samedi 25 avril 2020

Le Postillon. N° 55. Printemps confiné 2020.

La période peut convenir aux rédacteurs du bimestriel qui préfèrent depuis toujours être masqués, ne pas signer leurs articles, dans l’air d’un temps qu’ils aiment fustiger où agissent les sans visage. Mais nul besoin de personnaliser les pages d’ouverture, ce recueil de « brèves de confinement » tel un micro trottoir aurait tout au plus gagné à être plus ramassé:
 « C’est bien, il y aura moins de pollution, moi je trouve ça pas mal. » C'est ben vrai!
Par contre les confinés dauphinois sont toujours bons dans les parodies
- d’une attestation de déplacement dérogatoire avec case  à cocher :
«  Déplacements brefs dans un studio de 15m2 en maintenant les gestes barrières avec soi. »
- ou avec les conseils des coachs sportifs Eric Piolle et Olivier Veran à base de mouvements de bras visant à déplacer de l’air pour les deux. Si le maire de Grenoble est rappelé à tous les coups à son péché originel : « Raise Partner » société  fondée avec son cousin Larroutourou, c’est le ministre de la santé qui « passe à l’estrapade ». Jugé par d’autres journaux comme « compétent », « auteur d’un sans faute », le Postillon ne pouvait le manquer, lorsqu’au moment de son investiture, il lance une enquête pour consulter tous les hospitaliers, alors qu’il connaît bien le terrain. Toutes ses initiatives, interventions seraient motivées par sa seule ambition : cette vision pessimiste des hommes participe à un populisme des plus antipathiques.
Après avoir ajouté Julien Polat, maire de Voiron, à leur tableau de chasse,
et comme celui-ci les menace d’un procès, prévoir une suite dans la prochaine publication.
Leur critique régulière de la technologie s’alimente avec le rappel de leur opposition à la 5G et des témoignages de  profs pratiquant les cours en ligne qui pour être pertinents quand l’un d’eux souligne la position d’exécutant de l’apprenant, sont très contestables quand une autre constatant que seulement deux élèves sur dix s’étaient connectés démontre plutôt une méconnaissance de son public, elle est prof de FLE ( français langue étrangère) et en rajoute en méprisant la continuité pédagogique: « Je ne pense pas que ça aurait été grave si les élèves avaient complètement manqué deux mois de cours ».
Parmi 1700 personnes qui vivent dans la rue, les deux hommes qui ont la parole, sans faux apitoiement, sont touchants :
« Et puis quand on vit dans la rue, on les connait les microbes. De toute façon, vivre dans la rue c’est déjà une maladie. »
Le choix de conter l’adaptation des dealers à la situation est intéressant
comme le plaidoyer d’un postier dont l’entreprise a reçu pas mal de critiques
ou les dilemmes des salariés de l’usine Becton Dickisson qui fabrique des seringues.
Si dans la période les rappels historiques éclairants ne manquent pas, par exemple sur la grippe de Hong Kong de 1969 qui passa inaperçue ou sur la peste dans le voironnais avec Montaigne pour garder les portes, leur choix s’est porté sur la peste à Grenoble de 1410 à 1643.
«  Ceux qui restent, se retrouvent parfois pour se fouetter sur le dos ou les fesses jusqu’au sang en priant pour ne pas être atteint par le fléau. »
Par contre le choix de fictionner les conditions de travail à l’hôpital dans le cadre d’une colocation est tellement une caricature du genre « Hélène et les garçons », qu’il fait perdre de leur vigueur aux critiques à l’égard de la gestion de la crise sanitaire par l’hôpital. Un jeune « ingénieur manufacturing » en télé travail, méchant asthmatique, va demander au gentil infirmier qui est au front avec les contaminés de quitter leur appartement.

1 commentaire:

  1. Et oui, on ne sait pas quoi faire avec la vision pessimiste des hommes... en rire ? S'en exaspérer ?
    Je te livre ma petite trouvaille du moment : ça fait un certain temps que notre vie quotidienne est organisée autour des "pôles". Pourtant, une excursion dans le dictionnaire révèle que le "pôle" n'a pas de sens en dehors de "les pôles", et il y en a forcément deux qui sont opposés, c'est à dire, le plus loin possible l'un de l'autre, A DEUX EXTREMES. Ça pour... les "pôles jeunesse/enfance, même.. SANTE ! (ça pourrait vouloir dire quoi, ça...) Non seulement les deux pôles sont situés à deux extrêmes, mais, sur la terre, ces deux extrêmes sont également.. INHOSPITALIERS. Hostiles à la vie, même.
    Qu'a-t-on fait en créant les pôles "santé", je me le demande...
    C'est vers le milieu (de la terre et pas seulement) qu'on se trouve en zone tempérée. Mais, on peut dire que l'aventure manque en zone tempérée, car on ne peut pas s'y mesurer contre les éléments forcément... hostiles.
    Fin de parabole pour aujourd'hui.

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