Les miroirs étaient trop hauts dans notre logement étroit, ou alors, ma joie de vivre était si forte qu’elle se passait de sa représentation.
Autrefois je contemplais mon image pour me voir belle, pour le croire, pour enfin aujourd’hui ne plus m’en préoccuper après en avoir douté. Je me dis que je suis enfin libérée de cette hallucination servie sur le plateau vertical des miroirs.
Quand un homme de ma génération me dit, mi figue mi raisin : « Tu es encore consommable… », je réponds que je ne suis plus une oie blanche et qu’il n’a pas l’air non plus d’un pigeon. Nous rigolons, nous nous faisons la bise. C’est moins fatigant que de trampoliner dans un plumard et plus sûr pour nos ostéoporoses ! Bien entendu, ces messieurs sur le retour (on devrait plutôt dire en avance sur le peloton) audacieux en paroles ne sont pas toujours très doués dans l’art de séduire.
Tandis qu’en catastrophe le Don Juan évoque les images de ses dulcinées d’antan afin de ravigoter son ustensile, elle, en attente paresseuse de l’événement improbable finit par ouvrir sa flore (à défaut d’autre chose) et de s’écrier :
- Botrychium Lunaria ! Je savais que j’en trouverais dans ce coin ! Regarde, n’est-elle pas mignonne cette minuscule fougère rescapée du Tertiaire ? Deux centimètres au plus…
- Ce n’est pas beaucoup en effet, commente-t-il, en se refalzarisant. Faudrait que je la photographie en macro ta… Tu as dit ?
Charmante sexualité des seniors !
Les miroirs étaient placés trop haut dans le logement étroit de mon enfance. Je trottais plus bas que ces nids aux alouettes, préoccupée de ce que je trouvais par terre. Si les vieillards regardent par prédilection le ciel en dépit de leurs arthroses cervicales, les petits enfants, depuis si peu de temps sur terre et encore tout étonnés de l’aventure, examinent le sol, l’apprivoisent à pas branlants cette chose qui les tient et parfois les bascule.
Clémence Psyché
mardi 17 novembre 2009
lundi 16 novembre 2009
Le ruban blanc.
Un grand film, celui de la beauté du diable.
Contrairement à ce que je craignais : une démonstration sans nuance sur les origines du mal ; notre liberté de spectateur est totale, avec des nuances voire des contradictions portées par des images superbes, et des acteurs inoubliables, qu’ils expriment la dignité ou la perversité. Les portes restent fermées sur bien des secrets, mais ces deux heures et demie nous marquent. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film « 1900 » puisqu’il s’agit aussi de la chronique d’une communauté paysanne et j’ai mesuré tout ce qui séparait ce film du Nord noir et blanc, miroir de notre siècle cruel, de celui de Bertolucci odorant, coloré, porté par l’énergie de la lutte pour un monde meilleur : les années 70 sont mortes. Les enfants, nombreux derrière les volets clos savent les noirceurs du monde, et il n’y pas que les coups de verge assénés qui sont violents. Les moments de paix ne durent pas, les rares fêtes finissent mal et s’il y a bien un enfant encore innocent, il n’entame pas la sévérité paternelle. L’instituteur qui tient le fil du récit, a renoncé à son métier. Un film pour aujourd’hui.
Contrairement à ce que je craignais : une démonstration sans nuance sur les origines du mal ; notre liberté de spectateur est totale, avec des nuances voire des contradictions portées par des images superbes, et des acteurs inoubliables, qu’ils expriment la dignité ou la perversité. Les portes restent fermées sur bien des secrets, mais ces deux heures et demie nous marquent. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film « 1900 » puisqu’il s’agit aussi de la chronique d’une communauté paysanne et j’ai mesuré tout ce qui séparait ce film du Nord noir et blanc, miroir de notre siècle cruel, de celui de Bertolucci odorant, coloré, porté par l’énergie de la lutte pour un monde meilleur : les années 70 sont mortes. Les enfants, nombreux derrière les volets clos savent les noirceurs du monde, et il n’y pas que les coups de verge assénés qui sont violents. Les moments de paix ne durent pas, les rares fêtes finissent mal et s’il y a bien un enfant encore innocent, il n’entame pas la sévérité paternelle. L’instituteur qui tient le fil du récit, a renoncé à son métier. Un film pour aujourd’hui.
