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vendredi 2 février 2018

L'école creuse...

Depuis qu’en matière scolaire, l’affirmation : « le niveau monte » s’est retrouvée à sec, la ritournelle: « l’école creuse les inégalités » est mise à toutes les causes.
Les condamnations envers un système excluant par défaut sont unanimes pourtant dès qu’il est question de réformer, tous les conservatismes se liguent au nom de valeurs qu’ils savent bafouées tous les matins et pas seulement quand la prof dégueule sa peur sur le parking du lycée technique.
Féodalités/ Versailles, Girondins/ Jacobins, Rocard/ Mitterrand, CFDT/FO, établissements/ministère, responsabilité/ égalité, ZEP et zigzags.
Les « progressistes » de naguère en sont à souhaiter le statu quo, disant que la réforme du bac est précipitée, alors que ça fait bien 30 ans qu’on en cause.
Le progrès n’a plus de camp : ceux dont c’était la philosophie mettent les avancées scientifiques dans le même panier que les astuces marketing avec l’obsolescence programmée qui crame nos objets de consommation et puis de toutes façons c'est la faute de Bercy.
Est-ce que l’égalité a été réalisée dans notre république parce que tout le monde va faire un tour sur le Campus ?
Dans le pays où il y a 30 millions de sélectionneurs pour le foot, pourquoi ces pudeurs de gazelle autour du mot « sélection ». La sélection s’opère actuellement par l’échec, l’abandon. Le tirage au sort pour accéder à des formations est un scandale, mais on fait comme si.
C’est que la paresse intellectuelle venue au secours du manque de courage, est le produit de toutes ces années où le mot « travail » était banni. Un brin d’exigence face à l’effondrement des compétences des étudiants semblerait pourtant urgent.
Refrain : crise des vocations. Qui pour s’occuper des vieux, des enfants, des malades, des moteurs, des trains et de la plonge en week-end… ? Ceux qui sont au boulot et qui font exploser les pointeuses se racornissent devant la disqualification de leurs professions. L’éleveur qui se lève à point d’heure pour 300 € le mois et le boulanger qui met la clé sous la porte peuvent bougonner.
A défaut d’être Youtubeur, vendeur ou traider tout le monde ne peut devenir développeur, chercheur, ingénieur, professeur, docteur...
La cohérence qui semble se déployer concernant les réformes de l’enseignement technique, technologique, supérieur, pourrait apporter un espoir de rénovation d’un système qui ne met pas les jeunes en face d’un boulot qui leur conviendrait, et ne répond pas aux besoins de la société, pas plus qu’il n’est porteur d’une culture générale épanouissante.
Le grand oral dont nous avons bénéficié en 68 est une mesure qui me semble bienvenue pour mesurer l’authenticité des compétences d’un candidat dans la mesure où la préparation en amont peut modifier les pratiques en permettant peut être une réelle appropriation des savoirs.
Des groupes de tailles variables pourraient permettre de travailler ce domaine où les ordis ne sont pas indispensables.
Le contrôle continu, s’il peut motiver les élèves tout au long de la scolarité, plutôt qu'un faux examen où les marchands d’articles divers s’électrisent, pose le problème de l’égalité des exigences. D’ailleurs dans l’ordre des réputations d’établissements, les valeurs se sont parfois inversées qui font échapper le lycée prestigieux, Champollion, à des collégiens du secteur qui préfèrent plus de facilités ailleurs. Les contrôles à Pierre Perret seront plus faciles qu’à Henri III, mais la formation aussi a toujours été d’un niveau différent. Le cadre national ne cadre plus grand-chose et la dramatisation des enjeux autour du bac en ferait oublier le drame du chômage des jeunes. Les zones sont inégales : des moyens ont été attribués aux plus fragiles, mais soit on cache l’hétérogénéité des établissements par un bac maintenu genre village Potemkine, soit on adapte l’examen aux réalités dont la cruauté appellera des réformes qui vont bien au-delà des murs de l’école : logement, lutte contre le chômage,  pour retrouver confiance en soi, en son pays.
« La reproduction des inégalités sociales par l'école vient de la mise en œuvre d'un égalitarisme formel, à savoir que l'école traite comme « égaux en droits » des individus « inégaux en fait » c'est-à-dire inégalement préparés par leur culture familiale à assimiler un message pédagogique. »
Pierre Bourdieu
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Cette semaine le dessin vient de Courrier International  ( Gatis Sluka Lettonie)

vendredi 24 novembre 2017

Expression.

Pour éviter de trop alimenter ce blog aux resucées d’informations tombées des containers médiatiques, j’essaye d’étayer mes propos avec quelques expériences personnelles.
Un esprit de l’escalier rencontrant les limites d’un format lisible me conduit à compléter les écrits de la semaine dernière concernant la sélection. 
Mon bac, celui de 68, constituait un démarrage en flèche de statistiques de réussites qui firent perdre tout sens au diplôme. Même au rabais, celui-ci m’a pourtant suffi, dès le mois de novembre de cette belle année, pour me retrouver à 18 ans devant une classe : instit’.
Un sentiment d’illégitimité qui a mis du temps à s’avouer m’a conduit, je pense, à me surpasser pour compenser une formation proche de zéro.
C’est aussi que la culpabilité que nous vilipendions en critiques radicaux d’une pensée « judéo-chrétienne » était un bon moteur. Nous avions alors en face de nos véhémentes oppositions, des modèles impressionnants, des valeurs qui nous obligeaient.
C’était quand même autre chose que ces hoquets contemporains :
« C’est nul ! Je rigole ! Arrête de me prendre la tête ».
Nous riions très forts, très Charlie. Toujours Charlie.
Cet humour mis à la portée de tous les biberons avait pourtant stérilisé la plaine comme traitement au Glyphosate. Le terme « valeur » en dehors de la Bourse devient délicat à manier, depuis que la laïcité elle même a eu besoin de s’affubler de prudents adjectifs quand de grossiers personnages ont ramassé le mot abandonné, et que d’autres n’ont rien vu venir.
Mais je ne vais pas me cantonner aux évocations de 50 ans d’âge que vont activer, en 18, les commémorations envers le rouge soldat inconnu, voici une anecdote de la semaine dernière.
Une élève vient voir une prof à la fin d’un contrôle :
«  Madame j’ai honte, je n’ai pas pu m’empêcher, j’ai copié. »
Et demande de rectifier les réponses à l’exercice litigieux.
C’est bien que des valeurs lui ont été transmises et qu’elle les met en œuvre courageusement. Cet acte d’honnêteté nous change tellement des déplorations, voire des consternations paralysantes, plus habituelles. Dans un autre collège, une élève de 4° interrogée sur un état de fatigue manifeste précise que ce sont ses propres jumeaux qui la tiennent éveillée toute la nuit.
Au moment d’écrire, la pudeur, la discrétion peuvent s’opposer à l’expression qui est à la base de toute vie en société. Le minimum du respect de l’autre réside dans notre franchise à dire ce qu’on à dire : plus facile à dire qu’à faire.
Ma perplexité ancienne concernant les difficultés à s’exprimer y compris chez les adeptes du texte libre à gogo pour les élèves, s’aggrave à la vue des bavards réseaux sociaux qui sont essentiellement des compilations bien peu personnelles. Les éructations le plus souvent sous pseudos ne comptent pas.
Alors je cause. 
« Écrire, c'est l'art des choix, comme on dit à Privas. » Frédéric Dard
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Dessin de Willis, Tunisie, pour Courrier international :


vendredi 17 novembre 2017

Sélection.

