jeudi 23 mai 2013

Los salvajes. Alejandro Fadel.


Quatre garçons et une fille s’évadent d’un centre de redressement en Argentine.
Mais ils ne trouvent pas leur liberté ; emprisonnés dans la  drogue, leur énergie initiale s’étiole et des pulsions suicidaires prennent le dessus.
Pourtant les paysages sont beaux, ils ne savent plus où aller, de lieux désertés en ruines sinistres, cernés par des sangliers.
J’ai eu le sentiment que le film lui-même ne savait pas où il allait.
La nature y est sauvage,  la jeunesse tellement sombre, la liberté un leurre.

mercredi 22 mai 2013

Au petit Marguery



L’écrivain Laurent Benégui était il y a déjà un moment à la cinémathèque pour présenter le film qu’il a réalisé, inspiré de sa vie et rayonnant d’humanité. C’est l’histoire simple du dernier repas servi dans un restaurant qui va laisser place à une banque. Les plaisirs de l’assiette, la table qui réunit, de la tendresse, sans s’appesantir, des flash-back qui arrivent sans crier gare, de bons acteurs, la vie qui va, légère et griffante. Quinze ans que ce film a été tourné. 
Si certaines situations apparaissent  aujourd’hui de l’ordre de la fable (le SDF, l’homo revenu dans « le bon chemin », le plongeur kabyle…) c’est que l’époque est devenue impitoyable. Alors il fait bon se réchauffer autour de quelques bonnes bouteilles qui ne laissent pas de gueule de bois : c’est du cinéma.

mardi 21 mai 2013

Hannah Arendt. Margarethe von Trotta.



Le sujet passionnant nous emmène bien loin des petites phrases qui encombrent nos  bavardes machines affolées.
La réalisatrice « Des années de plomb » interroge des aspects troublants de  la nature humaine tout en rendant l’élaboration d’une pensée exigeante très concrète à la lumière du mal absolu … ou banal ?
Pour  « The New Yorker », la philosophe en chair et en courage interprétée par une Barbara Sukowa convaincante assiste au procès Eichmann à Jérusalem.  
Clope au bec, elle nous amène à approfondir des questionnements qui ne se sont pas achevés avec la pendaison d’un des responsables obéissant de «  la solution finale ».
A propos d’une situation exceptionnelle, elle nous amène à nous inquiéter de cette « absence de pensée » qui caractérisa un bourreau mais qui  peut s’appliquer à notre entame d’un siècle expéditif et finalement tellement obéissant quand les cyniques impriment leur idéologie à tout vend. 
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Aujourd'hui je n'ai pas publié de texte concernant la BD alors qu'en principe "mardi: c'est Goscinny ". 
Jusqu'à samedi, je programme des articles concernant le cinéma,  histoire de se la jouer comme Beckcannes.

lundi 20 mai 2013

Les voisins de Dieu. Meni Yaesh.



Les jeunes Israéliens qui se réfugient dans la religion ont beau oublier leur rigorisme autour d’un joint, des battements de la musique ou le temps d’une régression avec ballon, ils sont violents et régentent un quartier, veillent sur le respect pointilleux du shabbat et la tenue des filles.
C’est alors que l’un des plus zélés est frappé de  quelques scrupules quand il tombe amoureux de celle qu’ils tourmentent.
Il va s’humaniser un peu, mais la belle jeune fille sera-t-elle heureuse dans une vie scandée par une loi  qui soumet  les hommes et plus encore les femmes ? Les livres sacrés peuvent éclairer le destin des hommes mais  la notion même de Tout Puissant méconnait liberté, responsabilité et dignité.

dimanche 19 mai 2013

Germinal.Halory Goerger&Antoine Defoort



- Pourquoi Germinal ?
- Parce qu’il y a une pioche !
A l’issue de la représentation d’une heure et quart les artistes répondaient aux questions  des spectateurs de l’Hexagone de Meylan.
- Parce que le titre a fait ses preuves.
Et toutes les réponses des deux compères à l'origine de la représentation étaient du même humour surprenant, décalé, intelligent qu’ils avaient dispensé tout au long de leur spectacle inventif, poétique, foutraque, d’une cohérence impressionnante.
Oui, la pioche maniée avec vigueur par la seule fille sur le plateau, qui défonce la scène, tient un rôle central dans un univers où les machines prennent les têtes.
Il n’est rien moins question que de l’histoire de l’humanité… et ça marche !
 C’est « La rubrique à brac » de Gotlib au temps des SMS, revue par quatre olibrius qui ne se séparent pas souvent de leurs tables de mixages poussiéreuses ou d’un micro fantasque. La parole se réinvente, ainsi que le bonheur d’être ensemble, au milieu des gravats.
Si leur catégorisation du monde n’arrive pas à son terme, le chemin en est réjouissant, le classement dans le groupe « poc poc » ou « non poc poc » en vaut bien d’autres. Et Dieu dans tout ça ?
Il y a même un épisode de comédie musicale et un appel à une société externalisée dès que les recherches risquent de prendre du temps. 
On ne peut plus contemporain, malin et désabusé, énergique et désinvolte, réglé au millimètre et laissant passer le souffle de l’invention dans leur « système endogène génératif ». Jubilatoire.

samedi 18 mai 2013

Suite à un accident de voyageur. Eric Fottorino.



