jeudi 4 janvier 2024

Les martyrs de l’art. Serge Legat.

Dans la série des artistes maudits, le conférencier devant les amis du musée de Grenoble nous présente Hugo Van Der Goes dont Erwin Panovsky auteur de l’ouvrage « Les primitifs flamands » écrivait qu’il « est peut-être le premier artiste qui incarne un concept inconnu au Moyen Âge, mais en haute faveur depuis lors dans l’esprit des Européens, celui de l’homme de génie à la fois béni et maudit par le destin, parce qu’il est différent du commun des mortels». « Portrait d'un jeune homme ».
Cet artiste du XV° siècle dont seulement nous sont parvenus 13 peintures et 2 dessins a été reconnu à la cour de Bourgogne. Plus tard sombrant dans la mélancolie, il est entré comme novice au prieuré du Rouge-Cloître où il continue à peindre. « L'adoration des Mages »
Le goût du détail, la personnalité de chaque personnage bien distinguée, les couleurs vives constituent sa signature. 
Le chagrin des apôtres est expressif autour de la mère pétrifiée « La Mort de la Vierge ».
En 1872, Emile Wauters retiendra : « The Madness of Hugo van der Goes ».
Le Greco
(Domínikos Theotokópoulos), né en Crète en 1541, d’abord peintre d’icônes puis formé près du Titien, se révèle à Tolède où il meurt  en 1614, avant d’être remis au goût du jour au XIX° siècle.
 
« Le Martyre de saint Maurice » aux lignes étirées dont les plans se télescopent, ne laisse pas de vide. Sa peinture étrange a nourri des légendes concernant l’homme.  
Le peintre maniériste est expressif dans une originale « Vue de Tolède sous l’orage » 
à l’éclairage fulgurant.
L’« Enterrement de Casagenas » de Picasso dialoguera
avec « L’enterrement du comte d’Orgaz » du Gréco.
Pontormo
dont l’« Autoportrait »  apparaît un peu fané appartient lui à l’école maniériste florentine. Mais beaucoup de ses œuvres ont été détruites, et ses travaux monumentaux inachevés. Il finira dans le désespoir, après avoir été porté aux nues.
« La déposition du Christ »
accentue les expressions et les couleurs, idéalisant la scène.
Felix Nussbaum
, peintre de la nouvelle objectivité a réussi à s’échapper du camp de Saint Cyprien « Le réfugié ». Il  meurt en 1944 à Auschwitz avec sa femme Felka Platek. 
« Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, mais montrez-les aux hommes ».
« Le triomphe de la mort (les squelettes jouent une danse) » 
dont l’intitulé rappelle Bruegel fait penser aussi à Bosch.
Son « Autoportrait au Passeport Juif » est devenu un symbole de la shoah.
Géricault
né dans une famille royaliste en 1791, auteur du très républicain « Radeau de la Méduse » qui dénonçait l’incurie monarchiste fut pourtant félicité par Louis XVIII. 
« Monsieur, vous venez de faire là un naufrage qui n'en est pas un pour son auteur.»
 https://blog-de-guy.blogspot.com/2017/06/gericault-f-giroud-g-mezzomo.html
« Etude de bras et de jambes »
et « Têtes de suppliciés décapités » préparaient la retentissante toile qui fut mieux reçue en Angleterre qu’en France.
Il fréquente l’hôpital de la Salpêtrière. « La Monomane de l’envie » 
Devenu l’incarnation de l’artiste romantique, il excelle à représenter les chevaux et à monter les plus fougueux, l’un d’eux va le faire chuter. 
Il entre dans une longue agonie, miné par la tuberculose des os et la syphilis. 
« N’est-il pas triste de mourir à 33 ans avec le regret de n’avoir encore rien fait 
de ce que l’on a senti ! »
Ary Scheffer «  La mort de Géricault »

1 commentaire:

  1. Van der Goes est un de mes peintres préférés. Je me souviendrai pour toujours d'avoir pénétré dans les Offices à Florence, dans une grande salle où on avait installé la "Nativité" de Van des Goes en face de "La Naissance de Vénus" de Botticelli. C'était un choix d'exposition géniale qui permettait de mieux comprendre les enjeux de la peinture de Van des Goes, d'une forme de "réalisme", d'attention au détail qui n'apparaît pas du tout dans le tableau de Botticelli, car Botticelli est bien plus attaché à l'idéalisation de ses sujets que Van der Goes.
    Pourtant, "La Nativité" est reconnue à juste titre en Occident comme chef d'oeuvre, et il le mérite.
    Le tableau de la folie de Van der Goes me fait penser à Saül dans la Bible, un autre illustre mélancolique qui a beaucoup souffert de sa mélancolie, et ses accès de fureur incontrôlée. L'idée que la musique pourrait adoucir une âme tourmentée est très vieille. Musique et mélancolie vont souvent de pair.
    La peinture de Pontormo ne me chante pas plus que Botticelli à ses moments les plus idéalisant, car le type prévaut sur l'individualité, et je n'apprécie guère une peinture aussi monumentale, disons.
    Merci pour l'expo !

    RépondreSupprimer