Au nom de l’égalité, une fantomatique UNEF refuse, toute autre solution que le tirage au sort pour accéder à certaines formations universitaires. Pourtant je n’ai pas entendu  relever l’absurdité de cette position par éditorialistes ou comiques, moralisateurs patentés portés semble-t-il sur les jeux de hasard.
Le manque de courage deviendrait-il constitutif de l’institution éducation nationale, aggravant un état de confusion intellectuelle déjà inquiétant ?
C’est que l’affaire vient de loin, s’il est nécessaire de rappeler qu’un ingénieur agronome n’a pas plus de valeur, ni moins, qu’un paysan.
L’égalité a-t-elle oublié qu’elle commençait là, et non dans l’illusion que tout le monde peut devenir chirurgien ? N’est-ce pas furieusement de gauche, oh dispensateurs de palmes et de titres, palmarès et étoiles ?
L’accès à des études d’architecte se mérite et tout le monde ne peut pas devenir plombier ou intermittent du spectacle.
Quand nos enfants ne veulent plus conduire les trains, transmettre des savoirs ou soigner leur prochain, c’est que la crise de civilisation est là. Je ne sais plus voir que ça.
Avons-nous construit une société si dure que tout travail semble mener au « burn out », toute implication à l’école conduisant à « la phobie scolaire », quand chaque homme est vu comme un cochon ? Pourtant nous sommes sommés d’être des consommateurs avisés, des papas irréprochables, des citoyens impliqués, des mâles performants, des sélectionneurs de foot visionnaires (Ciao la squadra) ; tout en évitant toute généralisation. Les gendarmes se suicident et les paysans se pendent.
Nos mômes, nous les avons saoulés de mots ouatés, étouffe-chrétiens : résultat, ils veulent être vendeurs, alors qu’Amazon les réduit à zoner. Les mots « vocation », « transmission », ont disparu sous les sarcasmes et les Diafoirus qui n’ont que chiffres en tête pour remédier à cette crise sociétale réclament : des sous ! Des sous ! Pour en faire quoi ? Aller se bronzer sur quelque plage bondée aux abords des paradis de papier ?
Ceux qui tiennent micros et claviers, dont la progéniture est dans les bonnes écoles - parce  qu’il y a de bonnes écoles - savent bien que le devenir des jeunes tient plus au carnet d’adresses des parents qu’à un mérite qu’ils vilipendent ; l’égoïsme et la mauvaise foi rencontrant  la paresse.
Pourquoi interdire à ceux qui veulent travailler la langue, d’étudier le latin ? Plus précisément : ceux qui ont des parents qui se font encore entendre. C’est une filière sélective et alors ? Gribouille avait supprimé le recrutement des profs de « langues mortes », il sera plus difficile de rebâtir confiance et envie autour d’un domaine que j’ai cru trop vite combat d’arrière garde.
Si les chambardements politiques de l’heure sont excitants, les embrouillaminis, les raccourcis, les facilités, les théâtralisations qui rejouent les brigades internationales, comme par exemple à propos de la Catalogne, sont navrants. Et que d’hystéries sans lendemains quand  voudrait se reproduire une rue Soufflot essoufflée dès qu’il est question d’enseignement supérieur.
Les débats sur l’école ajoutent l’hypocrisie à des mesures masquant les problèmes.
Les moyens conséquents à mettre en œuvre ne concernent pas forcément les salaires mais rien que pour assurer des heures consacrées sérieusement aux devoirs, il faudrait que les impôts rapportent.
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. » Marc Aurèle
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Petite annonce : A l’occasion du festival de solidarités du Grésivaudan, les compagnons d’Emmaüs reçoivent l’association Alpes Himalaya afin de réaliser un mandala de sable du mardi 21 novembre à 14h  au samedi 25 novembre à 17h. 304 rue Henri Giraud 38420. Le Versoud.
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Les dessins sont  parus dans « Le Monde » et « Marianne ».

vendredi 23 septembre 2016

Chouchoutés.

Pour reprendre ma litanie des paradoxes et autres effets pervers : une anecdote au moment de la rentrée en maternelle.
Voulant rendre la séparation moins douloureuse, puisque c’est sur ce mode défensif qu’est vendu l’évènement « rentrée », une maîtresse a invité les parents à rester dans la classe pour jouer avec leurs enfants, mais au moment où papas et mamans ont dû quand même partir, tous les élèves se sont mis à hurler, agglutinés derrière les fenêtres.
Cette contagion aurait été évitée avec des « au revoir » échelonnés.  
Aurait-il fallu qu’une cellule psychologique soit diligentée pour amoindrir les effets d’un tel traumatisme? Pimprenelle au secours : nous risquons de perdre quelques places dans le classement des bienveillances.
Les préoccupations électorales déterminent chaque parole, les plus nombreux ont la priorité. Certains parents sont du genre, encore au collège, à pénétrer dans les classes pour voir où est assis celui qui est pourtant traité d’adolescent dès ses dix ans passés.
Que d’heures perdues pour acclimater les invités à l’autonomie depuis la maternelle, les intégrer, les chouchouter, leur éviter de respecter - avilissante besogne - des lieux et les personnes qui pourraient les impressionner ! Ainsi les géniteurs devront se taper les inscriptions à la fac de leur Kévin.
Il n’y a jamais eu tant de mallettes, de kits, de pédagogie magistrale pour expliquer ce qui relève de la simple conversation entre adultes ne sachant désormais plus lever un doigt sans en référer à la hiérarchie, alors que les minots trustent les temps de parole.
Tiens une autre petite histoire vraie, toujours le jour de la rentrée :
« mon fils n’a pas pu venir, il avait un rendez-vous chez le coiffeur qu’on a pas pu déplacer. » 
L’enseignement serait trop théorique d’après des théoriciens de l’enseignement.
Le corps est à cultiver  avant tout et les idées sont devenues tellement fatigantes, qu’il n’y a plus que l’expérience directe qui vaille :
«  j’ai connu plus de femmes voilées que vous ». Allez vous cacher !
Les justes, les gentils, votent les circonstances atténuantes à tout terroriste mais ne savent voir les fachos que s’ils ont le poil blond, pour eux le macho n’en est pas un, s’il porte barbe noire.  Et si Donald Trump tel un trou noir, « absorbe la réalité pour la remplacer par un univers de complots et de machinations » (Le Monde), il n’est pas le seul. Les contradictions s’acceptent de plus en plus mal. Ainsi dans les réseaux sociaux en dehors de quelques trolls qui parlent d’autre chose, la diabolisation vient vite ; les communautés effarouchées, fragiles, ont besoin de se conforter. Les fermetures les plus hermétiques se font sous le label de l’ouverture : évoquez Finkielkrault et c’est Zemmour qui rapplique. Dans le brouhaha mondialisé, les oreilles se couvrent d’écouteurs, branchés sur soi même.
Les divisions côté gauche, au pays des rêves entre « égaux » sont le produit aussi de ces « égos » qui ont oublié les nuances orthographiques. Elles ne pourront que se multiplier tant les compromis entre gens qui détiennent seuls la vérité sont difficiles. Ils sont les meilleurs, chacun. Cela n’empêche pas de réitérer sans cesse le reproche, parmi tant d’autres, adressé à l’école, d’avoir étouffé tant de personnalités. Avec les nouvelles directives, le nombre de candidats à la présidence ne risque  pas de diminuer, par contre pour les boulangers et les mécaniciens…
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 Dans le dernier Télérama : un rectificatif : « Dans le courrier de Jacques Nicot évoquant les quelques dizaines de morts du communisme, il s’agit évidemment de quelques dizaines de millions. »
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 Dans la publication de la MGEN: Plantu

vendredi 26 février 2016

Ski scolaire à Saint Egrève.

