Une façon légère d’aborder la rencontre
de deux cultures : la marocaine et la française,
de deux univers : l’enfance et les adultes se cotoyant dans le microcosme d’un internat,
à la fin des années 60 au Lycée Lyautey à Casablanca.
La décolonisation n’est pas vraiment achevée, les ambigüités n’en sont que plus porteuses de questionnements, sans acrimonie.
Du bled à la ville, des découvertes, des malentendus, les mots jouent pendant 300 pages.
Un autre siècle où la littérature pouvait enchanter le réel, où les vacheries, les incompréhensions ne mutilaient pas, mais permettaient de grandir.
Un humour bienveillant, donc daté, parfois un peu bavard, mais au charme certain peut rappeler le Petit Nicolas.
Mehdi le petit boursier consulte un album où sont représentées les chaussures de Van Gogh dans une famille qui l’accueille en fin de semaine :
« - Dis moi, Mehdi, ça fait bien dix minutes que tu regardes ces vieux godillots en rêvassant.
A quoi penses-tu ?
L’enfant chuchota :
- Je pense à mon père.
Mme Berger se méprit sur le sens de ses paroles.
Elle caressa le front de Mehdi en murmurant, d’une voix pleine de pitié :
- Il en portait de semblables ?
Mehdi sentit une bouffée de honte et de colère monter en lui.
- Non mon père ne portait jamais de chaussures pareilles ! [...]
- Il n’y a pas de honte, tu sais, reprit la mère de Denis. Je t’assure, j’admire ton père, de si humble extraction, d’avoir réussi à mettre son fils au lycée français. Au moins tu n’auras jamais à porter de godillots aussi pourris.
Elle prit la voix la un peu précieuse qu’elle utilisait lorsqu’elle voulait annoncer à Denis(son fils) qu’il y avait un mot ou une expression à apprendre dans la phrase qui venait.
- C’est ce qu’on appelle l’ascension sociale. Répète Denis. »
Les épisodes cocasses ne manquent pas : ainsi à l’occasion d’un mariage à la campagne qui dégénère, le jeune garçon place des vers de Corneille pour décrire le chaos.
Le récit optimiste, est donc vieillot : Mehdi réussira sa scolarité et comprendra mieux ses origines.
samedi 14 janvier 2012
vendredi 13 janvier 2012
La question sociale aujourd’hui. République des idées.
L’intitulé évoquait jadis l’usine et le travail, aujourd’hui, les quartiers difficiles occupent l’espace médiatique, mais bien peu les décideurs. Les patrons se sont éloignés des lieux de production et la police vient au premier rang.
Le lieu des inégalités se situe dans la ville et non plus à l’usine.
Depuis les années 50 jusqu’en 70, le progrès social a accompagné le développement économique : « demain était meilleur » même si à la sortie de la seconde guerre, les guerres coloniales furent peu glorieuses.
L’idée de progrès était alors partagée, la confiance en la science évidente, les protections autour du travail étaient solides, et la trajectoire professionnelle meilleure pour les enfants.
Désormais la confiance en la classe ouvrière s’est troublée avec le rejet des immigrés. Les ancestrales classes dangereuses reviennent à la lueur des incendies de voitures. Et l’explosion sociale touche à l’intimité des familles où les séparations sont bien plus difficiles dans les classes défavorisées.
Le mot « crise » est trompeur car il sous entend qu’il s’agit seulement d’un mauvais moment à passer alors que la précarité, la désaffiliation, le décervelage sont bien installées par la mondialisation capitaliste débridée. La dérégulation qui affecte le salariat interroge les syndicats qui envisagent une sécurité sociale professionnelle, une sécurisation des trajectoires professionnelles pour attacher des droits aux transitions, associer des garanties au travail mobile.
Mais Sofitel et Carlton occupent nos yeux.
« Si les diagnostics ne soignent pas », j’ai retenu aussi ce bon mot de François Dubet : « le décrochage scolaire est la maladie nosocomiale de l’école » au bout de son dialogue avec son vieux compère Robert Castel au forum de la République des idées à la MC2 de Grenoble.
