lundi 30 septembre 2024

Les graines du figuier sauvage. Mohammad Rasoulof.

Dans la file nombreuse des spectateurs attendant d’entrer pour une projection de deux heures trois quarts, une dame sortant de la salle tend le poing et proclame : « si on n’aime pas le film on est complice ! ».
Les réactions ne sont pas toujours aussi caricaturales mais s’inscrivent dans l’air du temps où l’intimidation devient banale. Les affiches annonçaient un chef d’œuvre pour ce film et également pour celui qui était projeté dans la salle voisine.
Est-il possible d’émettre quelques réserves à propos de ce récit au titre poétique, bien que le contenu soit loin d’être savoureux, puisqu’il s’agit de la dénonciation de l’insupportable tyrannie iranienne ? 
Qui peut se taire, sinon quelques indulgentes à l’égard des mecs tournés vers la Mecque ? 
Le réalisateur traite avec force l’impact de la profession du père de famille au service du régime, à travers la personnalité de la mère prise entre sa loyauté à l’égard de son mari et ses filles sensibles au mouvement d’émancipation «  Femme, Vie, Liberté ».
Le pouvoir meurtrier, aux abois, pervertit les individus et toute relation, retourne les tiroirs, mais une conclusion trop symbolique abime la description utile de l’oppression.

samedi 28 septembre 2024

La réserve. Russell Banks.

Dans les vastes forêts des Adirondack au nord de New York, bien des surprises nous sont offertes dans  le microcosme des privilégiés qui habitent « La réserve » du parc national. 
« Une batterie de fusées sifflantes envoyait dans l’obscurité de grands arcs flamboyants, rouges, jaunes et bleus, semblables à des éclairs lancés contre les dieux. Très haut dans le ciel au-dessus de la Réserve, les fusées finissaient leur ascension, perdaient de la force et flottaient un instant avant d’exploser les unes après les autres dans un éclair- gigantesques fleurs de lumière aussitôt éteintes, froissées et dissoutes dans la nuit. »
 Un artiste rencontre une riche et belle héritière, « pauvre petite fille riche » : passion et folie.
L’écriture est précise, jamais laborieuse. 
«  Si à l’âge adulte, ses fils souhaitaient utiliser leur deuxième prénom - lequel, dans un esprit de compromis, avait été pris chez les ascendants familiaux d’Alicia et de Jordan - il n’y trouverait rien à redire. Mais il était certain que cela ne se produirait pas. A cet âge-là, ils sont devenus leur nom, affirmait-il. ». 
Les portraits des protagonistes sont vivement tracés et les évènements d’avant la seconde guerre mondiale, traversés par un immense et luxueux zeppelin craignant la moindre étincelle, nous étonnent tout au long des 380 pages. 
« Les secrets ne sont pas comme les mensonges. Ils sont plutôt comme une opération au cerveau. Ils tuent votre âme. Le mensonge n’est qu’une technique pour conserver des secrets. » 
Sans leçon insistante, se précisent les caractères où la candeur rejoint la perversité, l’authenticité rencontre les contre-vérités. 
« Pour Vanessa, la vérité était comme un oiseau qui vole d’arbre en arbre, de sorte que la proposition « sur l’arbre est perché un oiseau » se rapportait à cet arbre-ci tout proche puis à un autre dès que l’oiseau s’envolait sur l’arbre suivant, puis à encore un autre, et ainsi de suite jusqu’à ce que toute la forêt y passe. »

vendredi 27 septembre 2024

Déréliction.

