mercredi 17 juin 2015

Pour toi Grenoble. Red Kaos 94.

Le plus actif club de supporters du GF 38, RK 94, a rédigé un ouvrage collectif consacré à un siècle de football grenoblois et même un peu plus, puisqu’ils datent de 1892 la naissance de l’ « association athlétique du Lycée » Champollion, club omnisport comportant une section « football association » pour le distinguer alors du  « football rugby ».
La rédaction de ces 217 pages n’est pas le fait de professionnels et comporte des maladresses qui en font le charme pour le lecteur bienveillant, malgré un manque de synthèses percutantes. Depuis une bannière « red » on peut attendre une lecture plus politique du foot à Grenoble, y compris avec une prise de recul sur le phénomène supporter qui aime rappeler l’histoire et parle « gône » à Lyon et « minot » à Marseille. L’iconographie est également  un peu répétitive à base d’image de fumigènes ou de « bâches » pour reprendre une expression d’une culture « ultra » qui combat le racisme en ce qui concerne la branche grenobloise arborant volontiers l’effigie du « Che ». Ils ont animé la tribune Finet à Lesdiguières avant les grandes heures, trop brèves, au stade des Alpes.
Le club dirigé longtemps par Pierre Behr  avait été tenté par le professionnalisme en 1942, abandonné sous Pétain qui voyait d’un mauvais œil « la perversion par l’argent et la spécialisation qui nuit au développement harmonieux du corps » et à nouveau essayé dans les années 50. La variété des dénominations du club atteste sa fragilité  pour ne retenir dans l’histoire récente, utile à rappeler : l’OGI (Olympique Grenoble Isère), la fusion avec FC La Capuche, le FC Jojo, Norcap. Série en cours.
Roger Garcin, administrateur au club depuis 53 ans reconnaît « qu'en ayant connu 24 présidents, trois dépôts de bilan et un redressement judiciaire, le club ne s'est jamais stabilisé et qu'il faut à chaque fois recommencer à zéro ».
L’équipe dont la devise est « Ensemble, gagnons les sommets » a longtemps été assidue de la deuxième division avec deux titres dans les années 60. Sa dernière présence en ligue 1 a valu au groupe entrainé alors par Baždarević, le record à l’échelle européenne de 12 défaites en 12 journées, et pourtant cette année là, en 2010, les équipiers de Ljuboja ont infligé un 4/0 au PSG.
Le livre a été écrit avant la victoire de cette année contre l’OM où  figuraient Romao, Dja Djedje, Thauvin, anciens de la rue de Valmy (adresse du SDA stade des Alpes).
Mais j’ai retrouvé le compte rendu de la rencontre contre le Reims de Kopa et Piantoni qui  rassembla 22 334 personnes, record d’affluence qui tient encore. C’était le 11 novembre 1960 et les commémorations de l’armistice en avaient été perturbées : il manquait 22 musiciens sur les 35 de la fanfare. J’y étais et j’étais triste car l’équipe rémoise ma favorite avait perdu.
Alors entrainée par Albert Batteux, le prestigieux tacticien viendra plus tard dans les Alpes où il laissera le souvenir d’un homme exceptionnel qui face aux retards de paye du club le plus fauché de l’hexagone « assurait le salaire de quelques joueurs sur ses propres deniers ».
Les temps changent.

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