.....
Dessin De Lefred-Thouron dans "Coloscopie de la France du XXI°siècle"
Le lieu des inégalités se situe dans la ville et non plus à l’usine.
Depuis les années 50 jusqu’en 70, le progrès social a accompagné le développement économique : « demain était meilleur » même si à la sortie de la seconde guerre, les guerres coloniales furent peu glorieuses.
L’idée de progrès était alors partagée, la confiance en la science évidente, les protections autour du travail étaient solides, et la trajectoire professionnelle meilleure pour les enfants.
Désormais la confiance en la classe ouvrière s’est troublée avec le rejet des immigrés. Les ancestrales classes dangereuses reviennent à la lueur des incendies de voitures. Et l’explosion sociale touche à l’intimité des familles où les séparations sont bien plus difficiles dans les classes défavorisées.
Le mot « crise » est trompeur car il sous entend qu’il s’agit seulement d’un mauvais moment à passer alors que la précarité, la désaffiliation, le décervelage sont bien installées par la mondialisation capitaliste débridée. La dérégulation qui affecte le salariat interroge les syndicats qui envisagent une sécurité sociale professionnelle, une sécurisation des trajectoires professionnelles pour attacher des droits aux transitions, associer des garanties au travail mobile.
Mais Sofitel et Carlton occupent nos yeux.
« Si les diagnostics ne soignent pas », j’ai retenu aussi ce bon mot de François Dubet : « le décrochage scolaire est la maladie nosocomiale de l’école » au bout de son dialogue avec son vieux compère Robert Castel au forum de la République des idées à la MC2 de Grenoble.
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Dessin De Lefred-Thouron dans "Coloscopie de la France du XXI°siècle"
jeudi 12 janvier 2012
L’idée et la ligne.
Le musée de Grenoble met de l’ordre dans ses dessins : des œuvres à part entière et des préparations pour des peintures plus imposantes.
Le dessin est- il supérieur à la peinture ?
Ingres ou Delacroix ?
Cette série de 125 feuilles choisies parmi 3000, exposée jusqu’en février, vient après la période italienne « De chair et d’esprit ». Cette fois c’est la mesure et le goût français pour l’intellectualisme qui prévalent. Dans des dessins au carreau les visages sont anonymes et quelques batailles abolissent des représentations classiques. J’ai appris d’ailleurs de notre guide Etienne Brunet qui réussit à rendre attractive une exposition qui ne se donne pas facilement, qu’il fallait distinguer les représentations du christ en jardinier par exemple de son image sacrée d’où une notation cocasse d’un Rembrandt où le christ est qualifié « d’après nature ».
Le Brun, De Champaigne, Boucher, David sont les artistes présentés les plus fameux de la renaissance à l’empire, mais bien d’autres illustreront la période maniériste, lyrique, classique ou romantique. Sous les rehauts blancs, les repentir rendent vivants des recherches vibrantes où une carnation pourra être rendue avec une grande économie de moyens où la grande histoire s’accommode des petites histoires. La découverte de Pompéi influencera les artistes au-delà des décors d’une antiquité rêvée qui se dépouilleront avant de s’encombrer à nouveau. Bientôt les dessinateurs vont aller voir sur place les paysages et ils pourront aussi proposer leurs visions de jardins à installer. La période antique continuera à influencer jusqu’aux représentations religieuses ; la ligne claire, celle des BD, s’inscrivait déjà sur les vases grecs.
Le dessin est- il supérieur à la peinture ?
Ingres ou Delacroix ?
Cette série de 125 feuilles choisies parmi 3000, exposée jusqu’en février, vient après la période italienne « De chair et d’esprit ». Cette fois c’est la mesure et le goût français pour l’intellectualisme qui prévalent. Dans des dessins au carreau les visages sont anonymes et quelques batailles abolissent des représentations classiques. J’ai appris d’ailleurs de notre guide Etienne Brunet qui réussit à rendre attractive une exposition qui ne se donne pas facilement, qu’il fallait distinguer les représentations du christ en jardinier par exemple de son image sacrée d’où une notation cocasse d’un Rembrandt où le christ est qualifié « d’après nature ».
