« Les hommes politiques se demandent
pourquoi on ne les aime pas. Ils nous prennent pour des imbéciles.
L'impardonnable, c'est qu'il leur arrive d'avoir raison. »
Georges Perros
Devant un monde en mode complexe, les journalistes prompts à
montrer du doigt, sur la piste de révélations croustillantes, présument des
intentions des décideurs en cherchant, en guise d’analyse, à mettre en évidence
mesquineries et bassesses. L’action publique peut en être ralentie et toute
vision à long terme obérée. Même au temps où l’union nationale pourrait être naturelle,
chacun prenant sa part face à l’adversité, les précautions sont de mise, et les
procédures suivies scrupuleusement pour se prévenir de tous les recours de
juristes guère confinés en ce moment. L’administration qui n’est pas une grande
nerveuse met sur-blouse et ouvre parapluie.
Les porteurs de nouvelles, sensibles à l’air du temps, en
amplifient les mouvements, voulant plaire avant tout et donc soumis à
l’immédiat. La méfiance qui plombe le climat actuellement remonte à l’instant
où l’esprit critique est devenu une vertu cardinale s’exonérant de l’exercer
sur soi-même. Le soupçon est le moteur des esprits forts, et les chicaneurs,
les blâmeurs font équipe avec les complotistes.
La lorgnette prise par son petit bout est toujours péjorative
envers toute décision nouvelle. Un détail détaché du contexte prend des allures
apocalyptiques et fait d’un arbre coupé un crime quand la forêt gagne du
terrain en France.
En ce moment la mode est à la ronde des contraventions
abusives et des alibis débiles des contrevenants au confinement. Un jour le
gendarme Beltrame est un héros, le reste de la semaine les gendarmes sont
présentés comme des idiots ou des salauds.
Fluctuation positive des modes: fini de faire la fine bouche
devant la cantine, elle est devenue le nec plus ultra du rachat social, et
l’école se redécouvre en médication qui a eu fait ses preuves.
Il me semblait, lorsque j’étais dans l’active, qu’il fallait
que les méthodes, les démarches en matière politique ou syndicale préfigurent un
projet. Les moyens employés devaient donner une idée de la fin
revendiquée : par exemple lorsqu’est appelée une plus grande démocratie,
la vivre dans le mouvement. Mais l’autogestion dans les partis est
partie : « a p’us ».
Cette façon de se conduire avant d’en conduire d’autres peut
se rapprocher de la « pédagogie », mot omniprésent dans les regrets
boiteux : « nous avons manqué de pédagogie », mais devenu vide
au fur et à mesure que sa réalité s’efface, comme ont disparu « respect »,
« civisme » et « fraternité ». « Pédagogue » est une
insulte comme « politicien », quand « enfoiré » a muté vers
la respectabilité et que les enfants présentés trop souvent comme
insupportables se changeaient en chair à gags à la mesure de leur royauté.
Par contre la démagogie est tellement flagrante lorsque la
distribution des masques devient un enjeu électoral qu’on n’ose souligner que
des « masques tombent ». C’est tellement gros ! Mais à peine
mieux, quand sont opposées santé et économie. C’est une insulte à
l’intelligence des citoyens bons à n’être abreuvés que de faux Conyaka et une
aberration économique.
La kermesse des populismes va prendre la place de tous les
festivals annulés et la distanciation ne sera pas de mise.
« Père, gardez-vous à
droite ! Père, gardez-vous à gauche ! »
Oui, je sais que je me répète. Je ne peux pas résister.
RépondreSupprimerToi, tu sais que quand on a le projet d'élever un enfant, qu'il soit le sien, ou l'enfant d'un autre, on est obligé de se répéter beaucoup, en espérant qu'un tout petit quelque chose va rester à la fin, et il faut beaucoup d'espoir des fois. Il faut aussi se dire que des fois on est obligé de dire, et de faire des choses que sur le coup nous rendent extrêmement impopulaires, car les intéressés qui ne sont pas nous, et n'ont pas notre expérience mettront forcément longtemps à voir la justesse de nos dires et nos faires, si tant est qu'ils les voient, ce qui n'est jamais garanti. En quoi... la démocratie est vraiment une forme de gouvernement qui, en poussant le citoyen à se gausser de son pouvoir, conduit droit à la tyrannie du peuple, qui est la pire tyrannie de toutes, dans la mesure où le "peuple", c'est comme le sucre, il ne se laisse pas compter (et pas conter...), donc, il n'y pas de responsableS dans le sucre, voyons (pas de libreS non plus, mais ce n'est pas évident à comprendre).
Donc, c'est le moment de remettre "Le Discours de la Méthode" de Réné Descartes sous les yeux pour RAPPEL.
Suite et fin du précédent :
RépondreSupprimer"Mais sitôt que j'ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusque où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusques à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige àprocurer, autant qu'il est en nous, le bien général de TOUS les hommes : car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de TOUS les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en MEME façon à TOUS les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme MAITRES ET POSSESSEURS DE LA NATURE. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une INFINITE d'ARTIFICES qui feraient qu'on jouirait SANS AUCUNE PEINE des fruits de la terre, et de TOUTES les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la CONSERVATION DE LA SANTE,LAQUELLE EST SANS DOUTE LE PREMIER BIEN, et le fondement de TOUS les autres biens de cette vie : car même l'esprit dépend si fort du tempérament, et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes PLUS SAGES ET PLUS HABILES qu'ils n'ont été jusques ici, je crois que c'est DANS LA MEDECINE qu'on doit le chercher."
Descartes l'a revé, nous le vivons, son utopie.
Quand on vous dit que la philo, c'est une bande de glandeurs rêveurs sans rapport avec votre vie, on se trompe grandement, parce que si c'était le cas, nous ne serions pas en train de vivre l'utopie de Descartes en ce moment, que nous ne trouvons pas utopique pour deux sous, certes, mais ça, c'était prévisible, et même Descartes aurait pu/du le prévoir.
Fin de répétition pour ce soir.