Un de mes camarades, qui n’a pas oublié le sens du mot « camarade », m’a fait parvenir un texte pour partager ses inquiétudes sur le devenir du ski pendant le temps scolaire à Saint Egrève.
Cet acquis éducatif de 40 ans d’âge permet, deux ans de suite, à tous les enfants de la commune de faire connaissance avec une pratique en fond et en piste réservée de plus en plus à une minorité. 
Au-delà des vertus du plein air, où se surmontent les appréhensions et s’éprouve le sens de l’équilibre, ce sont des moments fondamentaux de formation qui seraient compromis.
Je me souviens d’une élève, surplombant la pente depuis le télésiège, qui constatait émerveillée : 
« j’ai descendu tout ça ! »
Bien mieux que tant de discours pour expérimenter la confiance et de nouvelles dimensions : c’est de grandir et aimer le monde qu’il s’agit !
A réinvestir dans des domaines quand la lumière est plus chiche et les lunettes de soleil inutiles.
Mais je ne vais pas tartiner sur ces plaisirs aigus qui rougissent les oreilles, révèlent le prix d’un abricot sec en tant que remontant et la valeur d’une première étoile. Je reprochais à mon avertisseur  de faire reluire les cerises abusivement dans un texte exhaustif, en convoquant dans cette affaire de flocons, les traités européens et le qualificatif infamant : « libéralisme économique ». Voilà que je l’imite en rappelant la réflexion, ô combien datée, d’une collègue fière de payer des impôts. Je m’exalte dans des souvenirs d’un Jack London collant à la ferraille d’un forfait et recolore bien vite les pistes où dévalaient les petits.
Ils s’étaient essayés à conter au micro des cars qui nous montaient dans le Vercors, quand la notion de plateau pouvait mieux se comprendre, en promettant de revenir sur les traces des résistants des années 40.
L’affaire est politique, même si je ne formule pas mon désaccord comme ce collègue, retiré lui aussi  des cahiers à corriger,  et toujours résistant qui en appelle aux siècles antérieurs, afin de donner de l’énergie à ceux qui pourraient renoncer avant de combattre :
«  Si les ouvriers s'étaient mis à la place des patrons… il n'y aurait pas eu de conquêtes »
Cette menace d’un abaissement pédagogique est le prix à payer des impôts considérés comme boulets, de la soumission aux temps égoïstes et une des conséquences de la modification des rythmes scolaires, allant de pair avec des évolutions des périmètres d’intervention des collectivités locales. Dégradations bien contemporaines des missions de l’école oublieuse de ses objectifs de démocratisation. Ignorer par ailleurs les raisons des gérants d’une commune serait idiot, comme serait contre-productif  de s’opposer  à de telles mesures d’économie en se  drapant dans quelque drapeau rouge, hors de saison.
Aux instits, aux parents, de valoriser ces expériences indispensables à un développement harmonieux des élèves. Aux élus à faire preuve de pédagogie envers les contribuables pour que le ski scolaire ne soit pas envoyé par le fond.
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Dessin paru dans "Le Point":

vendredi 12 février 2016

Réveil, agenda, rythmes scolaires et trous dans les murs.

Lève tôt.
Dans le genre information anodine, j’avais retenu que d’après un sondage, les républicains américains se levaient plus tôt que les démocrates qui seraient plutôt du soir (grand).  
Si l’on peut constater chaque jour combien la société se droitise, sur ce plan là au moins, la gauche a gagné, auprès des jeunes en particulier. 
Pour renforcer le schéma qui voit des hordes de retraités piétiner avant l’ouverture des grands magasins, je suis de ceux qui grognent sur les retards systématiques dans toute réunion, voire aux spectacles et  me désole des fatigues ostentatoires qui s’affichent sur les bancs effondrés des collèges. Et ce n’est pas le surmenage scolaire qui les met à bas !
Pourtant experts en tous genres, branlant du genre, vont venir au secours de ces pauvres petits, pardon de ces adolescents… je ne sais  quel mot employer quand je vois une enfant de onze ans qualifiée d’ « ado » à la télé, car « enfant » serait péjoratif, quand « jeune » se voit affublé illico d’une capuche.
Stress.
Ainsi dans l’assentiment général des adultes qui n’assument pas leur rôle, fut mise en place, la néfaste refonte des rythmes scolaires qui conjugua la perte d’influence de l’école et de l’état, prolongée par la réforme du collège qui entérine le peu de foi que l’on porte envers l’étude en voulant transformer les formateurs en animateurs. Jeu du Bac pour tous et chômage pour trop.
Ceux qui saturent les emplois du temps de leur progéniture, dénoncent le stress scolaire. Ils rêvent d’école Montessori et frisent Stakhanov hors des murs de la communale. Et côté enseignants dont quelques bribes d’autorité tiendraient aux notes, rencontrant les tendances à monétiser des élèves, il conviendrait que les 13/20 soient simplement un moyen de vérification inscrit dans le processus d’apprentissage : action/correction/action. Pour que l’erreur soit formatrice, il faudrait encore qu’on cesse d’être aux taquets, sur la défensive, à demander sans cesse des comptes. Se « choper une bulle » n’a jamais tué personne.
Adultes.
Quand les majeurs démissionnent, de petits caïds prennent la place et les enfants soumis à des choix prématurés ploient sous la charge psychique.  
Les dysfonctionnants dans les classes attirent toutes les attentions ; les éternels dociles s’y feront. Les grandes personnes malheureuses de leur âge qu’elles camouflent, se taisent, ne colmatent même plus les béances trop voyantes. Pourvu que les élèves soient gardés.
Ah ! Les adulescents gèrent et les politiques les flattent, les profs-parents désemparés parent au plus pressé : au conseil d’administration, les représentants des familles participeront au choix des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires). Alors qu’à une époque les militants parents d’élèves passaient à la politique de la même façon que les syndicalistes étudiants entraient dans la carrière, aujourd’hui les politiques qui ne savent plus après qui courir, ont des clientèles à flatter ; fini le temps des instits barbus qui faisaient la loi à l’assemblée en 81.. Désormais maman a bobo et l’état nounou lui tartine son Nutella, les petits feront dodo quand ils pourront. De quoi en perdre son accent circonspect.
Accents.
Pour avoir réagi au rythme affolant des réseaux sociaux, je suis tombé, où vont de plus en plus mes penchants nostalgiques, du côté des regretteurs du facétieux accent circonflexe qui pourtant me posa problème. Et puis à prendre connaissance des modifications proposées nous pouvons nous apercevoir qu’il s’agit de modifications anodines et datées d’une vingtaine d’années. Merci à « L’instit humeur » au blog  recommandé ci contre.
« Ce n’est pas l’orthographe de nénuphar qui est un problème au collège » François Bayrou.
Petit retour sur un autre temps qui percute le nôtre : Defferre, le mari d’Edmonde Charles-Roux, avait installé FO à la mairie de Marseille contre la CGT à l’époque de la guerre froide, ce syndicat tient désormais les élus dans la deuxième ville de France qui a des écoles dans un si lamentable état que nos débats qualitatifs sont renvoyés par le fond. Mais pourquoi avoir attendu tant de temps pour que ce scandale vienne au jour ? 

vendredi 5 février 2016

Manif, sniff !