Le Brun, De Champaigne, Boucher, David sont les artistes présentés les plus fameux de la renaissance à l’empire, mais bien d’autres illustreront la période maniériste, lyrique, classique ou romantique. Sous les rehauts blancs, les repentir rendent vivants des recherches vibrantes où une carnation pourra être rendue avec une grande économie de moyens où la grande histoire s’accommode des petites histoires. La découverte de Pompéi influencera les artistes au-delà des décors d’une antiquité rêvée qui se dépouilleront avant de s’encombrer à nouveau. Bientôt les dessinateurs vont aller voir sur place les paysages et ils pourront aussi proposer leurs visions de jardins à installer. La période antique continuera à influencer jusqu’aux représentations religieuses ; la ligne claire, celle des BD, s’inscrivait déjà sur les vases grecs.
mercredi 11 janvier 2012
Troyes.
La dénomination AAAAA remise au goût du jour concerne l’« Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique » sise en ce lieu natif de la célèbre charcuterie.
La vieille ville restaurée dont le plan ressemble à un bouchon de champagne est bien mignonne avec ses maisons à colombages qui ont retrouvé leurs couleurs semblables à celles de 1530 après avoir été recouvertes de crépis divers. Les bâtisses à encorbellements se touchent quasiment dans la Ruelle des Chats. L’espace médiéval est vaste et les sculptures, les cariatides, offrent des surprises à tous les regards.
Les églises ne manquent pas :
« Que fait-on à Troyes ?
On y sonne » d’après un dicton.
Saint Pantaléon en particulier comporte des statues polychromes remarquables avec deux juifs à la tribune particulièrement vivants. Lieux de grandes foires depuis le moyen âge, sa fortune liée au textile (la bonneterie) perdure avec les magasins d’usines dont les galeries maintenant baptisées « village de marques » attirent les fashion victims et aspirantes. Nous avons goûté à l’andouillette et déambulé devant quelques boutiques, mais le voyage valait surtout le détour pour sa Maison de l’outil et de la pensée ouvrière située dans un bel hôtel particulier où 8000 outils y sont exposés agréablement.

« Que fait-on à Troyes ?
On y sonne » d’après un dicton.
Saint Pantaléon en particulier comporte des statues polychromes remarquables avec deux juifs à la tribune particulièrement vivants. Lieux de grandes foires depuis le moyen âge, sa fortune liée au textile (la bonneterie) perdure avec les magasins d’usines dont les galeries maintenant baptisées « village de marques » attirent les fashion victims et aspirantes. Nous avons goûté à l’andouillette et déambulé devant quelques boutiques, mais le voyage valait surtout le détour pour sa Maison de l’outil et de la pensée ouvrière située dans un bel hôtel particulier où 8000 outils y sont exposés agréablement.
La muséographie contemporaine joue avec la multiplicité et également sur l’originalité car chaque apprenti concevait son outil marqué ainsi par la personnalité de son propriétaire. Les travailleurs du cuir, du bois, du fer, de la terre, de la pierre ont laissé quelques chefs d’œuvre de leur période de compagnonnage, et leurs instruments à portée de main portent la charge des années de labeur et de fierté de ces artisans.
Le syndicat d’initiative parle du « Louvre de l’ouvrier » : cela me semble juste.
La ville où l’ordre des templiers a vu le jour est aujourd’hui celle de Baroin, Bigard et récemment du docteur Coué de la célèbre méthode.
Attila a été arrêté à ses portes en 451 aux champs catalauniques ;
l’Antiquité se finissait là et le Moyen-âge débutait.
mardi 10 janvier 2012
Journal d’un journal. Mathieu Sapin.
Mathieu Sapin pas Michel (l’ancien ministre) est le dessinateur de ce reportage de 120 pages dans les coulisses du journal Libération où il joue à l’espiègle. La ligne est enfantine, si bien que l’ambiance de la rédaction me rappelle celle que je devinais avec mes yeux d’enfant en lisant Spirou.