Quelques croassements anticléricaux paraissent bien fades quand est décrochée la silhouette de l’abbé Pierre des entrepôts d’Emmaüs.
Déjà que tout tir est prohibé en direction des ambulances ; à l’égard des corbillards, seul l’oubli s’en suivra. Nos dieux sont morts et nos saints se raréfient.
Lorsque les bouffe-curés les plus affamés remontaient à l’Inquisition pour caractériser les catholiques, il y avait toujours quelque admirable missionnaire pour écoper l’eau des bateaux vermoulus armés par le Vatican.
Les dernières révélations ensevelies sous les silences constitutifs de l’institution religieuse sont venues planter quelques ultimes clous dans le cercueil des influenceurs à l’ancienne. 
Le mot « amour » tellement chanté sous les croisés d’ogives était déjà bien abimé quand il évoquait d’avantage quelque libidineux célibataire que la générosité de mère Térésa
Bien que les églises se vident  et que les vocations se tarissent, la dimension religieuse revient plus que jamais dans les conversations.
Pour éviter de se laisser aller à la complaisance dans le répertoire de nos défaites, suffirait-il de les décrire pour se donner l’illusion de nous ébrouer?  
Dans une atmosphère assombrie par les incendies volontaires en Amazonie, par les explosions incessantes dans tous les coins de la planète, peut-on saisir des liens qui ne soient pas calcinés, en tirer du sens ?
Un titre du  journal « Le Monde » : «  Le Sud pleure la mondialisation libérale » n’arrange pas la visibilité quand il prend à contre-pied une vision unique diabolisant les échanges internationaux. 
« … à jeter le remède libre-échangiste avec l’eau du bain, comme on le fait aujourd’hui au nom du climat ou des priorités stratégiques, on se condamne à une régression dans la lutte contre la pauvreté… »
 Bien que cette échelle mondiale reste inaccessible au plus commun des boumeurs,
le mot «  déréliction », signifiant « abandon », convient pour caractériser la période. 
« Tout concourt à opprimer les politiques qui n’avaient déjà pas besoin de cela pour être en proie à un sentiment d’accablement et de déréliction. » 
Alexandre Soljenitsyne.
Péripéties gouvernementales mises à part, quand s’oublie l’intérêt de la nation chez les squatteurs des canaux d’information, je relève dans un domaine à ma mesure, la satisfaction des syndicats face à l’abandon de toute modification du brevet des collèges. 
Cela confirme leur manque d’ambition pour l’école et pousserait volontiers ma curiosité du côté de l’auteur de « La fabrique du crétin », Brighelli.

jeudi 26 septembre 2024

Musée d’art moderne André Malraux. Le Havre.

Face à la mer,
derrière « le signal »,
un grand œil de Georges Adam,
le MUMA accueille depuis 1961 la deuxième plus grande collection française d’œuvres impressionnistes et fauves après Orsay.
L’architecture de verre et d’acier toute en clarté met en évidence une profusion de Boudin, 
quelques Renoir, 
Monet,
Pissarro,
Vallotton, 
Marquet... 
Leurs lumières font pâlir l’exposition temporaire des photographies 

de la Normandie entre 1840 et 1890.
Elles ont cependant un intérêt documentaire en présentant diverses techniques photographiques dans leurs premiers essais et de belles réalisations récentes.

mercredi 25 septembre 2024

Vulcania.