J’ai accompagné ma prof en exercice à la manif de mardi dernier et je ne l’ai pas perdue car ce n’était pas la foule des grands soirs. Les slogans étaient faiblement repris par les manifestants brandissant parfois quelques cartons rouges, mais évitant d’accompagner l’antienne :
«  Najat, si tu savais ta réforme, ta réforme, ta réforme, où on se la met ! »
La charmante prenant la suite d’une série de ministres oubliables.
Et «  Motivé ! » de Zebda à la sono faisait comme un cruel contrepoint qui aurait ignoré le temps.
Les profs opposés à la réforme du collège ont rejoint la manif fonction publique concernant le pouvoir d’achat, et les médias n’ont  bien voulu retenir que les réclamations concernant le point d’indice et les pneus brûlés des taxis du matin. Il a été aussi question de la galère pour faire garder ses enfants. Les journalistes s’aperçoivent lors des grèves de l’utilité de l’école en tant que garderie, car pour ce qui est de la mission éducative : l’école leur parait essentiellement stressante. Et les opposants à la réforme du collège : des passéistes, coincés de droite, c’est Libé qui l’a dit.
Face à ce conformisme médiatique qui a perfusé jusque dans les rangs des personnels qui ne se sentent pas forcément concernés, voire des grévistes montés au ski, j’ai mis en ouverture de ce texte, le panneau qu’avait confectionné une manifestante.
Travail personnel appliqué qui se développait sur deux faces, pas siglé, pour lequel je crains qu’il ait été peu lu : l’ampleur de la déception, du malentendu, ne tenant pas en une sentence.
Mais la forme de cette protestation, inadaptée à nos temps laconiques, marque bien la distance entre ceux qui défendent une école où les mots seraient choisis et les petits marquis tweeteurs des ministères et leur presse à eux attachés.
Face aux désarrois des établissements publics en banlieue, qui pourraient recevoir des propositions nouvelles de réforme d’une façon favorable, les réponses ne sont guère plus enthousiastes à ce qu’on peut en savoir, la mode n’étant pas au débat éducatif, ni à de dépressives incursions dans ce qui apparait comme des « territoires perdus de la république » : un surveillant, pardon, un aide éducateur de collège public : 
« Dis Mouloud on ne t’a pas vu à la mosquée hier au soir » (« Marianne », l’hebdomadaire)
Une amie des temps expérimentaux qui consacra des temps de soutien gratos aux élèves en difficulté et force réunions de coordination entre profs divers, pourrait-elle recevoir ces élèves car aujourd’hui il s’agit de ne pas stigmatiser ? Tout est hystérisé: la déchéance de nationalité qui toucherait quelques individus qui font la guerre à leur pays, la note, la couleur rouge, la moindre remontrance, voire le moindre apprentissage, le moindre travail, la moindre page, sans parler de l’orientation : tous chômeurs et bac pour tous. Qui veut devenir prof ? La société est bien plus malade qu’on le croit, qui ne sait répondre que par les sous.
Jaime Semprun :
« Quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : « Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? », il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : « À quels enfants allons-nous laisser le monde ? ».
………..
Dessin de Pessin sur le site de Slate :

vendredi 22 janvier 2016

Révisions.

Les cliquettements de nos machines tellement pressées de nous passer le temps présent maltraitent le passé en commémorations mécaniques.
Mitterrand, 20 ans. Nous avions été heureux quand la gauche avait gagné, mais faut-il avouer que nous préférions Rocard surtout quand tout le monde s’incline aujourd’hui ? Le bref culte qui est rendu à Tonton souligne l’état loqueteux dans lequel nous sommes tombés.
Sans plus m’arrêter parmi ces paysages effacés, je vais essayer de revenir sur quelques mots bourdonnant autour d’un lieu que j’ai déserté depuis 10 ans : l’école.
Pour avoir fréquenté, admiré des maîtres Freinet, mais ne pouvant prétendre à une quelconque expertise en la matière, je suis assez étonné quand même de la fortune de certains des mots de l’instit de Vence, inversement proportionnelle à la perte du sens des démarches qui ont fait naître tant de propositions qui élevaient les élèves.
Des conseillers fuyant les classes et des colloqueurs universitaires ont  mis en circulaire des préconisations extraites de réflexions issues d’un  mouvement militant qui partait de l’échange de pratiques sur le terrain et non de reportages télévisés ou de constructions hors sol.
Les avidités individuelles réduites à des plans de carrière ont siphonné ceux qui avaient des ambitions pour les enfants, pour l’école, des plans de travail et une organisation coopérative fraternelle en « béton » ou plutôt chantourné au filicoupeur pour permettre aux petits d’accéder à la liberté, aux savoirs. Ceux qui ont mis ces fonctionnements en place n’attendaient pas qu’on leur explique ce qu’est la laïcité, leurs convictions forgées dans le débat et l’entraide étaient rétives à tout ordre tombant des ministères : tout le contraire d’aujourd’hui où un caporalisme de pacotille revient au galop. La critique de l’enseignement frontal depuis les chaires prête à sourire.
Ainsi les mots : « projets », « compétences », « enfant au centre », « équipe », ont ponctué les clips, incitations, BD pour les nuls, injonctions du ministère par ses petits marquis, dénaturant les intuitions, réflexions collectives, audaces de pédagogues qui ont alimenté les « bibliothèques du travail » et tant d’outils amoureusement construits à partir des réalités diverses analysées par des praticiens.
Comment sommes-nous passés de démarches visant à l’émancipation, aux mots de l’entreprise ? De l’école Mao aux rotatives de Grenelle pour parodier un titre qui a marqué la fin d’une époque : « Lettre ouverte à ceux qui sont passé du col Mao au Rotary ».
Comment sommes-nous passés de « L’école moderne », marque déposée par le mouvement pédagogique pour lequel liberté et démocratie ne sont pas seulement des mots mais des actes, aux heures mornes des nouveaux rythmes scolaires qui ont signé la fin d’une école « maitre du temps » ? Les familles éclatées, les maitresses ne pouvant plus payer des loyers parisiens ont accompagné avec soulagement la transformation : les enfants sont davantage fatigués.
Ces engagements pédagogiques, ceux d’une vie entière, allaient avec des convictions politiques et syndicales. En me désolant des orientations présentes, en particulier au collège, défendues par le syndicat CFDT pour lequel j’ai consacré jadis tant d’heures, j’aurai le sentiment de trahir mes idéaux de jeunesse, si l’éditorialiste Jacques Julliard, un des piliers de « la deuxième gauche » n’était devenu un défenseur assidu de l’exigence en matière scolaire :
« l’effort n’est pas de droite, l’excellence n’est pas de droite, la conservation de notre patrimoine culturel n’est pas de droite. » 
 Je le rejoins comme opposant déterminé non pas à Najat Valaud Belkasem qui n’est qu’une porte-parole en mal de notes pour prompteur sur la notation, mais à son ministère qui alimenta Chatel comme Peillon ou le fugace Hamon pour nous faire prendre les vessies économiques pour des lanternes égalitaires.

vendredi 4 décembre 2015

Guère.