L’ancien directeur du « Monde » va chercher au-delà la formule sibylline des annonces de la SNCF qui ne nomment pas les suicides sur les voies.
Par son écriture pudique il apporte un peu d’humanité quand des voyageurs empêchés ne voient que des heures perdues.
« Vous êtes de la famille ? Non…Alors on ne peut rien vous dire. 
Les quais bondés sont aussi déserts que le Sahara, la chaleur en moins. L’accident de personne n’est vraiment l’accident de personne. »
Jusqu’à ce qu’il recopie des avis pris lors de conversations par Internet où  la violence se donne libre cours, il s’étonne d’être aussi un quidam parmi les quidams, qui ne le sait ?
Le camelot qui vient d’entrer dans le compartiment lui rappelle le « Rien » :
« Sa voix tonitruante nous fait sursauter. Il ne parle pas, il hurle. Il va falloir endurer son discours habituel ; « RERiens, RERiennes ! »
Alors que la presse locale est laconique sur ces nombreuses vies effacées, c’est au Maroc qu’il lit l’histoire d’un accouchement dans le train qui permet de clore avec une jolie note ces quelques pages dont le format  bref convient bien à un aller simple en RER.
La SNCF a offert au bébé, une carte Navigo valable jusqu’à sa majorité.

vendredi 17 mai 2013

Le PSG et le GPS.



Blague sur le site du Phocéen :
« - Comment appelle-t-on à Marseille un GPS en panne ?
- Un PSG »
La vitrine du capitalisme le plus éhonté a laissé voir ses aspects les plus déplaisants.
Bien sûr que les casseurs n’avaient rien à voir avec le sport, et Léonardo a-t-il à voir avec le foot quand il  croit tout se permettre ? Le Quatar a acheté l’organisation d’une coupe du monde prochainement et s’il n’achète pas seulement des hommes en short, son émergence a exacerbé les traits d’un libéralisme débridé, sa morgue, sa perte du sens commun.
Le laid trophée de champion de France de foot devait se brandir devant la Tour Eiffel : la photo est ratée !
Le foot déborde une fois encore des rectangles gazonnés, les images les plus kitsch s’autodétruisent à peine sont-elles éclairées.
En première page du Dauphiné Libéré,  le produit Beckham surjoue la joie, lui qui venait de rentrer sur le terrain pour 2 minutes, le temps d’une remise en jeu désinvolte et d’une photographie bidon. Les médias font semblant.
Canal + oublie le jeu pour filmer l’échauffement du pigiste mercenaire, quand ce n’était pas longuement sa femme dans les tribunes.
Quel amateur de foot n’a pas entendu qu’il était complice de l’entreprise d’abrutissement : « du pain et des jeux  » ?
Mais ce n’est même plus du jeu.
La réalité est  dans le classement du championnat  qui reproduit, à quelques exceptions près, la hiérarchie des budgets.
Bien que je fasse des efforts d’indifférence à cette mascarade, le foot offre une telle caricature de la société que je reste fasciné.
Je n’y perçois plus guère l’innocence de l’enfance, l’enthousiasme de l’adolescence, l’oubli des barrières sociales, mais en ce qui concerne la violence, l’individualisme, la suprématie du pognon, pas besoin de sortir du Chaudron pour qu’ils vous sautent au visage !  
Ibrahimovic ne comprenait pas les sifflets du public du parc des Princes :
« Pourquoi ils m’en veulent ? Avant moi il n’y avait rien ici. »
Certes en ces temps où la vertu cardinale est le charisme, Zlatan en a à revendre, mais les investisseurs sans culture qui viennent de découvrir le pouvoir du ballon rond devraient avoir parmi leurs conseillers en com’ quelqu’un qui leur dise que l’amour lui ne s’achète pas : même Zahia le sait.
La compétition est dénaturée, en déséquilibrant le championnat à ce point, celui-ci perd tout intérêt, les amateurs s’intéressent à qui sera le second.
J’en arriverais à apprécier Aulas qui parlait de fair play financier. 
……
Dans Le Canard de cette semaine