dimanche 15 novembre 2009
Objet mystérieux
L’homme à (la) tête de chou
Marilou la shampouineuse disparue sous la neige carbonique aurait pu être ravie de cette œuvre consacrée à ses charmes par Gainsbourg (1976) Bashung(2008), et Galotta qui vient d’y rajouter sa touche, touche. D’un zip de Lewis nous basculons vers Caroll Lewis, l’humour nous chope par la braguette; la musique, les petits pas narguent la mort. Mes amis se sont lassés des manières du grenoblois, je lui suis resté fidèle. Je me régale de retrouver ses codes et de déguster ses trouvailles. La troupe de 14 danseurs a pris de l’ampleur, avec une énergie nouvelle qui fait se croiser la liberté singulière de chaque danseur avec des envolées, tous ensemble, au quart de poil. Des tableaux de toute beauté, 1h10 à retenir son souffle. Danser avec le slip aux chevilles et dire la violence, la vitalité primale, le désespoir. Courir. Fort.
samedi 14 novembre 2009
Le sénat ce rempart !
Tout ce qui peut contrarier l’énervé qui fait honte à notre identité républicaine, a du bon. Mais où en sommes nous rendus, si l’archaïque et somnolent sénat reste notre dernier rempart pour gérer un pays plus démocratiquement ?
Quelques propositions de réforme des collectivités locales les plus distrayantes sont données en pâture aux médias qui alimenteront ainsi les boites à blagues. Les plaques minéralogiques occuperont les alentours des machines à café et rien ne changera.
Nous avons voté le non cumul des mandats au P.S. en contrariant nos cumulards.
Pendant ce temps ceux qui cumulent un poste ministériel et la responsabilité d’un exécutif local ne lâchent rien.
Il conviendrait en outre de dénoncer l’empilement des rôles qui échappent à tout contrôle.
Mais que peut dire le journaliste qui fait des ménages au politique qui accumule les sièges, les présidences ?
Les instances se sont multipliées avec leurs réseaux, et là se fortifient les féodalités ; le pouvoir des technocrates s’exerce à plein. La présidentialisation n’est pas l’apanage de l’Elysée avec sa loi du secret implacable pour les éloignés des cabinets qui eux gouvernent pour de vrai.
L’affaire scandaleuse de Jean Sarkozy à l’EPAD n’était pas qu’un problème de fils à papa mais aussi celui de l’EPAD et de telles structures!
Nous sommes loin des fièvres participatives qui nous reprirent le temps d’une campagne et s’il faut bien connaître ces cuisines issues des mécanismes représentatifs, reste-t-il des espaces où la sollicitation de la parole du citoyen ne soit pas un leurre ?
Quelques propositions de réforme des collectivités locales les plus distrayantes sont données en pâture aux médias qui alimenteront ainsi les boites à blagues. Les plaques minéralogiques occuperont les alentours des machines à café et rien ne changera.
Nous avons voté le non cumul des mandats au P.S. en contrariant nos cumulards.
Pendant ce temps ceux qui cumulent un poste ministériel et la responsabilité d’un exécutif local ne lâchent rien.
Il conviendrait en outre de dénoncer l’empilement des rôles qui échappent à tout contrôle.
Mais que peut dire le journaliste qui fait des ménages au politique qui accumule les sièges, les présidences ?
Les instances se sont multipliées avec leurs réseaux, et là se fortifient les féodalités ; le pouvoir des technocrates s’exerce à plein. La présidentialisation n’est pas l’apanage de l’Elysée avec sa loi du secret implacable pour les éloignés des cabinets qui eux gouvernent pour de vrai.
L’affaire scandaleuse de Jean Sarkozy à l’EPAD n’était pas qu’un problème de fils à papa mais aussi celui de l’EPAD et de telles structures!
Nous sommes loin des fièvres participatives qui nous reprirent le temps d’une campagne et s’il faut bien connaître ces cuisines issues des mécanismes représentatifs, reste-t-il des espaces où la sollicitation de la parole du citoyen ne soit pas un leurre ?
vendredi 13 novembre 2009
L’immeuble d’en face. 2
J’ai repensé à des gravures du XIX° siècle où l’époque pouvait se résumer à l’écorché d’un immeuble; la vie se montrait à chaque étage avec sa famille bourgeoise et son artiste sous les combles. L’album de BD de Vanyda révèle avec virtuosité notre époque, façon manga avec une mise en page variée et une narration habile : la mère célibataire, le jeune couple et celui qui a un gros chien... La façade est tombée, mais les solitudes s’installent derrière les ordinateurs, ou les bavardages, mais des moments de tendresse arrivent comme ça sans en avoir l’air.