Cette semaine je ne vais pas recueillir sur mon clavier les rumeurs d’un Paris « ensangloté »,
ni  celles d’un « sommet climat », depuis le ravin où nous avons versé.
Nous avons vu bavarder Obama in Paris, que nous avions tant aimé, et Hollande qui  nous avait épargné le pire en son temps. Nous ne les croyons plus guère.
« Guère » : la formulation est prudente, parce que nous sommes au cœur du problème majeur de la crédibilité des politiques qui nous mettent le rouge au front. Guerre.
Je ne m’avance pas plus loin  dans la compilation de quelques bons mots sur des enjeux si grands, alors que les passivités inciviques quotidiennes rejoignent le manque de courage de ceux que nous avons mérité aux manettes.
Comment ne pas refroidir les électeurs quand il s’agit de réchauffement climatique ?
Alors je reviens à cette école dont on attend tout et qu’on n’entend plus.
Pour avoir évoqué imprudemment dans quelque conversation le terme « conseiller pédagogique », me fut rappelé que je venais d’un autre temps.
Aujourd’hui la hiérarchie ne cache plus ses prérogatives de donneurs d’ordre : 
« Fonctionnaires, vous êtes là pour obéir ! ».
Si bien des contempteurs de la fonction publique peuvent se réjouir de ce gage formel d’efficacité, les pédagogues regretteront le temps de la responsabilisation. Ceux qui étaient sur le terrain étaient respectés.
La « rebélitude » est une valeur distrayante pour les animateurs radiophoniques, Pigasse et autres conseillers ministériels en « milieu  aquatique profond standardisé ». Mais les profs en formation sont rappelés à l’ordre, s’ils s’inspirent  quelque peu d’élèves rétifs tant protégés qui mettent en l’air leurs classes de trente. Ces mal élevés bénéficient de toutes les attentions que n’auront pas les timides, les gringalets. Ils dictent leurs principes au groupe sans avoir besoin d’être explicites. L’esbroufe suffit pour asseoir le pouvoir des plus grandes gueules. Il faut favoriser l’oral.  La vérité des cours de récréation déborde dans les cours à l’instar de tous les arrogants des plateaux télévisés jusqu’aux tout puissants à kalachnikovs.
Bien malveillant serait celui qui s’oppose à cette loi du plus fort, plus attentatoire aux libertés de chaque adolescent que la parole d’adultes sommés de s’écraser et qui d’ailleurs n’émettent plus guère.
Les médias se sont-ils fait l’écho de réticences des profs envers les EPI « enseignements pratiques interdisciplinaires »  au collège ?  D’ailleurs les évaluations sur le dispositif équivalent au lycée installé par Luc Chatel n’ont pas été divulguées.
Les cycles inscrits sur le papier depuis Jospin mais qui avaient peu de réalité sont réactivés avec la difficulté supplémentaire de regrouper  CM2 et 6°, école et collège.
La concertation, qui a déjà bien du mal à exister autour de domaines interdisciplinaires tels que l’histoire des arts, est invoquée pour donner des idées au ministère.Le mammouth a du mal à masquer le mépris envers les personnels sous la brosse à reluire médiatique : les soutiers ne marchent pas dans la combine, hormis quelques aspirants à plan de carrière loin des élèves.
Quant à la satisfaction concernant une baisse du nombre de décrocheurs il faut savoir que certains jeunes inscrits ne suivent pas une scolarité comme les autres : dispensés de certains cours, ils sont bien gardés et les statistiques impeccables. Leurs camarades apprennent ainsi  à mesurer la distance des mots aux actes en vivant cette diversité de traitement dans les établissements dit d’enseignement qui s’apprêtent à concurrencer les MJC sur le plan de l’animation.
Depuis longtemps leurs professeurs savent bien la distance entre des programmes aux ambitions démesurées, et les résultats sans cesse en progrès à des examens aux notes arrangées. 
Les promis au chômage à bac + 5 sont de plus en plus nombreux.  Et ça passe.
Dans le genre démagogie, Alphonse Allais avait bien vu :
« Il faut demander plus à l’impôt et moins au contribuable »
Tout le monde demande une baisse de la contribution au collectif: à droite tous.
Et portant par atavisme, légitimisme, au pays de Macron et de Belle Kasem, je vais voter Queyranne, par charité.
Ce n’est pas lui qui fait les programmes et Hollande a été à la hauteur après tout ce bataclan. Je ne vais pas quand même laisser une chance au Buissonien Wauquier, directement ou indirectement ! 
.........
Le dessin en tête est paru dans courrier International, dans Caijing Magazine ( Pékin) et  le dessin ci- dessous dans Le Point.

vendredi 4 septembre 2015

Envie de rentrée.

Je ne sais si la nuance orthographique aperçue (envie de rentrer/de rentrée) à l’entrée d’un magasin de jouets a pu être saisie par tous les passants pas forcément soucieux de distinguer un nom et un verbe.
Même si depuis 10 ans, je ne suis plus dans l’active, je me sens plus légitime à causer de l’école qui a employé ma vie que de la crise grecque dont les caricatures m’accablent.
Je continue de goûter les mots autour de la maison des promesses : l’école.  
Certes avec « promesse », un tel mot fleuri, je livre une vision poétique et niaise, ô combien datée d’une institution qui vise aujourd’hui à flatter plutôt les paresses de préférence au travail. 
Les mots s’usent ou signifient leur contraire comme cette revendication paradoxale de moins d’état quand les souverainistes ont le vent en poupe et en appellent à de petites nations.
Les annonceurs s’obstinent à parler de beau temps lorsque la terre brûle, et l’idée est vendue que pour mieux embaucher : il faut licencier plus facilement.
Le ministère (pas le magistère) dit valoriser le latin alors que sa suppression est actée; je me retrouve du côté de D’Ormesson à trouver Najat VB « charmante », quitte à faire grincer les dents de celles qui n’ont pu en dire autant de Luc Ferry qui eut pourtant ce bon mot :
« Le bac : pour ne pas l’avoir, il faut en faire la demande »
Je me garderai de gloser sur le mot « travail » quand une collègue raconte le soin qu’elle avait apporté pour rendre le premier jour ludique et qu’une petite lui demanda : « quand est ce qu’on travaille ? »
Je veux juste pointer la disparition du mot « retenir » qui dans notre univers fugitif entre mémoire incontinente, et avalanche d’images, rejoint le terme « inscription » dans quelque caverne de polystyrène, quant à « élever » : ne se dit même plus pour les poulets et « instruction » figure elle encore dans les registres de l’armée ?
Comme dit  Régis Debray : «  nous créons du neuf à partir de ce que nous avons reçu » mais que peuvent saisir des politiques à la volonté défaillante où le surf sur l’opinion ne leur épargnera même pas le bouillon ?
En cette rentrée des blogs, dans mes rédactions, où je prolonge le plaisir suranné de choisir mes mots, je vais m’appliquer à ne point trop déplorer, tout en sachant que les occasions ne manqueront pas, de s’indigner devant quelques notoires notables, tant d’assurés si sûrs, et autres infaillibles trompeurs.
Notre excellent député, Brottes, va chez EDF, c’est bien payé, et pour lui on se débrouille pour qu’il n’y ait pas d’élection partielle; notre conseiller départemental, Ribeaud, qui multiplie les fonctions, le suppléera, un poste de sénateur n’étant pas vacant.
J’essayerai de ne pas être trop noir, garder la crise dans des tonalités grises,
mais quand tant de copier/collé tiennent le haut du pavé,
quand à la tête du ministère dédié : « Modiano, connais pas » 
quand dans certains états aux Etats-Unis on n’apprend plus à écrire,
quand on a depuis longtemps banni tout conseil en dessin,
est ce exagéré de voir des dangers quant au devenir des savoirs ?
« A quoi bon apprendre, c’est sur Internet ». 
....................
Pas dessin du "Canard" cette semaine, ils m'ont semblé tellement anecdotiques, mais cette image transmise sur facebook:

vendredi 12 juin 2015

Passion.

Un camarade voisin m’a transmis une vidéo de Didier Porte
http://la-bas.org/la-bas-magazine/videos/didier-porte-parlons-passion
où l’indigné permanent ridiculise une vidéo de la CASDEN (banque de l’éducation nationale) qui était sensée susciter des vocations pour le métier d’enseignant. Visiblement sans succès.
Le ridicule des témoignages se suffit à lui-même pour mettre en évidence le vide des propositions des communicants, la naïveté de certains collègues, la dégringolade de nos valeurs. Mais par effet de symétrie, je ne peux me résoudre au ricanement permanent, au cynisme désabusé, aux paroles tonitruantes tout le temps dénigrantes.
Oui des conditions de travail sont indignes, mais ce doit être encore possible de faire grandir des élèves, leur faire découvrir les algorithmes de la table du 9, l’héroïsme de Gavroche, inventer une nouvelle planète pour Le Petit Prince, voir un Y.E. B. écarter les bras en « King of the world » à la proue du canot pneumatique dans l’estuaire du Belon…
Il y eut des classes à 30 chaleureuses, rieuses, travaillant. Il y a des élèves qui toujours ont faim de savoir et rencontrent des enseignants qui ont la passion de leur métier. Pourvu que tous les donneurs de leçons ayant déserté les classes ne les accablent pas trop de circulaires, de consignes de réformes et de méformes http://ednat.canalblog.com/archives/2015/04/18/31912522.html et que leurs instructions cessent de miner l’instruction.
Les gnangnans m’insupportent, les toujours niant également :
 «Je suis l'esprit qui toujours nie!
Et c'est avec justice; car tout ce qui naît
Est digne de périr;
Il serait donc mieux que rien ne naisse,
Ainsi, tout ce que vous nommez péché,
Destruction, bref, ce qu'on entend par mal,
Voilà mon élément propre.» «Faust» de Goethe.
Oui je vais chercher dans les siècles morts, des mots, et Hugo Victor en  grand père me rassure, en 2015, je connais une petite fille qui fait bouquet de la moindre pâquerette, ébauche un rêve avec un morceau de tissu en tant que diadème, et ne rencontre personne pour médire de sa fierté de tracer au pinceau les trois lettres de son prénom.
Dans le square en bordure du revêtement sécurisé, les enfants creusent le sol caillouteux, il n’y a plus de bac à sable : trop dangereux, les chiens y chiaient, les toxs y laissaient des seringues. Il faut voir aux belles heures du petit matin quand la ville s’apprête, tout ce travail pour suppléer nos négligences.
Barde barbant, je me mets à la lyre : tous ces papiers laissés, ces mots usés, obstruent nos regards, empâtent nos océans, portent le doute sur notre bien le plus précieux dont Danton disait :
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple.»
Le pain fait grossir, et les bacs plus douze ne vont pas se lever à point d’heure pour voir la pâte à pain lever !
…………..
Pas  besoin de dessin cette semaine, les hommes de pouvoir se caricaturent eux-mêmes.

vendredi 29 mai 2015

Burn out et doutes.

