Le présent ministre de l’éducation- surtout pas publique- recourt à une rhétorique de la nostalgie concernant un age d’or de l’école qui se situerait dans le passé. Ces mots sont couplés avec des décisions qui abaissent, présentement, le système éducatif, avec brutalité.
Je m’autorise du haut de mes annuités à apporter mon grain de sel en essayant de débiter en tranches fines, quelques réflexions, quelques témoignages concernant l’école du temps où elle régnait même le samedi matin.
Sous ce titre « faire classe » je joue avec la prescription insistante que j’adressais à mes élèves :
« éviter le paresseux verbe faire », tout en insistant sur l’acte concret, élémentaire, qui matin après matin, fit les bonheurs de ma vie. Je pourrais aller, avec cet intitulé, jusqu’à solliciter une élégance « classieuse », mais ce rouleur de mécaniques d’Aldo Maccione me l’interdit.
J’aurais pu nommer ces notes : « Recettes pédagogiques pour les nuls » en m’essayant à la parodie. L’humour est difficile à proclamer, cependant il devrait figurer dans les grilles d’évaluation pour les écoliers et leurs maîtres, tant cette qualité peut traduire l’équilibre et la finesse, le recul. Tout le contraire du sourire refroidissant posé sur les lèvres publicitaires.
«Nul » figure le degré zéro du langage; si le mot est banni heureusement des appréciations professorales, il prolifère néanmoins autant que l’ambigu « respect ».
Peser des mots : « retour sur mes investissements » ne gonfle aucun compte en banque, je révise des années de ferveur entre les années soixante et 005 où le collégien pensionnaire a viré au pensionné.
J’ai souvent croisé la couardise, et j’ai eu honte aussi de mes lâchetés; il n’y avait peut être pas à attendre d’avoir tant engrangé de certitudes pour énoncer :
- être soi même est la clef d’une pédagogie efficace.
Vaste programme qui épargnerait les pâles clonages sans aller jusqu’aux abus narcissiques.
Injonction bien évidente, et pourtant que de caméléons ne rougissant plus de leur conformisme paresseux !
« Et que vont dire les parents ? Et l’inspecteur ? A la télé, j’ai entendu … »
Les enfants vous savent très vite : « ça passe » ou la classe se lasse très vite.
Dans l’alchimie aléatoire des relations dans un groupe, les images de terre, de jardinier, de vigneron viennent sous le clavier, elles parlent de patience, de maturation. Certaines années vieillissent bien, d’autres exaltées un instant laisseront des doutes. Le terroir, les jours de soleil comptent aussi.
dimanche 14 septembre 2008
samedi 13 septembre 2008
Une Vichyssoise
Recette qui n’a rien à voir avec les carottes Vichy puisqu’il s’agit d’une soupe froide à base de blanc de poireaux (2) pour 4 personnes, en lamelles, à faire braiser dans le beurre au fond d’une cocotte avec 500g de pommes de terre en cubes. Recouvrir de ¾ de litre de bouillon de volaille et laisser mijoter 30 mn. Ajouter de la muscade et un jus de citron. Laisser refroidir, mixer avec de la crème, quelques brins de ciboulette. L’été se prolonge.
vendredi 12 septembre 2008
Raymond a été bien Serbie
Bien sûr, Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France a su attirer les critiques les plus acerbes (bon, j’arrête) par son attitude hautaine, des coachings parfois hasardeux mais les mouvements d’opinion unanimes m’ont toujours révulsé même si j’ai pu sourire à la suggestion de le barbouiller de miel et de le lâcher dans les Pyrénées. J’aime pourtant cette emphase rigolarde des travées de stade où l’on parle de guillotine, d’odeur de sang alors que Morin en Afghanistan ne veut pas prononcer le mot guerre ! Ceux qui méprisent nos jeux, j’espère qu'ils préservent des moments où ils retrouvent leur âme de môme où ils sont pour une heure, une heure seulement : cons, cons et beaux parfois. J’ai aimé ce match contre de bons joueurs serbes. Quand le combat change d’âme : fringants à un moment, fragiles à un autre. Des émotions et le temps qui passe : eh oui Titi ! Et une étoile qui naît : Gourcuff(Gourcruyff). Du direct !
