samedi 15 décembre 2018

Le meurtre de Roger Ackroyd. Agatha Christie.

Avant de piocher dans les piles impressionnantes de la FNAC qui offre aux livres policiers une exposition supérieure aux autres romans, je suis allé voir chez une des reines du genre.
Novice en polar, autant se tourner vers une valeur sûre, pourtant handicapée par une consultation d’Internet me livrant l’identité du coupable.
Mais comme pour les magiciens qui expliquent leur tour, je n’en ai que plus apprécié l’habileté d’une auteure dont j’avais déjà révisé quelques œuvres majeures, en papier
ou au cinéma
Les personnages de la haute et leur domesticité dans une ambiance familière aux codes immuables rendent la conclusion imprévue d’autant plus originale après un déroulement sophistiqué.    
Charme de la traduction, qui par ses conjugaisons a de quoi décourager un candidat à l’agrèg’ de 2018 :
« Je ne crois pas que Flora eût désiré que Caroline assistât à l’entretien ; mais elle voulait, avant tout gagner du temps, ainsi fit-elle contre mauvaise fortune bon cœur.
- Je voudrais que vous vinssiez aux « Mélèzes » avec moi. »
Finesse de l’observation des personnages :
«- Elle ne m’a pas vue, reprit Miss Ganett, de ce ton spécial aux habitants des petites villes. »
Mécanique de précision complexe :
« - Vous êtes toujours le même, grommelai-je, à vous entendre, tout est évident et vous me laissez sans cesse dans l’incertitude. » Il s’agit de Poirot Hercule qui sort de sa retraite pour élucider un crime dont l’auteur est des plus surprenants.
« Mais trouvez-vous croyable, monsieur, qu'un homme se donne tant de mal pour atteindre un certain objectif, à savoir le moment où il pourra occuper ses loisirs à sa guise ; qu'il sue sang et eau pour y parvenir et que, une fois ce but atteint, il regrette le bon vieux temps et les activités qu'il se croyait si heureux d'abandonner ?
- Oui, répondis-je après réflexion, j'estime le phénomène assez fréquent. Il se peut même que ce soit mon cas.
- Les chaînes de l'habitude... Nous travaillons en vue d'un but précis et, celui-ci atteint, nous découvrons à quel point notre tâche quotidienne nous manque. Et notez bien, monsieur, que mon travail était particulièrement intéressant. Le plus intéressant qui soit au monde.
- Ah oui ?
- Je parle de l'étude de la nature humaine, monsieur. »

1 commentaire:

  1. Ouf.. Heureusement qu'on n'a pas besoin d'être détective pour aimer l'étude de la nature humaine.

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