mercredi 16 septembre 2009

J2 : Musée d’ethnologie d’Hanoï

Nous traversons les 7 km, de la vieille ville jusqu’au musée d’ethnologie dans le même effarement qu’hier concernant la circulation, tandis que le compteur du taxi défile jusqu’à 100 000 dongs. Chaleur moite, environ 30°, mais le ciel bleu qui apparaît n’a pas la luminosité blanchâtre d’hier.
Entrée du musée d’ethnologie : 25 000 dongs par personne (1€). Nous commençons la visite par le musée intérieur où une plaque rappelle l’aide apportée par Jacques Chirac. Le musée est d’une grande richesse, les objets proviennent de différentes ethnies, nombreuses et surprenantes dans leur diversité, mais aussi dans leur fonction et représentations universelles.
Citons : les vélos chargés, très chargés de nasses en bambous, l’explication filmée de la fabrication des chapeaux pointus, le mât coupé en deux tant il est haut, les « mobiles » en papier des chamans, les paniers, les sacrifices de buffles filmés , les statues funéraires, les différents vêtements et les mises en situation avec mannequins et vidéos…des jouets d’enfants, des pièges à écureuils entre autres, fourreaux à couteaux…info en français. La poésie tient une place très importante ainsi que le papier. Le rapport à la mort ici semble loin de nos oublis, de nos dénis, de nos hypocrisies occidentales. Cette visite est importante pour mieux comprendre le pays qu’on commence à découvrir.
Une pause s’impose au café du musée, en plein air, avec la bière d’Hanoï (470cl), des nems, des rouleaux de printemps.A l’extérieur, nous visitons des maisons cédées par des familles et installées dans l’enceinte du musée. Se déchausser avant de franchir les seuils des maisons étonnantes des Banhars au toit vertigineux, longue maison de 200 m sur pilotis avec chambrette individuelles, une maison qui a aussi servi d’école et abrite pour l’instant un musée émouvant de vieilles marionnettes ainsi qu’une démonstratrice de broderies si fines que l’on ne voit plus que son tableau aux tons nuancés et dégradés, maisons en pisé…reproduction de tombes avec une enceinte de personnages sculptés naïvement et grossièrement (Jaraï) l’autre avec un toit offrant un abri au cercueil et sous la protection de têtes de buffles. Bois, bambous sous toutes ses formes, pisé, terre battue, paille.
Petit tour à la boutique de commerce équitable. La circulation s’est plutôt amplifiée. C’est un régal de regarder les gens sur les mobylettes, avec des casques semblables par leur forme à ceux des soldats mais agrémentés des signes distinctifs des grandes marques (Burberry, Calvin Klein..) de compter jusqu’à cinq personnes sur le même véhicule, d’admirer l’adresse des conducteurs pour éviter l’obstacle.
Les ramasseur de poubelles s’annoncent avec une clochette et embarquent les ordures avec une petite benne à bras.
Repas au Old Hanoï (Ma May 106) Chemin faisant, nous tombons sous le charme de cartes de vœux en papier découpé, croisons un marché nocturne et manquons presque le restaurant. Bon repas : noddles avec poulet légumes et champignons noirs. Nous prenons rendez-vous pour un cours de cuisine dispensé par le personnel du restau, puis nous rentrons nous coucher.

mardi 15 septembre 2009

Affleurements

Ciel gris sur un morne dimanche,
Le blues est dans mon coeur
Et dans la guitare
Sur C D

Il faut gagner la dernière manche,
S'inventer des douceurs,
Oublier les escarres
Du passé
D.

lundi 14 septembre 2009

Les citronniers

S’étonner une fois encore de la liberté de ton du cinéma israélien pour évoquer l’asservissement des palestiniens. La paranoïa de l’état hébreu est soulignée, sa mauvaise foi et sa bonne conscience barbelées qui élèvent des murs absurdes et néfastes, bien mises en évidence. A partir de faits réels, une histoire où les femmes jouent le meilleur rôle, en évitant les schémas trop manichéens : la femme du ministre va évoluer, la victime d’un pouvoir où les militaires ont la main, vit aussi l’oppression parmi ses frères. Eron Riclis met un peu de sucre dans la citronnade et si le film s’étire un peu vers la fin, le mariage du mélo et de la réflexion politique est réussi.