jeudi 11 septembre 2008
Le sel de la mer
Palestine in et out. Film de Jacir Annemarie, éminemment politique bien sûr avec de beaux acteurs filmés efficacement sous forme de road movie, voire de film de gangsters sympathiques. L’illégalité est constitutive de la vie des palestiniens, déjà dans le moindre déplacement. La jeunesse abime son énergie dans des rêves d’ailleurs : l’Américaine pour Jaffa qui n’existe plus et le serveur de Ramallah qui n’ira pas au Canada. Lumineux, nuancé, indispensable.
mercredi 10 septembre 2008
Le village de l’Allemand
Le livre de Boualem Sansal aurait pu faire du bruit. A partir de l’histoire vraie d’un ancien nazi réfugié en Algérie où il a combattu pour le F.L.N., l’auteur souligne les similitudes entre nazisme et islamisme. A travers deux récits aux styles diversifiés, les fils de l’Allemand recherchent la vérité de leur origine et celle de la shoah. Le procédé narratif, bien mené pourtant, m’a paru artificiel. Les faits ont assez de force particulièrement quand sont envisagés les problèmes logistiques dans les camps, ils nous obligent à réviser l’horreur dans les pas de Primo Lévy. La thèse est brutale mais intéressante, elle permet d’oublier ce qui m‘est apparu comme de affèteries de construction. Le prix de ce livre au-delà de la reconstitution douloureuse d’une mémoire vaut surtout pour l’avertissement à l’encontre d’une tyrannie qui n’appartient pas à notre passé mais à un présent bien pesant en particulier dans certains quartiers. Le silence qui a accompagné, me semble-t-il, la sortie de ce livre, est - il celui de la peur ? Et puis c'est vrai il y avait Christine Angot et Catherine Millet...
mardi 9 septembre 2008
XXI
Vingt et un, comme le siècle, publication trimestrielle en vente en librairie (15€). Je me fustige souvent quand je passe trop de temps à lire la presse au détriment de la littérature. Là je résous le dilemme avec ce magazine-livre: des écrivains/journalistes, des dessinateurs, des graphistes, des photographes nous régalent sur 200 pages, sans publicité, en 21X29,7. Le titre porte l’ambition de la modernité, et la pratique met en œuvre des traditions trop oubliées de ces métiers : le temps, le style, la rigueur. Il me rappelle « Actuel » des années 70 : des reportages développés, un regard original sur l’actualité, des mises en perspective. C’est plus sage, moins psychédélique que le magazine de J.F. Bizot : nous sommes en 2008. Nous posons la zapette, les petites phrases sont ailleurs, ici le temps est un atout pour approfondir. J’apprécie les bibliographies plaisantes proposées à la fin de chaque dossier. Dans le numéro 3, 25 pages concernent les religions en mutation, une B.D. de 40 pages sur une entreprise dans un bidonville de Bombay. Bien écrit, bien illustré, un retour sur l’actualité par trimestre, secoue les scories de l’immédiat, les lignes de force peuvent se révéler. C’est bien agréable de faire des découvertes dans un domaine qui peine à nous aider à trouver du sens aux phénomènes de société. Ils révèlent des personnalités qui font bouger le monde et je n’y ai pas vu Carla Bruni, mais un portfolio d’une vingtaine de charmantes et émouvantes vieilles chez le coiffeur ! L’oasis. J’ai couru acheter le numéro 1 et le 2 à la librairie Le Square et je suis encore emballé. Le numéro 1 comportait un dossier sur la Russie très réussi (« glagla ! ») : ils anticipaient l’actualité la plus brûlante.
J’ai choisi pour illustrer cet article une photo prise au bar du musée du quai Branly que Libé a retenue sur son site web parmi les photos d’amateurs.
lundi 8 septembre 2008
« Le premier jour du reste de ma vie »
C’est ce qu’écrit une adolescente dans son carnet intime ; le film est dans ce style plein de vitalité, sincère, naïf, parfois « too much », où l’identification joue souvent. Nous allons au ciné aussi pour faire battre nos cœurs de midinettes et de midinets. Les critiques n’avaient pas mis en évidence cette histoire fluide de Rémi Bezanson mais j’ai été content d’avoir prêté l’oreille aux bouches qui m'avaient dit leur émotion. Une chronique pour fin d’été, comme on fond à regarder des images de vacances d'autrefois. Le balayage de toute une vie de famille avec ses mots brutaux et les non-dits, passe comme un souffle, comme passe la vie. Je ne connais pas « plus belle la vie » mais je pense que c’est dans ce genre chaleureux.
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