J’avais envie de retrouver l’écriture de Duras.
«Ecriture presque
distraite, qui court, qui est plus pressée d'attraper des choses que de les
dire ».
Dans le petit théâtre de la MC2, la tentative de transporter « l’exilée en Afrique », en mêlant
la danse à la lecture, recélait des promesses de dimensions nouvelles à partir
d’une personnalité mythique de notre littérature.
Le metteur en scène dit : « à l’image de Duras, la femme africaine est synonyme de
résistance ; elle est un barrage contre les démons de l’existence ». Oui
ce sont bien ces femmes qui tiennent ce continent debout, l’eau, le manioc, les
enfants, la danse, les Mercédès Benz ... Mais en dehors d’évocations « du
fleuve », je n’ai pas partagé les intentions du fondateur de la compagnie
« Les Inachevés » de La Villeneuve.
L’accès aux pages fiévreuses simples et énigmatiques de
l’auteure de l’Amant n’est pas facilité : je me suis retrouvé dans ma nature de garçon
mono-tâche, perturbé par la superposition de mouvements venant à côté des mots,
alors qu’on peut croire que la danse suit en principe la musique. Pourtant le
rythme de Marguerite obsédant, répétitif, elliptique, en recherche, nous eût
suivis parfois comme rengaines.
Les danseurs traduisent un malaise, avec intensité, mais les
belles séquences où ils se rencontrent sont trop rares
Et je suis également lassé des danses sans musique, de beaux
gestes trop vite interrompus qui tournent au Parkinson. L’utilisation d’une vidéo
malingre m’a semblé superfétatoire et certains dispositifs compliquent plus
qu’ils n’éclairent : les mannequins de vitrines disséminés sur la scène représentent la femme objet comme
celle évoquée dans le texte, pour laquelle l’espoir et le désespoir
n’apparaissent pas avec tellement d’évidence.
« Elle vous
demande la couleur de la mer.
Vous dîtes : Noire.
Elle répond que la mer n'est jamais noire que vous devez vous tromper.
Vous lui demandez si elle croit que l'on peut vous aimer.
Elle dit qu'en aucun cas on ne le peut. Vous lui demandez : A cause de la mort ? Elle dit : Oui, à cause de cette fadeur, de cette immobilité de votre sentiment, à cause de ce mensonge de dire que la mer est noire. »
Vous dîtes : Noire.
Elle répond que la mer n'est jamais noire que vous devez vous tromper.
Vous lui demandez si elle croit que l'on peut vous aimer.
Elle dit qu'en aucun cas on ne le peut. Vous lui demandez : A cause de la mort ? Elle dit : Oui, à cause de cette fadeur, de cette immobilité de votre sentiment, à cause de ce mensonge de dire que la mer est noire. »
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