Notre halte à Saint Bonnet se justifie par la volonté  de nous rendre à Vulcania.
Le GPS nous y conduit à travers de beaux paysages, 
avec un itinéraire qui passe par Châtel-Guyon.
La ville comporte de beaux hôtels début XX° construits pour répondre à la demande du thermalisme fort prisé à cette époque.
La route sillonne ensuite  la forêt ou des terrains plus vallonnés et les panneaux annonçant  Volvic apparaissent à plusieurs reprises.
L’arrivée à Vulcania nous impressionne par son ampleur et son organisation. Une série inimaginable de parkings se côtoient, s’intégrant discrètement sous les arbres.
Dirigés efficacement par du personnel dédié à orienter les voitures, nous stationnons dans le P10, alors que les véhicules continuent de débouler et remplir les espaces disponibles. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude, le soleil présent compense la fraicheur de l’air. Malgré l’affluence de voitures, l’entrée sur le site de 57 hectares en pleine nature s’avère fluide, d’autant plus que nous disposons déjà des billets achetés sur Internet.
L’employée au guichet nous fournit un dépliant  qui résume toutes les attractions et possibilités classées en cinq groupes : attractions dynamiques, films sur grand écran, petits explorateurs (orienté enfants), spectacles. Elles se répartissent dans plusieurs bâtiments.
Le principal d’entre eux comporte deux étages ; il se prolonge en forme de cône recouvert de pierres sombres doublées  de plaques dorées.
Cette évocation d’un volcan s’enfonce dans la roche entourée par 2 niveaux inférieurs où se trouvent une serre et des salles de cinémas ou d’expositions. Vu d’en bas, le cône qui s’élance vers le ciel parait immense et se rétrécit vers une ouverture sur le ciel. L’autre bâtiment important se situe sur la droite : c’est le planétarium.
Le " Namazu" complète l’ensemble, c'est une montagne russe portant le nom japonais d’un poisson-chat géant  dont les soubresauts provoquent des séismes. Dans l’immense étendue du parc prennent place des aires de jeux pour les enfants, des aires de pique-nique, un circuit pour draisiennes et un circuit pour BMX : tout concorde à satisfaire les familles.
Nous établissons notre programme : nous commençons  par « la chaîne des Puys racontée » à l’abri de parasols. Un animateur excellent nous explique la différence entre volcans monogéniques (issus d’une seule éruption) et volcans polygéniques.
Ici, les quatre-vingt qui composent la chaîne des Puys sont monogéniques.
Il fait la distinction entre éruptions effusives (lave fluide qui s’écoule le long des pentes et petites projections) et éruption explosive (propulsions plus dangereuses, bombes, cendres, poussières, blocs, nuée ardente allant jusqu’à 300km/h).
Il nous décrit les différentes formes adoptées par les volcans: le cône, le dôme, la forme de maar (avec cratère pouvant contenir un lac), de fer à cheval, égueulée.
Il s’appuie pour son exposé sur un écran vidéo ou carrément sur l’exemple des montagnes face à nous et s’exprime dans une langue fluide compréhensible avec un niveau sonore appréciable.
Nous nous accordons une pause au restaurant « Panorama », logé au 2ème étage supérieur du bâtiment principal et nous laissons facilement tenter par une assiette mixte remplie de spécialités régionales en charcuterie et fromages. Nous ne sommes pas les seuls amateurs…
Repus, nous descendons de plusieurs niveaux à côté de la serre pour assister à la séance « Machine terre racontée » par deux animateurs. Ils nous parlent à 2 voix des planètes et de leurs caractéristiques (gazeuse, couleur,  taille).
Ils nous détaillent la constitution de la terre en partant de l’écorce, puis le manteau en 2 parties, et le noyau contenant sans doute une amande de fer et nickel. C’est l’étude de météorites parvenues jusqu’à nous qui a permis aux savants d’avancer ces théories, car évidemment, personne n’est encore parvenu au centre de la terre pour vérification.
Nous nous installons ensuite dans une salle de ciné  devant un écran gigantesque pour voir « Regards sur les volcans » en activité dans le monde.
En sortant de là, pourquoi ne pas tester à côté  une attraction dynamique ? Avec  « Premier vol » le public s’engouffre dans cinq nacelles individuelles et mobiles. Elles s’inclinent,  s’agitent en fonction des vues prises au-dessus des volcans et nous partageons le vol d’une mère aiglonne dans l’initiation aérienne de sa progéniture. Nous vivons de belles images sur les lacs, participons à des plongées vertigineuses ou des remontées à la verticale le long de montagnes comme si nous étions des volatiles.
Dans le bâtiment du planétarium, ne proposant aucune attraction à cette heure, nous nous laissons convaincre par des animateurs pour assister à une sorte de TP intitulé « Sous le soleil ».
Un présentateur scientifique nous installe à des paillasses et teste nos connaissances pour les élargir : à quoi sert le soleil, sa couleur,  sa taille par rapport à la terre, que savons-nous de l’arc en ciel, des aurores boréales, des saisons, des autres astres? Il propose de petites expériences utilisant des lampes, des prismes en verre et un bocal d’eau.
Nous ressortons profiter de l’extérieur tout en poursuivant  l’exploration du site.
« La forêt  des dragons » repose sur les légendes du monde autour des phénomènes autrefois inexpliqués tels les tsunamis, les orages, les séismes. Représentés sous forme de dragons articulés et sonorisés, ils apparaissent ici et là au détour d’un parcours boisé et surprennent les enfants. Nous n’attendrons pas 18h pour pénétrer dans le planétarium pourtant recommandé, accessible grâce à une animation, nous déclarons forfait pour les
activités restantes. 
Le chemin du retour nous ramène à Châtel-Guyon où nous nous arrêtons dans le centre coquet avec ses hôtels et ses établissements de cure pimpants. La rue principale devenue piétonne s’apprête à un marché nocturne, les étals se dressent lentement et calmement dans la douceur de fin d’après-midi.  Pour  ce soir nous effectuons quelques courses au Vival à consommer dans la cuisine d’été.  Il fait bon.
Après le repas, nous allumons la TV pour suivre les J.O. La France a gagné 9 médailles dont 3 en or : natation ( invincible Léon Marchand), judo ( imbattable Teddy Riner) et BMX (or argent et bronze , tout pour les Français !)

