Un orphelin, d’où son nom, transporte des livres dans sa
boite de bois aux abords de l’histoire qui s’invente du côté de Valmy.
«On l'avait découvert
nouveau-né à la corne d'un champ de seigle, recueilli au hameau, pourvu d'un
nom, baptisé. C'était le petit prince du palais souterrain»
La belle écriture s’accorde bien à un récit, où depuis des
souvenirs d’écoutes de lecture nés au sein de «l'écreigne», pièce souterraine
creusée dans la craie champenoise, surgit le fantastique. Cependant les
échanges entre des personnages m’ont semblé parfois un peu compassés, alors que
les mots choisis du narrateur conviennent aux descriptions.
« Toutes les couvertures bleues sur le
fond couleur de sable étaient comme un attardement des beaux jours. »
Comme le lecteur de Télérama qui n’a pas la télévision, le
héros énigmatique aime les livres, mais ne sait pas lire, d’où une symbolique
qui m’a échappé.
«… il déclara
avec assurance que cette fois il ne prendrait que les contes, les légendes et
les romans, à l’exclusion de tout ce qui était calendriers, prédictions, vie
des saints et des rois, recettes et médecines, chansons, féeries et diableries,
cantiques, manuels de bonne préparation à la mort, jardins de l’honnête amour
et tant d’autres qu’il laissait à ses confrères les mercerots qui ne faisaient pas tant
de manières pour se charger du tout-venant… » Elitiste !
Et si l’écriture poétique nous fait pénétrer au cœur des
forêts, traverser les brouillards, le chemin du porteur d’ouvrages de la
bibliothèque bleue arrivé au bout de l’horizon, demeure mystérieux. Depuis les
odeurs des femmes remontant à l’enfance
jusqu’aux explosions de violence des hommes, cet hymne à la lecture m’a
semblé remonter au temps où les flammes qui s’en prenaient aux pages avaient
l’évidence d’une barbarie, mais celle-ci devenue froide, a vaincu.
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