Je suis étonné que l’engagement des journalistes surprenne des observateurs. Ils considèrent peut être que ce travail, lui aussi, est seulement une source de revenu.
L’actualité fait carburer la rédaction entre le départ de Joffrin et l’installation de Demorand :
Fukushima, Ben Laden, DSK.
Nous suivons le malicieux chroniqueur dans les services où affleurent la nostalgie de certains anciens, l’énergie de reporters, l’exigence de Pierre Marcelle qui apparaît en conférence de rédaction, tel qu’il est dans ces prises de positions éditoriales.
La BD convient bien à ce type de reportage, foisonnant, genre croquis pris lors d’un procès, petite séquence où un rendez-vous manqué peut être signifiant, belles rencontres, bons mots.
Le vieux lecteur de Libé que je suis s’est régalé et le novice peut y trouver du plaisir tant nous sommes loin des clins d’œil entre initiés qui furent une marque de fabrique du quotidien de la rue de Lorraine maintenant installé dans un ancien garage rue Béranger. La légèreté qui rend le livre attrayant joue au détriment de la profondeur ou d’une interrogation sur l’avenir de ce média.
Je suis étonné que l’engagement des journalistes surprenne des observateurs. Ils considèrent peut être que ce travail, lui aussi, est seulement une source de revenu.
L’actualité fait carburer la rédaction entre le départ de Joffrin et l’installation de Demorand :
Fukushima, Ben Laden, DSK.
Nous suivons le malicieux chroniqueur dans les services où affleurent la nostalgie de certains anciens, l’énergie de reporters, l’exigence de Pierre Marcelle qui apparaît en conférence de rédaction, tel qu’il est dans ces prises de positions éditoriales.
La BD convient bien à ce type de reportage, foisonnant, genre croquis pris lors d’un procès, petite séquence où un rendez-vous manqué peut être signifiant, belles rencontres, bons mots.
Le vieux lecteur de Libé que je suis s’est régalé et le novice peut y trouver du plaisir tant nous sommes loin des clins d’œil entre initiés qui furent une marque de fabrique du quotidien de la rue de Lorraine maintenant installé dans un ancien garage rue Béranger. La légèreté qui rend le livre attrayant joue au détriment de la profondeur ou d’une interrogation sur l’avenir de ce média.
lundi 9 janvier 2012
Les crimes de Snowtown. Justin Kurzel.
Le cinéma des antipodes arrive rarement jusqu’à nous et à cette occasion nous apprenons avec effarement que cette histoire horrible est construite à partir d’une réalité inenvisageable (11 assassinats).
Le réalisateur n’a pas lésiné sur les effets spectaculaires qui nous conduisent d’une sidération à l’autre.
La barbarie n’est pas que dans les actes: de surcroit le tueur en série pervertit de pauvres bougres pour ses entreprises de la plus haute cruauté.
La violence suinte à chaque pas dans ce milieu social complètement défait de la banlieue d’Adelaïde.
Avec l’intransigeance de sa morale mortifère, l’ange exterminateur passe aux actes les plus déments sans état d’âme.
Un kangourou débité à la hache est déversé sur notre canapé.
...
Si j'ai suspendu sans préavis la publication quotidienne de mes articles, c'est que mon ordinateur a connu une grosse fatigue. Que mes visiteurs fidèles veuillent bien m'en excuser.
Un kangourou débité à la hache est déversé sur notre canapé.
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Si j'ai suspendu sans préavis la publication quotidienne de mes articles, c'est que mon ordinateur a connu une grosse fatigue. Que mes visiteurs fidèles veuillent bien m'en excuser.
jeudi 5 janvier 2012
Au Métropolitan muséum.
Lors de la visite d’un musée, je fais souvent l’impasse sur la période renaissance.
Alors, quand à la conférence des amis du musée, Damien Capellazzi nous emmène au plus près des toiles italiennes et espagnoles de cette époque, j’essaye de surmonter mes lacunes et je suis au plus près les détails que le conférencier nous montre.
Grâce aux zooms du numérique nous rentrons dans la matière d’une quarantaine de toiles parfois toutes petites mais extraordinairement précises.
