Dans la série policière « Le Poulpe » chaque livre est écrit par un auteur différent, avec des titres délicieux : « La Petite Écuyère a cafté », « Arrêtez le carrelage », « Pour cigogne le glas », « Ouarzazate et mourir » …
Je ne suis pas un connaisseur de la série noire mais des pointures collaborèrent à la série : Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Didier Daeninckx, Gérard Lefort, Cesare Battisti, Martin Winckler…
Il allait de soi de mettre en cases le récit des meurtres en série qui affectent le monde de la BD. Le héros, de son vrai nom Lecouvreur, est anar et renverse un peu les codes du polar qui furent marqués à droite dans les années soixante. Il a la gueule de Daroussin dans ce volume des éditions « six pieds sous terre ».
Les connivences établies avec le lecteur qui font le sel des séries se renforcent dans la bande dessinée où les clins d’œil sont d’usage, si bien que le récit peut sembler quelque peu elliptique au petit nouveau. Se lit sans peine, avec des dessins efficaces, mais ne laisse pas de trace.
mardi 22 mars 2011
lundi 21 mars 2011
Ma part du gâteau. Cédric Klapisch.
A quatre contre un, mes amis ont passé un bon moment et je me suis retrouvé bien seul à trouver cette comédie vraiment trop caricaturale malgré les belles images et quelques notations drôles telles que l’évaluation du prix des heures de garde d’enfant. Je ne me sens pas pour autant indulgent à l’égard des traders, ni éloigné des solidarités ouvrières et j’aimerais bien assister au carnaval de Dunkerque. Mais pourquoi faut il que le cinéma français utilise chaque fois la manière de la fable pour traiter des réalités sociales ? Ce serait dans ce cas : "la bonne à tout faire et le financier". Même ceux qui ont aimé cette pretty « mère courage » peuvent reconnaître la suprématie anglaise sur ces sujets sociaux.
La femme de ménage, personnage incontournable en ce moment, est une ancienne ouvrière licenciée. En milieu solidaire, elle surmonte vite une tentative de suicide. France, si sage et pétillante, se retrouve à ramasser les miettes chez Steve qui a bien mérité sa solitude devant ses écrans. C’est justement lui qui a causé l'exil de sa repasseuse de Dunkerque à Paris. On se demande si le réalisateur va oser ce qui est fatal dans ce genre de confrontation : eh bien oui, il a osé !
La femme de ménage, personnage incontournable en ce moment, est une ancienne ouvrière licenciée. En milieu solidaire, elle surmonte vite une tentative de suicide. France, si sage et pétillante, se retrouve à ramasser les miettes chez Steve qui a bien mérité sa solitude devant ses écrans. C’est justement lui qui a causé l'exil de sa repasseuse de Dunkerque à Paris. On se demande si le réalisateur va oser ce qui est fatal dans ce genre de confrontation : eh bien oui, il a osé !
dimanche 20 mars 2011
Bulbus. Daniel Jeanneteau.
Je dirais : « glagla ! » pour jouer ton sur ton avec les images proposées d’après le texte d’Anja Hilling nous conduisant dans un village hors du monde où échouent un journaliste et une femme qui s’est trompée de bus, alors qu’aucun bus n’arrive dans ces montagnes…
La scène circulaire d’un blanc éclatant tiendra lieu parfois de patinoire, elle reçoit ce couple où la jeune femme est d’abord inerte et celui qui la porte très bavard. Il évoque des faits divers dramatiques avec la même intensité que des détails sans importance.
Les deux beaux jeunes acteurs ont beau se mettre nus à la fin, l’amour dont il parle n’est pas incarné. Certains spectateurs n’ont pas tenu l’heure trois quarts que dure cette pièce; je ne me suis pas ennuyé, mais je suis resté désorienté.
Le programme nous explique : « Dans un monde d’apparence simple, le poids d’une mémoire gelée vient affleurer dans les gestes les plus quotidiens d’un groupe d’humains prisonniers de leur passé, empêchant la génération suivante de lui succéder, la piégeant dans son désir d’oubli… »
Finalement, j’ai bien saisi : c’est froid ! Aussi passionnant qu’une partie de curling qui n’arrive pas à se jouer.