mardi 24 septembre 2024

Palais Bourbon. Kokopello.

 
Le fonctionnement de l’assemblée nationale est pédagogiquement présenté dans cet album de 135 pages : commissions, questions d’actualité au gouvernement, permanences en circonscription et manœuvres habiles pour faire intervenir par exemple Greta Thunberg devant les députés…
Le dessinateur passe pour un collaborateur du « Courrier Picard lorsqu’il suit François Ruffin ou du « Télégramme de Brest »  quand il accompagne la mission d’information sur la pêche au Guilvinec. 
Quant à un berger, lors de la fête de la transhumance où est attendu Jean Lassalle, il lui demande si c’est pour « La République des Pyrénées » qu’il est venu dans la vallée d’Aspe.
C’était au temps de François De Rugy alors que le homard qui va l’évincer de son poste de président de l’assemblée se retrouve au détour de quelques pages comme marque de défiance envers l’institution républicaine. 
Le travail des parlementaires est valorisé, dépassant les invectives qui ont nuit à leur image, nous instruisant sur la complexité de l’élaboration de la loi et sur les conditions favorables offertes pour que fonctionne au mieux la démocratie. 
« Faute d'aéroport, dans les territoires les plus reculés, comme certaines îles de Polynésie, les bulletins de vote sont largués par avion. »

lundi 23 septembre 2024

Ma vie, ma gueule. Sophie Fillière.

Agnès Jaoui au sommet de son art en quinquagénaire excentrique rencontre brièvement Philippe Katherine parfait dans ce film fantaisiste, original, doux-amer.
La comédie enjouée aux dialogues bien troussés évolue vers plus de gravité  au moment où les thèmes du vieillissement, de la folie, de la relation avec les enfants sont évoqués. 
Quand les rires ne sont pas des ricanements et que les destins ne tournent pas à l’apocalypse, scènes cocasses et  atmosphère poétique permettent d’illustrer parfaitement la catégorie «  comédie dramatique », drôle et sérieux, cocasse et émouvant, morose et rose.  

 

samedi 21 septembre 2024

Continuez sans moi. Jean Michel Mestre.

