite le feu sacré, entretenu dans un grand vase en laiton qui brûle de façon ininterrompue depuis 1500 ans et transféré à Yazd depuis 1940.
Haleh nous propose une visite non prévue sur le programme de Taméra pour conclure cette journée au Zurkhâneh ou maison de force située dans une maison dont nous devons faire le tour pour nous purifier. La pièce où se déroule la « cérémonie » comporte une petite arène accessible aux hommes purs avec des miroirs en hauteur et une tribune pour un chanteur accompagné par un autre joueur sur de grandes darboukas. Dans le périmètre octogonal en contrebas, évoluent des gymnastes de tous âges, vêtus d’un pantacourt noir à impression de cashmere. Ils commencent par une série de pompes appuyés sur des planches de bois, puis effectuent des mouvements du cou, des danses tournoyantes de derviches tourneurs, et des exercices avec des quilles visant à travailler les épaules et enfin quelques uns poursuivent avec de lourdes chaînes manœuvrées au dessus des têtes.   
Les assouplissements s’accomplissent sur un rythme intense. Il ne s’agit pas d’une séance d’éducation physique ordinaire mais de la perpétuation d’une tradition depuis qu’Alexandre le Grand eut interdit les armes aux Perses. Quelques exclamations des athlètes ponctuent les exercices où le nom de l’Imam Ali est fréquemment évoqué. Nous remercions le doyen de l’assemblée puis marchons tranquillement vers le restaurant. Après le chant du muezzin, nous mangeons des brochettes et du riz accompagnés de bière sans alcool qui ressemble plutôt à du cidre. Deux taxis nous évitent de marcher jusqu’à la mosquée du vendredi pour quelques photos nocturnes et nous revenons à pied à l’hôtel déguster des pâtisseries dans notre chambre ou plutôt notre suite.

mardi 28 octobre 2014

La campagne à la mer. Emmanuel Guilbert.



Carnets de croquis à l’aquarelle, craie, gouache, encre, feutres et pastels avec des notes écrites des conversations saisies au moment où l’auteur de « La guerre d’Alan », «  Le photographe » se posait dans les paysages de sa Normandie.
Comme dit un paysan qui l’a vu dans son champ :
« Et vous dessinez les bêtes ? Faites voir le dessin. Oh, putain ! Oh putain, fi de putain de putain, merde oh merde eh c’est pas con ça, c’est pas con fi de putain de merde ! »
C’est beau, délié, varié et il m’a donné l’envie de me remettre au dessin tant ces productions sont vivantes et chaleureuses. La plus anodine est en première page, si bien que tout m’a emballé.
« Méfi-té de ton pé, méfi- té de ta mé, méfi- té de ton fré, méfi-té de ta seu, méfi té de ton ami.
- Et le Bon Dieu ?
- Ah, le Bon Dieu, non…méfi-té quand même. » Proverbe Cauchois
Il  rend les arbres superbement, les pêcheurs à pied efficacement, les animaux vivement, les plages très bien et aussi les pièces vides, bien que quelques paysages auraient mérité une mise en page plus ample.

lundi 27 octobre 2014

Le paradis. Alain Cavalier.

Je peux comprendre ma femme qui pense qu’il s’agit d’un galimatias statique mais moi j’ai aimé cette forme poétique à partir de rien pour évoquer pas moins que la mort et donc la vie. Scénario familial déjà vécu avec Irène http://blog-de-guy.blogspot.fr/2009/11/irene-dalain-cavalier.html .
Oui c’est une œuvre de papy qui goûte les plaisirs les plus infimes, joue avec sa caméra et des bibelots, revisite ce qui fonde notre culture en ressuscitant avec malice le Christ, Pénélope, Calypso... avec une liste divertissante des expressions qui fondent nos discussions. L’émotion la plus régressive se mêle à la pensée la plus universelle.
Il dit : « deviner dans l’hiver les signes du printemps » et filme la jeunesse et l’enfance avec une justesse, une finesse, une sensibilité, une fraicheur que bien des files qui se pressent pour quelque « bande de filles » braillarde ne pourront connaitre.
Les séquences se succèdent en une heure dix qui passe tellement vite, comme lorsqu’on regarde se former des nuages dans le ciel : le chat qui figure sur l’affiche a chopé un moineau mais pourtant il est la vie, le diable peut naitre d’une racine et le christ d’une branche. Un arbre repousse sur une souche, il a fallu du temps, si peu finalement. La plus belle des filles du village ne se laisse pas avoir par une conjugaison au présent.
Il nous donne l’envie de filmer à notre tour et le vieux pédagogue se réveille qui faisait ce vœu de donner envie de lire, d’écrire, d’aller au cinéma, à ses élèves, sauf qu’ici ce n’est jamais professoral comme on dit quand on veut être désagréable avec ceux qui avaient foi en ce qu’ils disaient.