La scène circulaire d’un blanc éclatant tiendra lieu parfois de patinoire, elle reçoit ce couple où la jeune femme est d’abord inerte et celui qui la porte très bavard. Il évoque des faits divers dramatiques avec la même intensité que des détails sans importance.
Les deux beaux jeunes acteurs ont beau se mettre nus à la fin, l’amour dont il parle n’est pas incarné. Certains spectateurs n’ont pas tenu l’heure trois quarts que dure cette pièce; je ne me suis pas ennuyé, mais je suis resté désorienté.
Le programme nous explique : « Dans un monde d’apparence simple, le poids d’une mémoire gelée vient affleurer dans les gestes les plus quotidiens d’un groupe d’humains prisonniers de leur passé, empêchant la génération suivante de lui succéder, la piégeant dans son désir d’oubli… »
Finalement, j’ai bien saisi : c’est froid ! Aussi passionnant qu’une partie de curling qui n’arrive pas à se jouer.
samedi 19 mars 2011
Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants.
Le titre extrait de Kipling m’avait parlé, d’autant plus que ce livre de Mathias Enard a reçu le Goncourt des lycéens, après le prix Inter l’an dernier pour Zone.
Eh bien j’ai été plutôt déçu en regard des promesses du titre, avec un thème fort autour de la rencontre entre Michel Ange et l’empire Ottoman qui nous concerne en notre siècle pourtant loin des Renaissances. Mais je n’ai trouvé ni souffle, ni sensualité, pas d’odeurs, dans cet épisode de la vie du florentin amené à concevoir un pont entre Asie et Europe pour le sultan de Constantinople, Bajazet.
Nous ne partageons pas le processus créatif, ni la dimension colossale du projet et l’artiste lui-même ne s’est pas aperçu de la passion qu’il suscitait.
Je ne suis pas un amateur acharné de gros pavés, mais ces chapitres très courts conviennent à la lecture en métro mais n’ont pu rendre une quelconque épaisseur romanesque à partir d’une idée qui avait tout pour séduire.
Il est difficile d’entrer en sympathie avec ce Michelangelo dont la motivation principale réside dans sa rivalité avec Léonard de Vinci.
Une des rares phrases que j’ai voulu retenir de ces 148 pages trop légères :
« Michel ange reste un moment silencieux, avant de souffler : - C’est juste.
Nous singeons tous Dieu en son absence. »
Eh bien j’ai été plutôt déçu en regard des promesses du titre, avec un thème fort autour de la rencontre entre Michel Ange et l’empire Ottoman qui nous concerne en notre siècle pourtant loin des Renaissances. Mais je n’ai trouvé ni souffle, ni sensualité, pas d’odeurs, dans cet épisode de la vie du florentin amené à concevoir un pont entre Asie et Europe pour le sultan de Constantinople, Bajazet.
Nous ne partageons pas le processus créatif, ni la dimension colossale du projet et l’artiste lui-même ne s’est pas aperçu de la passion qu’il suscitait.
Je ne suis pas un amateur acharné de gros pavés, mais ces chapitres très courts conviennent à la lecture en métro mais n’ont pu rendre une quelconque épaisseur romanesque à partir d’une idée qui avait tout pour séduire.
Il est difficile d’entrer en sympathie avec ce Michelangelo dont la motivation principale réside dans sa rivalité avec Léonard de Vinci.
Une des rares phrases que j’ai voulu retenir de ces 148 pages trop légères :
« Michel ange reste un moment silencieux, avant de souffler : - C’est juste.
Nous singeons tous Dieu en son absence. »
vendredi 18 mars 2011
Michel Serres : « les plaques tectoniques… »
Dany a pris des notes aux « Etats généraux du Renouveau », à Grenoble le dimanche 30 janvier.
Michel Serres nous a régalés d'une conférence, limpide, chaleureuse, sur le thème pourtant si sévère : « Vivons-nous un temps de Crise ? »
Il y reprenait les points principaux de son ouvrage : « Temps des crises. »
La CRISE est comparée à un séisme violent qui fracture en surface l'écorce terrestre alors qu'il est provoqué en profondeur, par la lente et imperceptible avancée des plaques tectoniques. Pour comprendre les secousses financières et boursières qui ébranlent notre monde aujourd'hui, besoin est de remonter, dans la durée de l'histoire et dans l'espace, aux ruptures sociétales, économiques, civilisationnelles,
à des « révolutions » parfois passées complètement inaperçues.
