Prononcer Ouateau comme à Valenciennes où il est né.
Depuis 28 ans de conférences aux amis du musée, le peintre
des fêtes galantes n’avait pas été présenté, le manque est désormais comblé
avec Eric Conan.
Watteau, élève à Paris de Gillot, illustrateur, décorateur, peintre, fréquente le marché Saint Germain où se donnent des parodies des succès
théâtraux de l’époque, « libertin d’esprit mais sage de mœurs ». Son
œuvre sera marquée par la commedia del arte et s’il apprend les arabesques, les
singeries, il apporte sa propre fantaisie au cours de la Régence dont il incarne par
ses toiles, la légèreté, la délicatesse.
Pourtant il ne vécut que six ans après le règne de Louis XIV
(54 ans au pouvoir).
En 1717, il est élu membre de l’Académie de peinture après
avoir présenté le « Pèlerinage à l’île de Cythère»
dans une catégorie crée spécialement pour lui : « peintre de fêtes
galantes ». Jardin d’amour inspiré de Rubens qu’il avait eu l’occasion de
voir au musée du Luxembourg.
Rodin a écrit: « …
les pèlerins font monter leurs amies dans la nacelle qui balance sur l'eau sa
chimère dorée, ses festons de fleurs et ses rouges écharpes de soie. Les
nautoniers appuyés sur leurs rames sont prêts à s'en servir. Et, déjà portés
par la brise, de petits Amours voltigeant guident les voyageurs vers l'île
d'azur qui émerge à l'horizon. »
Greuze y vit des
« fricassées d’amour ». Les amants s’en vont.
J’aime ses dessins aux traits efficaces. Dans les scènes
bucoliques, les frottis sont légers pour des frondaisons
presqu’impressionnistes. Quand s’effacent les décors, la frontière entre le
réel et sa représentation est floue. La mélancolie se mêle à la futilité, la sensualité s’esquisse.
Les musiciens accordent leurs instruments, dans un décor
pastoral, les tourtereaux content fleurette.
« L’enseigne de
Gersain » fut sa dernière œuvre, aux belles dimensions alors que
souvent la taille de ses productions est modeste, en milieu urbain cette fois.
Des commentateurs y voient un précurseur de Degas ou Daumier
pour cette scène de la vie parisienne.
Depuis la rue pavée nous entrons dans la boutique idéalisée
qui permet de citer Rubens, et les flamands. La palette est lumineuse, s’anime
de personnages aux tenues soyeuses, se regardant dans un miroir, un portrait de
louis XIV est mis dans une caisse, alors qu’un marchand présente une scène
mythologique.
En 1721, il meurt de tuberculose, il a 37 ans.