L’inquiétude de la vierge de Berlinghieri est palpable, quand elle montre la voie en présentant l’enfant. Elle a donné la vie, et la mort viendra. Ailleurs, Jésus petit, joue avec le voile maternel qui peut pressentir le suaire. En avançant dans la chronologie il prendra de plus en plus un visage de bébé.
La mouche de Crivelli posée à côté de la mère et de l’enfant n’est pas anodine.
Les tableaux les plus anciens ne sont pas figés : à suivre les regards dans l’épiphanie de Giotto, le mouvement est bien présent dans un espace que rois et bergers partagent. Les rois mages sont trois comme les continents alors connus et comme les trois âges de la vie.
L’éponge imbibée de vinaigre que l’on retrouve dans le tableau de Fra Angelico, au-delà de la soif qu’elle n’étanche pas, constitue une insulte absolue puisqu’elle était destinée à la toilette intime des soldats.
Des larmes jaillissent des yeux parmi les cris étouffés de Jean et de Marie, mais la vierge de tendresse de Mantegna s‘approche de nous.
Les madones de l’école vénitienne seront brunes, tziganes, sombres et mélancoliques. Les portraits qui viennent par la suite accompagneront la réussite des marchands. Cupidon fait pipi sur Vénus dans un tableau de Lotto, et Vénus s’accroche théâtralement à son amant chez Titien.
Le Caravage a le casting plébéien et Valentin de Boulogne enregistre le réel avec subtilité. Dans un tableau, des anges montrent les stigmates ingénument pendant qu’ailleurs le christ apparaît au loin dans un paysage d’automne authentique. Murillo, Vélasquez doivent beaucoup à Venise. Zurbaran va péricliter en même temps que Séville. Les personnages malmenés du Gréco sont fragiles, incertains, Cézanne lui ressemble quand il hésite entre concave et convexe.
Alors, quand à la conférence des amis du musée, Damien Capellazzi nous emmène au plus près des toiles italiennes et espagnoles de cette époque, j’essaye de surmonter mes lacunes et je suis au plus près les détails que le conférencier nous montre.
Grâce aux zooms du numérique nous rentrons dans la matière d’une quarantaine de toiles parfois toutes petites mais extraordinairement précises.
L’inquiétude de la vierge de Berlinghieri est palpable, quand elle montre la voie en présentant l’enfant. Elle a donné la vie, et la mort viendra. Ailleurs, Jésus petit, joue avec le voile maternel qui peut pressentir le suaire. En avançant dans la chronologie il prendra de plus en plus un visage de bébé.
La mouche de Crivelli posée à côté de la mère et de l’enfant n’est pas anodine.
Les tableaux les plus anciens ne sont pas figés : à suivre les regards dans l’épiphanie de Giotto, le mouvement est bien présent dans un espace que rois et bergers partagent. Les rois mages sont trois comme les continents alors connus et comme les trois âges de la vie.
L’éponge imbibée de vinaigre que l’on retrouve dans le tableau de Fra Angelico, au-delà de la soif qu’elle n’étanche pas, constitue une insulte absolue puisqu’elle était destinée à la toilette intime des soldats.
Des larmes jaillissent des yeux parmi les cris étouffés de Jean et de Marie, mais la vierge de tendresse de Mantegna s‘approche de nous.
Les madones de l’école vénitienne seront brunes, tziganes, sombres et mélancoliques. Les portraits qui viennent par la suite accompagneront la réussite des marchands. Cupidon fait pipi sur Vénus dans un tableau de Lotto, et Vénus s’accroche théâtralement à son amant chez Titien.
Le Caravage a le casting plébéien et Valentin de Boulogne enregistre le réel avec subtilité. Dans un tableau, des anges montrent les stigmates ingénument pendant qu’ailleurs le christ apparaît au loin dans un paysage d’automne authentique. Murillo, Vélasquez doivent beaucoup à Venise. Zurbaran va péricliter en même temps que Séville. Les personnages malmenés du Gréco sont fragiles, incertains, Cézanne lui ressemble quand il hésite entre concave et convexe.
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