Les médias sont passés à la séquence « burn-out », et le débat « collège » est déjà loin, pour lequel la formule «  le niveau monte » peut être abandonnée définitivement, après avoir fait florès depuis Baudelot et Establet avant de tomber de Charybde en PISA : pareil pour la presse !
Et Le Vaillant dans Libé : «  si on supprimait l’école (et ses réformes) ? » qui ressort des mots des années Illich et Summerhill : ça ne nous rajeunit pas !
Je viens d’envoyer à Télérama ces mots :
«… vous mettez en évidence le ressenti d’une institutrice retraitée, comme moi, qui n’a pour seul argument qu’elle est fatiguée des « vieilles barbes » ; pourtant Régis s’est rasé la moustache mais pas Jaurès. C’est sans doute pour refléter l’accablant niveau des débats sous le titre jeunes / vieux, que vous avez privilégié celui là, venant après les « bas du front » de Joffrin et les « pseudos  intellectuels» de NVB et précédant les coups de fouets qu’attend avec impatience ma conscrite Durut Bela (professeur en sciences de l’éducation, interrogée par l’hebdomadaire) qui devrait être également à la retraite, bien que préservée semble-t-il des élèves depuis belle lurette, dans le mol dossier consacré à la publicité de la réforme du collège. »
Les journalistes compatissent avec les salariés sous pression, mais ils ne cessent d’accabler les profs qui  décidément ont du mal à comprendre : seraient-ils contre l’égalité ?
Les urnes risquent d’être peu fournies en suffrage pour la pseudo gauche ; ce sera le recours ultime ignorant les consultations qui n’abusent plus grand monde.
Après avoir couru derrière quelques leurres en peau de latin, ce que j’ai pu lire dans la presse m’a paru bien fade, pipé. Et le sabir, pas si anodin, de la techno structure accusant la distance entre décideurs et exécutants méritait-il mieux que des ricanements ?
Depuis le début de ma carrière d’instit’, en 68, c’est chaque fois au nom de l’égalité que s’empilent les réformes : maths modernes, disciplines d’éveil, notation ABC … avec dans les faits une diminution des heures de français qui portent les fruits secs que l’on connait.
Ci-dessus une BD du ministère à agrandir en cliquant dessus, qui situe le niveau d’infantilisation des personnels. Et lisez plutôt la "méforme du collège" d’un compagnon de blog, militant inlassable d’une école plus juste et performante : « L’autre monde », ci contre dans la colonne de droite.
Dans une société où Nabila est une vedette, Duflot ministre et Pujadas journaliste, les modèles sont écroulés.  Alors ce pays vieilli flatte la jeunesse pour rester dans le registre qui tant excite la presse : les vieilles barbes parlant aux vieilles barbes.
Les « cycles » introduits en primaire n’ont pas fonctionné : on les propose à cheval entre école et collège, les EPI (enseignement pratique interdisciplinaire) remplacent les défuntes IDD (Itinéraires De Découverte) qui ne marchaient pas : on change les lettres.
Les mots sont morts. Pour aller au-delà de quelques phrases échangées sur Facebook avec une vieille complice de La FCPE qui  s’étonnait de mon scepticisme, moi l’ancien militant du SGEN CFDT, syndicat qui aujourd’hui se propose de passer dans les collèges pour expliquer la réforme du ministère, je révise mes engagements.
Je souhaitais l’entrée des parents à l’école, le travail en équipe, la pédagogie du projet, l’enfant au centre…
Les temps ont changé : l’enfant silencieux est passé en mode impérieux, prescripteur, le précepteur adulte s’est effacé, les parents sont devenus des consommateurs alors qu’ils étaient des amis de l’école. Pour la rédaction des projets, les inspectrices imposent des éléments de langage, et bien des collectifs se sont épuisés en parlottes inutiles, dévoyés en affichages publicitaires au détriment d’engagement authentiques, sous un caporalisme aux allures participatives mais visant au conformisme.
Les profs sont résignés, la réforme du collège va se faire dans la suite logique de celle du lycée de Chatel, surmontera-t-elle le manque d’appétit, de travail de nos enfants? Quant à la formation d’hommes et de femmes libres ?
Le blabla autour des promesses a entretenu  l’idée d’une école qui ennuie, surmène et bien des discours tenaient de la publicité : « maigrissez sans effort et continuez à vous empiffrer ».
Allez tout le monde au bac (à sable) !
…………
Libé peut être pédagogique quand il rappelle :
-        En 1979, la France a accueilli plus de 100 000 «  boat people » venant du Cambodge et du Viet Nam.
-         La commission européenne a demandé aux 28 états de l’UE de se répartir 20 0000 réfugiés (1 pour 25 000 habitants).
-        La Turquie héberge 1,7 millions de réfugiés. Le Liban plus d’un million (le quart de sa population)
L’image qui chapeaute cet article est prise dans Libé qui fait sa propre pub pour une nouvelle formule. Habile, jouant avec les contradictions, ce qu’ils n’ont pas fait dans le débat sur l’école où tout contradicteur était affublé de l'étiquette infamante "à droite", rendant tout débat impossible.
………..
Pas dessin du « Canard » cette semaine qui avait cependant une bonne manchette :
"Espagne : Podemos, France : pas des masses "
Faute de dessins convaincants concernant le collège, je propose celui du Point réalisé avant que les scandales de la FIFA n’éclatent.

vendredi 3 avril 2015

Pipe.

Il ne faut pas dire que les enfants manquent de vocabulaire : après le banal « psychopathe »,  le terme «  pédophile » est devenu courant dans le langage des cours de récré. Cet avènement signe une catastrophe anthropologique, et souille l’image des instituteurs et des prêtres, figures déchues d’anciens régimes.
Il y avait bien le féminin de chat qui prêtait à des sourires, mais ce n’est pas tous les jours qu’on conjugue le verbe savoir au subjonctif, quant à « la pipe de papa » du temps de Rémi et Colette, mieux vaut la bannir : «  Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage. »
Voilà qu’à Villefontaine un scandale de plus vient éclabousser l’institution éducation nationale depuis la technostructure jusqu’aux petits en passant par les parents et les enseignants.
Le principe de précaution qui  paralyse tant d’initiatives pédagogiques n’a pas prévalu dans l’accession au poste de direction de cette personne déjà condamnée.
Combien de trublions talentueux ont été barrés dans leur carrière car politiquement marqués, intellectuellement libres ? Là, le « référent » avait « les compétences » et de « la ressource » en mettant en place « un dispositif », pour employer les mots d’une administration qui fut désignée prioritairement comme « le mammouth », et plus que jamais prise dans les glaces, hors du temps, hors sol.
Un papa à cette occasion parlait de « syndrome de Stockholm » reproduisant des termes de journalistes pour parler du souci qu’avaient les enfants du sort réservé à leur « maître ». C’est qu’il ne soupçonnait pas la force du rapport qui s’établit dans une classe. Le mot « maître » a beau être proscrit, la réalité de ce prestige rend plus grave encore l’abus envers les enfants. Ce monsieur est peut être de ceux qui apprécient le charisme, valeur cardinale en politique, mais ne sait voir le pouvoir, quand il devrait être destiné à faire grandir les élèves. 
Ah ! Les cellules d’aides psychologiques vont s’installer le temps qu’une catastrophe chasse l’autre, le recrutement des psychologues s’étant amenuisé.  Et ce sera utile pour ces mamans qui pleurent devant les caméras. Des conseillers en com’ mettront en place quelque numéro vert  à délocaliser, une application pour Smartphones, un training  avec coach pour noyer le poison.
Les mots du capitalisme et du sport ont gagné, des mômes sont fracassés.
En faisant appel au judiciaire, on pense panser les plaies : dans cette société libérale, on ne fera qu’ajouter des carcans, des illusions de rigueur. Le bon sens ne saurait suffire, le courage, la simple relation humaine auraient pu prévenir les problèmes, empêcher que de telles affaires soient tues depuis tant de temps. Aucun indice n’avait alerté ? Parents, collègues, personnels, hiérarchie… Nous croyons tout dire, et nous sommes muets, tant de bruit, tant de buzz, et nous n’entendons rien.
Ce silence est à vrai dire celui de tout un système, pourtant bavard, comme en témoigne dans Slate cette jeune  prof  s’exprimant sur le fonctionnement ordinaire: 
« J’ai eu, en tant que professeur de français dans le secondaire, l’impression que tout est fait pour cacher, dissimuler le témoignage de professeurs qui s’éreintent à expliquer qu’on ne peut instruire les élèves sans leur imposer des limites, des règles et le goût de l’effort continu – en vain, puisque tout (le système, les circulaires courtelinesques successives) et tous (la majorité des parents, les autorités qui imposent une mission cachée aux chefs d’établissement, l’absence de bonne volonté face à un système gagné par la gangrène) jouent contre leur mission. »
L’influence des enseignants ne sort pas renforcée, et depuis un moment  beaucoup n’osent plus émettre, quand tel élève en déprise, continue à contaminer une classe sous une violence nourrie de lâchetés.
Au-delà d’un cas exceptionnel, c’est toute l’éducation qui se démet. Justement parce qu’on ne cesse de dire « surtout pas d’amalgame », même hors circuit, cette affaire nous affecte en tant qu’instit’. Chaque enseignante et surtout chaque mâle subsistant dans l’institution, se sent déshonoré après cette affaire qui profane toutes les innocences.
Jaurès avait écrit, en 1888, une lettre aux instituteurs, même si on ne parle plus comme ça, pour la littérature:
« Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confèrent, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de nos misères : l'égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la    pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort. »
.............
 Le dessin de la semaine sur le site de "Slate"

vendredi 27 mars 2015

Eclipse.