Les campagnes qui se vident (85% des habitants en 1900, 1,2% de ruraux en 2010) : l'essayiste date la fin du néolithique dans les années 1960-70.
• L'urbanisation et la nouvelle occupation de l'espace.
• L'allongement de la vie et le nouveau rapport au corps, autrefois source de toutes les douleurs, aujourd'hui montrable parce que sain : quid des MORALES, doloristes jusque là ? (« Tu enfanteras dans la douleur » / péridurale par exemple)
• et donc les nouveaux choix de vie : avoir ou non un enfant, se marier ou pas et pour combien de temps, etc.
• La plus longue période sans guerre depuis l'Antiquité (50 ans).
• Le nombre d'humains, 1 milliard au début du XXème plus de 7 bientôt.
• Les nouvelles relations : « l'individu » et la nouvelle donne sociale :
impossibilité de « faire équipe » (divorces, groupe classe, etc.)
L'équipe de France de foot et son attitude déplorable : champion du monde de sociologie !
• Confusion entre Identité et Appartenance et risques d'intolérance et de racisme. PROBLEME MAJEUR : QUELS NOUVEAUX RAPPORTS ENTRE LES HOMMES ?
• L'arrivée en masse des nouvelles technologies et leur rôle sur l'environnement et l'espace : avec le téléphone portable et le web, nous n'avons plus d'adresse repérable et nos messages s'inscrivent sur un nouveau support (550 millions d’abonnés à Facebook). « L'espace de voisinage » ne connaît plus de distances.
• Les problèmes environnementaux : (sur 10 conflits récents, 7 au sujet de l'eau.) Polluer c'est s'approprier un espace. Devant les dangers pour la planète, réussirons-nous une coexistence pacifique afin de la sauver ?
Michel Serres nous a régalés d'une conférence, limpide, chaleureuse, sur le thème pourtant si sévère : « Vivons-nous un temps de Crise ? »
Il y reprenait les points principaux de son ouvrage : « Temps des crises. »
La CRISE est comparée à un séisme violent qui fracture en surface l'écorce terrestre alors qu'il est provoqué en profondeur, par la lente et imperceptible avancée des plaques tectoniques. Pour comprendre les secousses financières et boursières qui ébranlent notre monde aujourd'hui, besoin est de remonter, dans la durée de l'histoire et dans l'espace, aux ruptures sociétales, économiques, civilisationnelles,
à des « révolutions » parfois passées complètement inaperçues.
Les campagnes qui se vident (85% des habitants en 1900, 1,2% de ruraux en 2010) : l'essayiste date la fin du néolithique dans les années 1960-70.
• L'urbanisation et la nouvelle occupation de l'espace.
• L'allongement de la vie et le nouveau rapport au corps, autrefois source de toutes les douleurs, aujourd'hui montrable parce que sain : quid des MORALES, doloristes jusque là ? (« Tu enfanteras dans la douleur » / péridurale par exemple)
• et donc les nouveaux choix de vie : avoir ou non un enfant, se marier ou pas et pour combien de temps, etc.
• La plus longue période sans guerre depuis l'Antiquité (50 ans).
• Le nombre d'humains, 1 milliard au début du XXème plus de 7 bientôt.
• Les nouvelles relations : « l'individu » et la nouvelle donne sociale :
impossibilité de « faire équipe » (divorces, groupe classe, etc.)
L'équipe de France de foot et son attitude déplorable : champion du monde de sociologie !
• Confusion entre Identité et Appartenance et risques d'intolérance et de racisme. PROBLEME MAJEUR : QUELS NOUVEAUX RAPPORTS ENTRE LES HOMMES ?
• L'arrivée en masse des nouvelles technologies et leur rôle sur l'environnement et l'espace : avec le téléphone portable et le web, nous n'avons plus d'adresse repérable et nos messages s'inscrivent sur un nouveau support (550 millions d’abonnés à Facebook). « L'espace de voisinage » ne connaît plus de distances.