dimanche 13 septembre 2009

Brocante à Leyment

L’animateur de l’une des plus grandes brocantes de France (20km de stands) adore collectionner les mots qui désignent les amateurs de collections : ainsi celui qui accumule les machines à écrire est mécascriptophile, on peut lui signaler grâce à internet: bicariophile pour celui qui amasse des pichets, bourbouphile pour qui amoncèle des barbotines donc bourboubicariophile pour celui qui thésaurise des "pichets en barbotine" !
Nous avons accru notre colonie de statuettes en régule (un alliage d'étain ou de plomb et d'antimoine). Beaucoup des 70 000 chineurs qui se pressent dans les rues et les champs de ce village de l’Ain proche de Lagnieu arrivent avec leurs caddies, diables, poussettes et repartent avec des trésors. Johnny Hallyday sur la sono, nous sommes bien dans une farfouille, un vide-grenier, et la nostalgie donne à fond. Je me rattrape de mes anciens emballements purificateurs en laissant 1€ pour un « Paris Match » de 1967 qui présente un assaut américain sur la cote 881 : « A peine un trou de viet (sans même la majuscule) est-il conquis et nettoyé, qu’il faut attaquer le suivant à coup de grenades » Il y a les publicités : « Mademoiselle, vous avez une si jolie écriture…Oui monsieur j’ai aussi un vrai stylo à plume : le nouveau Reynolds »

samedi 12 septembre 2009

« Le Postillon »

J’étais curieux de feuilleter les 16 pages de ce journal local, recommandé par le Monde Diplomatique qui se veut dans la lignée du précédent « Postillon » de 1885 qui proclamait :
« les programmes sont gênants ; on a trop l’occasion d’y manquer ensuite ».
Mais la posture idéologique de l’équipe semble s’être bloquée aussi dans des siècles antérieurs.
Déjà la parution proclamée « à l’improviste » augure mal d’une confiance dans l’avenir de rédacteurs qui ne signent pas leurs articles, mais distribuent des leçons de déontologie aux autres journalistes et égratignent Destot, Vallini, Brottes, Safar… Leur mépris des nouvelles technologies est à la mesure de l’idolâtrie des sciences bien portée dans la cuvette.
A jouer les donneurs de leçons on s’expose à en recevoir.
Leur critique de « Daubé » date. Que le DL soit un journal institutionnel qui le nierait ? Par ailleurs, les journaux municipaux n’organisent pas la dévalorisation des actions de leurs mairies, évidemment.
Les brèves sont vraiment courtes idéologiquement, dans la plainte éternelle et le procès d’intention sans nuance. Que Destot demande à relire ses interviews, quelle affaire !
Le reportage sur la fermeture des papeteries de Lancey est le seul qui vaille l’Euro que coûte cette publication. Il restitue sans formatage des paroles ouvrières multiples. Par contre l’essai de réflexion concernant l’emploi ne clarifie pas le rapport de l’extrême gauche à l’emploi. Comment peut-on dénoncer, dans la même phrase : « la religion de l’emploi » et déplorer : « la détresse sociale, les vies brisées, le gâchis de savoir-faire, le renoncement… » ?
Les critiques concernant les logements de la caserne de Bonne sont attendus, mais ne peuvent remettre en cause des choix qui épargnent des déplacements, source de pollution.
La critique des politiques est salutaire mais l’attaque systématique de tout responsable décourage ceux qui croient à l’action dans la cité. Il ne reste alors que les arrivistes qui se sont blindés.
J’ai pu me conforter malheureusement dans mon éloignement à l’égard de ceux qui excusent toujours les incendiaires.
Le soir des élections européennes si un gymnase de la Villeneuve a cramé, ce serait de la faute à Safar qui a fait venir la police pour empêcher des kékés d’impressionner des personnes qui venaient voter. Le titre « Safar s’enflamme, la Villeneuve brûle !» ne relève pas que de l’aveuglement idéologique. Cette bienveillance à l’égard de ceux qui font régner l’insécurité que je croyais amoindrie, fait le lit de l’ultra droite. Et pour pénétrer sur un terrain qui avait éloigné les caricatures, je crains que ce ne soit un souhait de ceux qui se situent aux extrêmes de voir s’exacerber des tensions. Une droite bien affirmée permettrait de rejouer quelques épisodes héroïques et serait préférable pour eux à cette gauche soc dème qui est la seule dans le collimateur d’un Postillon qui crachote à côté de la cible.