Dans son deuxième roman, l’auteur revient sur la vie de sa sœur qui s’est suicidée il y a quarante ans. Ce livre essaye de réparer l’absence de toute plaque sur la tombe où elle est enterrée. 
« À défaut de souvenirs, je m'en suis sorti en pensant : ce n'est pas moi qui l'ai oubliée, c'est elle qui est partie en claquant la porte, elle qui a tiré le rideau en lâchant : Ça suffit, basta, j'en ai assez, continuez sans moi. Elle ne l'a pas dit comme ça. A-t-elle seulement eu le temps de penser à ceux qui continueraient sans elle ? Et si ce que je prends pour de l'oubli relevait de la gêne. Il suffirait de la surmonter, d'ouvrir une vanne, puis deux ou trois, pour que d'autres bulles remontent à la surface. La trappe est lourde. » 
Dans toutes les appréciations de lecteurs à propos de ces 200 pages, figure l’expression « sans pathos » pour mieux souligner l’originalité du narrateur dans un exercice périlleux. J’ajouterai son honnêteté.
« Quand la maladie ou un accident emporte un proche, l'art de converser avec lui, de le garder vivant, d'entretenir un lien avec lui est casse-gueule mais un chemin reste possible. Chacun emprunte comme il peut, avec ses mots, ses silences, ses doutes, ses failles. Mais quand la violence du suicide éradique la possibilité d'un chagrin, qu'est-ce qui peut lui succéder ? J'ai cru remplacer la peine par l'effacement, la culpabilité par l'indifférence et le remords par le silence. Foutaises, bien sûr. » 
Le cheminement à l’intérieur de sa mémoire lacunaire est plus émouvant que le rappel des années post-68 communes à la génération boomeuse et au delà. Ses recherches tardives de souvenirs fantomatiques, bien sûr plus personnelles, font tout l’attrait, la force de ce retour vers ses faiblesses, ses fuites, son incompréhension.
Le cinéma, la musique, sont les instruments de cette archéologie avec Beaucarne, IBanez(Palabras para Julia de Juan Goytisolo). 
«  Mais souviens-toi toujours
De ce qu’un jour j’ai écrit
En pensant à toi, en pensant à toi
Comme j’y pense à présent. » 
Ses prospections minutieuses, fines, sont permises par un style limpide en accord avec l’intégrité de l’écrivain.  

vendredi 20 septembre 2024

Penser contre soi-même. Nathan Devers.

Tellement assailli par les dogmatiques, j’ai été attiré par ce titre alors qu’il est déjà si difficile de penser par soi même.
J’ai apprécié le récit d’un parcours intense depuis l’envie de devenir rabbin sous sa kippa, « dôme d’humilité », jusqu’à l’abandon de cette vocation exigeante intellectuellement. 
« Oui, il fallait se frotter aux questions difficiles. Aux religions différentes. Aux idées qui dérangent. Aux sciences. Aux arts. Aux livres. Aux révolutions intellectuelles, aux fluctuations de l’histoire. Ce n’est qu’à ce prix qu’on déployait sa singularité. Qu’on explorait sa propre altérité. » 
Avec ces 326 pages, le jeune philosophe met en pratique ses réflexions ancrées dans le quotidien: 
«  Réconcilier la littérature et la philosophie, moi qui étais amoureux de l’une et religieux de l’autre : n’était-elle pas là la clef ? Ne plus voir de différence entre ces deux continents. Abolir tout schisme séparant théorie et pratique ; conformer ses actions et ses idées, mais ne pas réduire celles-ci à la conceptualité. » 
Loin des manuels de savoir penser, vivre, cuisiner, les fatigués peuvent se requinquer avec ce livre accessible, agréable à lire: 
« Un scepticisme qui n’a plus rien à voir avec les sables mouvants de l’hésitation mais qui constitue un principe actif de la philosophie. Le moteur d’une négation qui travaille secrètement la pensée. Un doute souterrain, destructeur autant que créateur, qui, souvent invisible, traverse toute la philosophie et l’aide à s’accomplir. »