• Les problèmes environnementaux : (sur 10 conflits récents, 7 au sujet de l'eau.) Polluer c'est s'approprier un espace. Devant les dangers pour la planète, réussirons-nous une coexistence pacifique afin de la sauver ?
jeudi 17 mars 2011
Les vanités dans l’art contemporain.
La conférencière, si peu conférencière, de ce soir a mis en évidence, par défaut, la qualité constante des intervenants habituels aux amis du musée. Il n’y avait qu’à entendre Jean Serroy qui, lors d’une brève intervention pour sauver Anne Marie Charbonneau du naufrage, en a plus dit qu’elle en deux heures. Elle s’était contentée de lire sans conviction, avec un micro dans lequel elle ne savait pas parler, quelques citations et projeter trois vidéos. La jeune fille qui est venue mettre en route les appareils que la maîtresse de cérémonie ne maitrisait pas, aurait mieux convenu en nous dispensant de la pédanterie : « tout le monde sait ça » ou des demandes au public quant à la marche à suivre : « est ce que je continue la projection ? » Elle s’est exemptée de nous donner quelques clefs puisque « les œuvres sont tellement fortes qu’elles parlent d’elles mêmes ». Un concentré qui aurait fini par être réjouissant de tout ce qu’il ne faut pas faire. C’était « l’inanité dans l’art contemporain ».
« La temporalité de l’artiste fait œuvre elle-même » pour un plan séquence vidéo interrompu au bout de 20 minutes parcourant une accumulation de 25 m de livres, sur lesquels sont posés de réveils et des escargots, quelques bougies fument entre les crânes incontournables des vanités du XVII°.
Une autre vidéo de Michel Blazy, l’homme des purées de légumes qui moisissent sur les murs. Ici la caméra nous conduit au cœur des décompositions où des insectes s’installent, les mouches et les asticots sont en vedette, les lumières sont boréales dans les entrailles d’un poivron qui a passé la date de péremption.
Les plus féconds à mes yeux sont deux suisses Fischly et Weiss avec un film d’une demi-heure où des objets se bousculent dans un enchainement réjouissant d’inventivité, d’humour, de profondeur. Une roue (de la fortune ?) entraine le basculement d’une planche où des bouteilles en plastique, clepsydres de fortune, ralentissent le déroulement fatal qui reprend avec des casseroles bouillonnantes, des chariots improbables sur des rails, des embrasements. Les liquides débordent, la glace fond, les déséquilibres s’avèrent moteur, ça balance, ça bascule, hésite, accélère, fume, branle au manche, les plans s’inclinent, des ballons éclatent. On attend, on est surpris par ces bricolages et l’on marche dans cette dramaturgie fragile et incertaine.
Il y aura matière pour une autre conférence sur le sujet.
« La temporalité de l’artiste fait œuvre elle-même » pour un plan séquence vidéo interrompu au bout de 20 minutes parcourant une accumulation de 25 m de livres, sur lesquels sont posés de réveils et des escargots, quelques bougies fument entre les crânes incontournables des vanités du XVII°.
Une autre vidéo de Michel Blazy, l’homme des purées de légumes qui moisissent sur les murs. Ici la caméra nous conduit au cœur des décompositions où des insectes s’installent, les mouches et les asticots sont en vedette, les lumières sont boréales dans les entrailles d’un poivron qui a passé la date de péremption.
Les plus féconds à mes yeux sont deux suisses Fischly et Weiss avec un film d’une demi-heure où des objets se bousculent dans un enchainement réjouissant d’inventivité, d’humour, de profondeur. Une roue (de la fortune ?) entraine le basculement d’une planche où des bouteilles en plastique, clepsydres de fortune, ralentissent le déroulement fatal qui reprend avec des casseroles bouillonnantes, des chariots improbables sur des rails, des embrasements. Les liquides débordent, la glace fond, les déséquilibres s’avèrent moteur, ça balance, ça bascule, hésite, accélère, fume, branle au manche, les plans s’inclinent, des ballons éclatent. On attend, on est surpris par ces bricolages et l’on marche dans cette dramaturgie fragile et incertaine.
Il y aura matière pour une autre conférence sur le sujet.
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