vendredi 11 septembre 2009

Lettre au père

C’est pas la fête du père dans ces 85 pages que Kafka consacre au chef de famille qui lui a dit : « je te déchirerai comme un poisson ». De quoi vous donner quelques frissons et occasionner quelques volumes. La culpabilité s’ajoute à une dévalorisation constante ancrée par cette violence mais aussi échafaudée par l’auteur de « La métamorphose » dans un labyrinthe qui l’enfonce dans la récrimination sèche : « une indifférence comme la mienne-froide à peine dissimulée, inentamable, puérilement désarmée, terriblement complaisante et poussée jusqu’au ridicule-une telle indifférence chez un enfant à l’imagination fertile mais froide, je ne l’ai jamais retrouvée nulle part ailleurs ».
Vive papa Noël, papa-gâteau et les nouveaux pères.

jeudi 10 septembre 2009

Rencontres photographiques d’Arles.

Un certain nombre de lieux d’exposition sont fermés avant la date ultime prévue le 13 septembre, ainsi je n’avais pas de dilemme pour choisir un lieu au détriment d’un autre. L’essentiel se passe encore au parc des ateliers SNCF. Au centre ville, les éditions Delpire, que les amateurs de photographies peuvent remercier pour la collection photo poche, donnent quelque peu dans l’autocélébration au diapason des rencontres qui fêtent leurs 40 ans. Duane Michals à l’archevêché ne constitue qu’une mise en bouche. Par contre la projection de travaux de Nan Goldin et un certain nombre de ses invités donnent le ton de cette cuvée : dérangeant. Comme Leigh Ledare qui photographie les ébats de sa mère avec un partenaire de l’âge de son fils. Glauque.
Les banlieues constituent les nouveaux territoires à explorer : des photographes s’y aventurent et reviennent avec des témoignages forts. Parmi les pionniers de photos en milieu camé, Eugène Richards nous avait impressionnés. Cette année, il a abandonné les personnages, il travaille en couleurs et ses maisons abandonnées de la campagne américaine sont poignantes et belles : mes préférées.
Sinon des travaux de reconstruction de négatifs au fusain, des recompositions d’estampes chinoises dont les montagnes jadis bucoliques désormais hérissées de tours et de grues, intéressant, comme sont émouvants les montages de Moira Ricci qui se met en scène sur de photos retrouvées où sa mère apparaissait. Toujours des reportages durs comme dans ce village lituanien imbibé d’alcool, dans les rues désolées d’Alep, ou un hôpital psychiatrique à Bethléem. Alors les images colorées qui illustrent la diversité de la Turquie d’Attila Durak nous apaisent avec leurs sourires.
« L’image est une alchimie qui a à voir avec la liberté et l’insouciance de l’enfance. L’esthétisation forcée du monde a détruit cette innocence. Non seulement les belles images dénient, volent le monde ; mais elles le jugent : on ne punit plus que les fautes de goût. »
Cette phrase de Bernard Faucon interroge le spectateur d’expos et l’amateur de clics, je connaissais ses travaux quand il mettait en scène des mannequins de magasins dans des situations de la vie courante : esthète lui-même !