Sous l’image envoyée par un ancien pédagogue qui s’est bricolé son observation de l’éclipse de soleil de vendredi dernier, je livre mon humeur de l’heure : sombre.
Des inspecteurs d’académie, et autres sous fifres, avaient interdit aux maitresses des écoles d'observer l’éclipse ; des enfants ont été confinés le temps que la lune passe devant le soleil. Des syndicats ont dû intervenir auprès de la ministre pour qu'elle permette l'observation aux classes qui le souhaitaient.
« Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt »
Lorsque j’ai reçu un courrier d’un autre de mes collègues encore en activité, concernant  les consternantes palinodies autour de cette éclipse, je pensais que ce serait un témoignage parmi tant d’autres, d’un phénomène qui a révélé, à mes yeux, l’ambiance d’une époque s’enfonçant dans le noir.
« Non mais on est dans quel monde là? C'est pas au programme? Les collègues ne sont pas professionnels et au courant des précautions à prendre? »
Mon pote, parti en classe de découverte ( !) a du convaincre des parents qu’il n’allait pas « laisser leurs enfants se brûler les yeux. Sinon les familles les gardaient (dans le noir ?) »
Je n’ai guère trouvé de commentaires sur cette affaire, alors que les réseaux dit sociaux se sont déchainés autour de Goldman. Pourtant je trouve que cet épisode révèle les ravages du principe de précaution, la perte de confiance en l’école, les préjugés parentaux, la pusillanimité de l’éducation nationale, l’effacement des maîtres, le conformisme de certains médias, leur médiocrité. Alors qu’avec ce phénomène céleste à la portée de tous, il est question rien moins que de notre place dans l’univers, d’éducation, y compris aux dangers, mais pas que.
En  d’autres lieux, l’autorisation écrite des parents était requise, accompagnée d’une circulaire où figurent encore les soulignages mettant en évidence  les mots « graves et irréversibles » et un texte où nul ne pourra ignorer que « les lunettes sont conformes aux dispositions prévues par la directive européenne 89/686/CEE relative aux équipements de protection individuels et porter le marquage CE de conformité. La partie filtrante est constituée soit de films en polyester recouverts d’une fine couche d’aluminium, soit de films en polymère noir teinté dans la masse… » 
La première proposition du moteur de recherche avec le mot « éclipse » concerne… les animaux :
« Les  animaux n'ont pas l'habitude de lever le nez vers le ciel pour regarder le Soleil. Et ils n'ont pas non plus la même fascination que nous pour les phénomènes astronomiques. De fait, "aucune étude clinique n’a révélé une telle altération de la vision suite à une éclipse, note le vétérinaire. Soit parce qu'elle passe inaperçue dans le comportement de l’animal, soit, plus probablement, parce que les chiens et les chats ne sont pas 'intéressés' par l’observation du Soleil et des éclipses. En effet, en temps normal, regarder directement le Soleil, dont l’intensité lumineuse est très forte, est responsable de photophobie. Leurs yeux 'piquent' et nos carnivores domestiques n’ont ainsi pas tendance à le faire. Heureusement pour eux !"
Tous toutous !
L’éducation nationale, à la dernière minute, a encouragé l’observation, aggravant son cas déjà lourd et le mot « projet » usé jusqu’à la corde peut être mis au milieu du feu où se trouve déjà la maîtresse, comme si cette éclipse était fortuite !
Tous les hymnes à la science pourront bien être entonnés, le souvenir de ce moment portera pour certains sur la qualité des lunettes, voire la couleur des rideaux occultants.
 « Un Astrologue un jour se laissa choir
Au fond d'un puits. On lui dit : Pauvre bête,
Tandis qu'à peine à tes pieds tu peux voir,
Penses-tu lire au-dessus de ta tête? »
 La Fontaine
Nous sommes dans le trou.
…..
Pour ceux qui ont suivi quelques questionnements antérieurs où j’ai frisé l’abstention : finalement je suis allé voter. Les socialistes étaient les plus concrets.
…………
Sur le site « Slate » cette semaine :



vendredi 19 décembre 2014

Nota bene.

Sur un air aux notes nostalgiques, quelques mots sur le débat au long-court concernant les notes à l’école, en cours d’être soldé.
Dans cette affaire comme dans celle des rythmes, quand les syndicats sont absents du débat, les médias mènent la danse.
Lorsque le Dauphiné Libéré donne la parole à des passants sur un coin de trottoir, aucun enseignant n’a dû se trouver à proximité de micro du paresseux rédacteur.
Par ailleurs, le mérite des séquences des journaux télévisés de France 2 est leur côté sommaire qui ne demande aucun talent pour en déceler les grosses ficelles.
Ainsi il convient de comprendre : La notation de 0 à 20 c’est du passé : filmé en noir et blanc, un enfant en culotte courtes à la voix encore plus nasillarde qu’Elise Lucet voudrait complaire à ses parents, le pauvre ! L’avenir est à la couleur : vert, orange, rouge.
Le code binaire de la route devient le code de nos civilités simplifiées.
Comme si une note pouvait  être traumatisante si le climat de la classe est à la confiance.
Cette société rétive à la solidarité, où l’impôt est désormais si mal vu, aime se bercer parfois de compassion. Elle se voudrait du côté des découragés par l’école, des dégradés du savoir,  alors qu'elle les méprise.
Après un Téléthon qui a côtoyé un concours de miss évaluées en cm (centimètres), des potaches fatigués par leur week-end, mais très peu par les devoirs que des professeurs sadiques voudraient encore leur imposer, vont affronter quelques adultes attachés à les humilier : les profs !
C’est ainsi qu’est présenté l’enseignement qui fatigue et déprécie ses enfants.
Le temps consacré aux études diminue, l’école ne donne plus le tempo, elle  court, le souffle court derrière la dernière mode, n’ose plus rien dire. Les agences de notation notent, PISA classe, les films s’étoilent, les sondages mesurent, Zlatan avec 9,5/10 humilie se camarades, Jean Eude  lui est « en cours d’acquisition » dans bien des « domaines de compétences », heureusement en LEP  il peut grappiller deux points en français, s’il a bien rangé sa chaise  (authentique)…
Des élèves sont en souffrance, pas forcément à cause de l’éducation nationale, mais faute parfois d’éducation par des parents qui n’ont jamais envisagé de devenir adultes. L’institution  a multiplié les dispositifs aidants, de classes-passerelles en notations lissées, et bien que les valeurs attachées au travail soient discréditées, tout le monde n’accèdera pas  forcément à un poste de « Commercial » horizon de notre société, surtout pas prof!
Quand on sait toutes les potentialités d’un bébé, l’appétit des petits à apprendre et qu’on parcourt à nouveau tant de vaines querelles, vous saisit la tentation du silence, contrarié!
Et dire que c’est encore l’école privée qui va bénéficier de tous ces remèdes fallacieux !
…………
Pour dire mon décalage : il y a eu parait-il une circulaire envoyée aux écoles  l’an dernier pour déconseiller les décorations de Noël. Non pas la crèche, évidemment, mais le sapin et le bonhomme au bonnet rouge… même pas un petit poème. Le bonhomme de neige aurait-il besoin d’une certification ? Et on ne nous a rien dit !
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Le dessin du haut est  pris dans « Le Canard » de la semaine , celui ci bas dans « Courrier International » qui révise l’année écoulée.