Oui je parle de « nos » défaites puisque je compatis dans cette affaire constitutive du B.A. BA démocratique, tout en gardant mon énervement à l'égard des vieux, mes collègues qui n’assument pas grand chose dans l'époque que nous traversons et dénoncent toujours l’autre, d'un smiley.
Les rédactions, les dissertations ne me semblent plus les épreuves-reines dans les parcours scolaires d'aujourd'hui et pourtant quelle richesse contenue dans le terme « expression écrite »! J'en avais
fait une petite recension en école primaire, il y a quelques
décennies
La discussion pourrait se poursuivre sur la difficulté de
définir le terme « libre » contenu dans le fameux « texte
libre » qui tant nous occupa, pourtant il me semble que depuis ces temps
chevelus révolus, l’authenticité des grands mots mis à toutes les sauces, est
toujours à questionner.
Puis-je regretter dans la même phrase que chacun donne son
avis sur la Chloroquine et me lamenter de lire si peu d’avis singuliers
développés ?
Je confonds peut être mes contradictions avec des paradoxes
plus régénérateurs,
me conformant aux mots tombés des pages feuilletées, ne
sachant pas plus que d’autres retrouver les sucs d’une individualité à la
fierté enfuie, si loin du « cœur sauvage de l’écriture » comme le
poétise Lydie Salvayre.
Oui il y avait de l’ambition à faire s’exprimer les petits,
comme on dirait d’un fruit, si cette image ne prenait aujourd’hui des
connotations trop pressantes. A tous âges, il y a toujours quelques risques délicieux
à exposer des mots en chapelets sur les écrans dont la capacité d’oubli nous
éloigne de toute vanité. De toutes façons le stylo devient obsolète et la
calligraphie une activité pour EHPAD.
Comme pour d’autres évènements sur lesquels nous n’avons pas
d’emprise, il faut s’habituer aux interventions syncopées où la vitesse défie les
échanges réfléchis, quand le débit de paroles de certains jeunes peut
affoler.
« Pour l’enfant,
amoureux de cartes et d’estampes » dont l’appétit rétrécit à mesure
que son univers bordé de luminescence bleutée l’enveloppe de plus en plus, nous
avançons plus que jamais au royaume des précautionneux et des hypocondriaques,
où les parfums disparaissent derrière les désinfectants avec seulement quelques « baisers
au loin» pour nous suivre. Aragon
vient après Baudelaire dans la même phrase : nous sommes décidément
enjolivés par d’autres.
Quand se réévaluent des métiers : ah bon éboueur, c’est
important, et le routier pas qu’un beauf ? Quand bien faire son boulot
vous élève au rang de super héros, c’est que le vocabulaire des séries à cape
et collants a envahi la conversation ordinaire. Le grandiose est au coin de la
rue et les directeurs de conscience, les coachs trouvent de la noblesse à
nettoyer les placards sachant depuis un moment que bien des ennuis s’abolissent
sous un coup de chiffon et que l’odeur de la cire vaut tous les benjoins. La
bienveillance mielleuse collant à bien des énoncés va de pair avec une défiance
minant toute décision dès qu’elle est exposée.
« Les gens
exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils
préfèrent éviter. » Kierkegaard
……………..
Je choisis en illustration de cet article « Les
énervés de Jumièges » par Évariste-Vital Luminais dont le titre est intrigant:
le terme « énervé » signifiant habituellement le
contraire de l’état de ces hommes dont on a coupé les tendons, mais cette contradiction
dit bien notre époque à la fois alanguie et excitée.
Je ne vais pas développer des arguments suivis, je le crains.
RépondreSupprimerD'abord, il faut dater la disparition de la possibilité de construire ces arguments à l'abandon de l'étude de la rhétorique, de la traduction français/latin. Je ne connais pas cette date, mais elle est ancienne.
Je ne veux pas dire que ceux qui n'ont pas fait de la traduction français/latin, et qui n'ont pas fait de rhétorique sont incapables de pensée. La chose est complexe. Celui qui sait... décomposer un appareil quelconque pour le réparer, l'observer, puis le remonter, est capable de pensée à un très haut degré. Celui qui est capable de partir en forêt, suivre un animal à la trace, comprendre ses déplacements, pour le tuer ou le photographier, est capable d'un haut niveau de pensée qui ne se confond pas avec la maîtrise de la rhétorique. Ces personnes sont d'autant plus capables de pensée à un haut niveau que leur pensée s'exerce sur le monde, et se dirige vers le dehors, plutôt que de se diriger vers le dedans, disons, le monde... des hommes.
Sur le plan de l'écriture, l'abandon de l'expression écrite va de pair avec l'appauvrissement du français, dans son vocabulaire, SA GRAMMAIRE, son syntaxe, dans la construction des phrases. Un français pauvre fait.. des Français pauvres d'esprit.
Ce développement est catastrophique pour...la pensée critique, à mes yeux, et catastrophique pour la civilisation entendu comme la possibilité offerte par les générations précédentes à sa jeunesse, de maîtriser, et canaliser les pulsions, quelles qu'elles soient. La possibilité d'avoir du plaisir dans ce que Freud appelait les processus secondaires, autrement dit, ce qui EN SOI (et pas dehors) exerce un contrôle.. SUR SOI. Il va de soi que... la raison, dans le sens que lui donnaient les lumières, tombe dans la catégorie des processus secondaires.
Force est de constater que... l'idéologie qui triomphe à l'heure actuelle fait le lit de la démission des générations anciennes devant ce... devoir ? de civilisation, au profit d'une glorification béate, irresponsable (mais o combien... bienveillante...) de... la liberté, et le non engagement.
Tu remarqueras que je n'ai pas parlé de libéralisme, ou de néolibéralisme, mais de "liberté". Si on n'a pas compris combien le mot "liberté" est un... attrape nigaud ? très puissant pour embrigader le peuple, et ses dirigeants ? on passe à côté des responsabilités.
Pour les héros d'un jour... ne te laisse pas bercer d'illusions, ni de propagande. Tenir sa maison, faire le ménage, laver le parterre ne font pas un héros, ni d'une femme, ni d'un homme. Faire du ménage est autant entaché d'opprobre que la propagande pour promouvoir le contraire est virulente. Il est triste de dire que la société occidentale s'enfonce dans un nouvel épisode d'ESCLAVAGE DANS LES TETES. Je soupçonne que la révolution française, elle... TOUJOURS EN MARCHE, laisse derrière elle ses dernières élites républicaines au profit de nouvelles élites qu'elle... SORT DU LOT. Cela fait beaucoup de tristesse, et de rancune chez ceux qu'on laisse DERRIERE. Cela se comprend, et je n'approuve pas, d'ailleurs, mais... je n'approuve pas la révolution française non plus...
Le problème c'est que... tout le monde NE PEUT PAS ETRE un héros. Cette semaine je suis allée chercher mon pain sur le marché, et on m'a fait passer en tête de queue parce que j'avais fait une commande. Mais... à partir du moment où tout le monde commande... le tri passe à la trappe, non ? Rien à y faire, il y aura toujours DES GENS DEVANT, et des gens DERRIERE, des gens... au-dessus, comme des gens au-dessous, et toute notre inconséquence... bienveillante ne viendra pas à bout de ce fait de la vie.
Je suis frappé que l'étymologie soit souvent un préalable à bien des développements, comme tu y a souvent recours. J'en regrette d'autant plus de ne pas y avoir eu accès.
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