lundi 20 avril 2020

Responsable.

Retraités plus que jamais en retrait du monde rejoints depuis par pas mal de monde,
nous évaluons notre retard par rapport à l’Allemagne qui accompagne efficacement le vieillissement de sa population ; nous, nous avons des pudeurs rien qu’avec le mot « vieux ».
Les fluctuations de l’idée que nous nous faisons du « monde d’après » passent de la frugalité heureuse à des horizons où se dressent les potences de ceux qui depuis toujours cherchent coupables.
Certains travailleurs aimeraient prolonger ce qui est parfois une douillette parenthèse en demandant à faire jouer leur droit de retrait, et passer ainsi des grèves au confinement avec un pont jusqu’aux vacances.
Je retrouve quelque naïveté quand je m’étonne comme ce lecteur, dans un journal, stupéfait de voir qu’il faille verbaliser pour faire respecter le confinement à des personnes qui se vantent sûrement de leur bon sens et sont intransigeants sur leur souveraineté, en toute responsabilité diront-ils.
Ces derniers temps « Nombre d’enseignants s’inquiètent d’avoir perdu le lien avec leurs étudiants de première et deuxième année ». Dans la phrase « 30% des étudiants décrochent » quel est le sujet ? Qui est responsable de ses études?
Se régaler d’un verre de vin pour accompagner un bout de fromage et de pain, serait condamnable aux yeux de certains prescripteurs qui sévissent sur nos antennes inclinées « aux bords mystérieux du monde occidental » comme disait José Maria De Heredia. Alcool, lait, farine… seraient des péchés alors qu’il n’y a plus semble-t-il d’enfer au ciel. Le lobby des tristes qui voient lobbies partout a de multiples bouches. Certains accusent Mac Do ou Coca de créer l’obésité, mais qui est responsable de ses achats, de ses excès, de sa vie?
Il est dit partout que « l’Homme » responsable de la destruction de la planète, a tout ravagé.
Cette appréciation tellement générale concerne tout le monde et personne, et il y aura bien des avocats pour excuser, pardonner des individus pour leurs manquements au civisme, voire leurs crimes. Les plaintes déposées en abondance pour se poser en innocents visent toujours  « l’autre », réclamant l’égalité comme celui qui regrette qu’on en fasse plus pour Christophe que pour d’autres mais toujours vociférant contre « Ils ».  Qui a mis mamie en EHPAD ? Moi. Et qui ne veut pas payer davantage d’impôts ? Pas moi ! J’y consens comme on disait dans une pétition qui n’avait pas fait péter les compteurs.
Les exemples d’inconséquences viennent de très haut : lorsque le président des Etats-Unis, posant en spectateur de son propre cirque, se montre d’une irresponsabilité exemplaire, ses attitudes payantes influencent les hommes et les femmes bien au-delà de ceux qui se reconnaissent dans ce démago dépassant tous les démagogues.
Par contre la démarche flexible de notre gouvernement est en butte à une mauvaise foi qui fait froid dans le dos : si le confinement avait été poursuivi pour les enfants mais pas pour les vieux, les critiques auraient été égales à celles qu’il a recueillies en annonçant la réouverture  concertée des écoles tout en demandant la prudence aux ainés les plus impactés par la pandémie.
C’est qu’on meurt quand on est vieux. 75% des morts du Covid ont plus de 75 ans.
« pourtant le fleuve sans nous s’écoule –
s’actualise.
il continue dans notre dos
de serpenter de s’auto-
nettoyer, de nous dire
veuillez patienter jusqu’à
vider-ravivier ma mémoire :
routes camions vainqueurs par ko – ok.
transports fluviaux peaux de chagrin – ok.
complexes pétrochimiques et pêcheurs, alluvions & atome : on a touché à la matière – ok.
le local devenant fief, périphérie, périurbain, souffle/siffle un air de vacances – ok.
culture folklorisée, locuteurs vieux – ok.
drapeaux, plaques : transfert coloré, fierté déplacée – ok.
miss olives & riz & figues, etc. – ok.
les enfants font la ronde, les flûtes sont sur le pont – ok.
dépliants touristiques de l’ici, l’image l’éloignement – ok.
mise à jour terminée ? – pas du tout. » Yann Mirales.
Et pendant ce temps la capacité de nuisance de l’empire américain est intacte quand d’autres empires turc, russe… se requinquent et que les états européens se divisent.
Les maquignons dans les steppes mongoles portent à leurs oreilles les téléphones portables de la mondialisation quand les vieux parapets d’Arthur (Rimbaud) se rehaussent.
 «  La culture fleurit pendant que la civilisation s’effondre… est ce cela, le virtuel ? »
Ginevra Bompiani.

3 commentaires:

  1. les vieux parapets d’Arthur (Rimbaud) se rehaussent: que veux-tu dire par là?

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  2. Double citation pour dire les frontières, les murs:
    "Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
    Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
    Fileur éternel des immobilités bleues,
    Je regrette l’Europe aux anciens parapets !"
    Arthur Rimbaud, le bateau ivre et Voulzy:
    "Je m'souviens on avait des projets pour la Terre
    Pour les Hommes comme la Nature
    Faire tomber les barrières, les murs
    Les vieux parapets d'Arthur"

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  3. J'ai tout effacé de ce que j'ai écrit.
    Je crois que je n'ai qu'une seule chose à dire sur cette situation maintenant.
    Je crois que l'Homme occidental est surtout outragé de constater qu'il ne peut pas... choisir sa mort. Je crois que l'Homme occidental considère que la mort est une injustice, et que sa liberté, étant donné qu'il considère la liberté comme étant la possibilité de choisir, doit être absolue.Il doit être seul maître de sa vie et de sa mort.
    Bon, inutile de te dire à quel point je considère cela un hubris monstrueux et une abomination, pour employer un mot que je choisis avec soin.
    Si je suis triste pour toutes ses personnes qui ont perdu un proche, je ne suis nullement triste pour l'Homme occidental qui continue... sa puérile et inconséquente révolte, et hubris
    Fin de sermon pour aujourd'hui...

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