- Et toi Claire tu as commandé quoi au papa Noël ?
- Hum, tu sais, j’ai pas encore eu trop le temps d’y réfléchir en fait!
- Moi, je voulais trop de choses. Maman m’a dit qu’il fallait partager avec tous les autres enfants.
- Et alors finalement y avait quoi dans ta lettre ?
- Alors j’ai commandé une baguette magique, un chien en peluche, et aussi du maquillage avec des paillettes…
- Et toi Claire tu as commandé quoi au papa Noël ?
- Hum, tu sais, j’ai pas encore eu trop le temps d’y réfléchir en fait!
- Moi, je voulais trop de choses. Maman m’a dit qu’il fallait partager avec tous les autres enfants.
- Et alors finalement y avait quoi dans ta lettre ?
- Alors j’ai commandé une baguette magique, un chien en peluche, et aussi du maquillage avec des paillettes…
jeudi 12 novembre 2009
L’âge d’or de la Hanse.
Du XII° au XVII° siècle, l’association des marchands de la Baltique assoit la puissance de villes comme Lubeck, Wismar, Stralsund. Relativement épargnées par les bombardements de 1942 et préservées de modernisations intempestives par l’assoupissement économique de ces cités après la guerre de 30 ans, les vieilles villes gardent leur caractère moyenâgeux.
Daniel Soulé, le conférencier aux amis du musée, aurait pu prévoir une carte pour appuyer son propos érudit sur cette période faste, de même qu’il a évoqué le portrait d’un marchand par Holbein qui aurait pu rendre plus chaleureuse l’évocation de ces années. Il nous promène dans les rues qui descendent vers la Trave, le fleuve de Lubeck, la ville aux sept tours. Les pignons variés témoignent des différentes époques de construction en gardant une cohérence harmonieuse. Les marchandises s’entreposaient sous les toits près des quais, et dans des caves pour les maisons sur les hauteurs de la ville. Il subsiste des rez-de-chaussée aux volumes considérables et entre deux opulentes maisons patriciennes, des habitations modestes qui accueillaient alors les veuves et les filles ne pouvant aller au couvent, s’ordonnent de part et d’autre de couloirs à ciel ouvert.
Le sel, l’ambre, les fourrures, les œuvres d’art, le vin de Bordeaux, étaient commercialisés dans cette partie septentrionale de l’Europe jusqu’à l’intérieur des terres et vers des comptoirs à Bruges, à Londres, Novgorod qui ouvrira la route vers l’Orient. La brique est reine jusqu’aux arcs-boutants pourtant inutiles pour de gigantesques cathédrales, mais aussi dans l’architecture des hôtels de ville, un hospice splendide : du gothique allemand. Des retables, des polyptyques, des sculptures magnifiques ont échappé aux rigueurs du luthérianisme triomphant.
Daniel Soulé, le conférencier aux amis du musée, aurait pu prévoir une carte pour appuyer son propos érudit sur cette période faste, de même qu’il a évoqué le portrait d’un marchand par Holbein qui aurait pu rendre plus chaleureuse l’évocation de ces années. Il nous promène dans les rues qui descendent vers la Trave, le fleuve de Lubeck, la ville aux sept tours. Les pignons variés témoignent des différentes époques de construction en gardant une cohérence harmonieuse. Les marchandises s’entreposaient sous les toits près des quais, et dans des caves pour les maisons sur les hauteurs de la ville. Il subsiste des rez-de-chaussée aux volumes considérables et entre deux opulentes maisons patriciennes, des habitations modestes qui accueillaient alors les veuves et les filles ne pouvant aller au couvent, s’ordonnent de part et d’autre de couloirs à ciel ouvert.
Le sel, l’ambre, les fourrures, les œuvres d’art, le vin de Bordeaux, étaient commercialisés dans cette partie septentrionale de l’Europe jusqu’à l’intérieur des terres et vers des comptoirs à Bruges, à Londres, Novgorod qui ouvrira la route vers l’Orient. La brique est reine jusqu’aux arcs-boutants pourtant inutiles pour de gigantesques cathédrales, mais aussi dans l’architecture des hôtels de ville, un hospice splendide : du gothique allemand. Des retables, des polyptyques, des sculptures magnifiques ont échappé aux rigueurs du luthérianisme triomphant.
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