La longue polémique sur un sujet qui peut sembler secondaire
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2013/10/arythmie-scolaire.html donne pourtant quelques indications sur une société qui a tant de mal à se
réformer, bien qu’un consensus apparut à
un moment.
Si cette évolution a tant de mal à voir le jour, c’est que
rien n’est simple et bien peu des commentateurs obnubilés par la situation
particulière de Paris n’ont su voir la complexité : les experts avaient
parlé, les rubricards pouvaient tartiner paresseusement.
Leur lancinant argument d’une « école qui fatigue les
enfants » est ravageur, mais qui plus est faux à mes yeux. Au cours des 27
heures, dans les temps préhistoriques où j’officiais, nous avions le goût, la
liberté de doser les activités, et par
exemple l’éducation sportive dispensée à l’intérieur des 6h quotidiennes par des personnels compétents, permettait au
maître, entre autres bénéfices, un regard distancié sur ses élèves, une
meilleure connaissance, une complémentarité, une cohérence.
Dans quel état de confusion sommes nous entrés pour
confondre activités périscolaires et l’école elle-même ? Il y a péril en
la demeure. L’éducation artistique, le sport, la musique sont au cœur des
fonctions de l’école, et un film, une pièce de théâtre peuvent entrer par exemple dans un projet
pédagogique, mais les enlever à la responsabilité des professeurs est
dramatique. Au niveau du primaire aucune matière n’est une fin en soi mais
seulement une brique dans la construction qui nécessite un maître d’œuvre. Il
permet de distinguer information et apprentissage, et s’il n’est pas
omniscient, face aux machines, faut il que nous soyons tellement en perte de sens pour être amené à plaider ainsi
pour l’instruction publique ?
Il est vrai que le ludique, les loisirs préparent des temps
de cerveau disponibles.
« Le travail, de
plus en plus dévalorisé, devient secondaire dans l'empire de la distraction et
du fun. L'important, c'est le temps libre, les week-ends, les ponts, les
vacances, les sorties, les chaînes câblées, les présentatrices dénudées (et pas
que dans la télé de Berlusconi), les jeux vidéo, les émissions people, les
écrans partout. Le divertissement scande chaque moment de la vie, rythme
le calendrier jusque chez soi, où la télévision, la console de jeu et
l'ordinateur occupent une place centrale. Le divertissement remplit tout l'espace,
reformate les villes historiques, quadrille les lieux naturels, construit des
hôtels géants et des centres commerciaux le long des plus belles plages, crée
des villages touristiques dans les plus infâmes dictatures. »
Raffaele Simone
Le « Trépidant Tyranneau » qui ramena la semaine
de classe à quatre jours avait saisi la préférence de familles décomposées à
l’égard de cette option, fut-il en contradiction avec le « travailler plus »
qui nous amusa un temps. Et l’enfant roi fatigué par ses écrans avec un matin
de moins à se lever de bonne heure était d’accord. Les corporatistes de la
corporation ne l’avouaient pas forcément, mais la formule les arrangeait eux
aussi.
Les communes prennent du pouvoir au détriment du ministère
et elles sont tellement diverses. Et les modifications d'Hamon (en aval) n'arrangent rien! Déceler un tel dessaisissement par le
ministère lui-même ne peut venir que d’un ringard jacobin -c’est quoi
jacobin ? Dans un monde qui fuit les contraintes tout en se blottissant dans des idéologies les plus
raides, on peut imaginer une façon de gouverner qui pour l’efficacité de ses
propositions sache distinguer les
besoins d’une petite princesse en route vers sa première année de maternelle et le
gaillard de CM2 véloce et plein d’appétit. Tout en évitant comme le fit France
inter de traiter d’adolescent un enfant de 12 ans. Mais comme pour la réforme
des régions, un redécoupage qui ne serait qu’un équilibre des masses
économiques est voué à l’échec, si la culture est ignorée : la Creuse n’est pas le Rhône.
On ne vous l’a pas dit à l’école ?
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Dans le "Canard" de cette semaine: