Mon conscrit a dressé sur 250 pages « le catalogue de
ses données sensorielles », des pieds nus sur le sol froid depuis ses 6
ans jusqu’à ses 64 ans. Son écriture fluide participe à la perception banale du
temps qui s’écoule si rapidement. J’ai aimé retrouver certaines de mes impressions
mais un amateur de sagas peut s’agacer de tant de banalités.
J’ai apprécié sa sincérité quand venu à Washington pour
vivre le moment historique des funérailles de Kennedy il se rappelle :
« … tu avais
pensé que les masses de curieux qui bordaient les avenues au passage du convoi
funéraire observeraient un silence respectueux, seraient dans un état de choc
muet, mais ce que tu as vu cet après midi
là, c’est une foule de badauds bruyants venus au spectacle qui se tordaient le
cou pour mater, des gens perchés sur les arbres avec leur appareil photo, des
individus qui en poussaient d’autres pour avoir une meilleure vue, et
par-dessus tout, ce qui t’a frappé alors, c’est l’ambiance d’exécution publique,
le frisson qui accompagne le spectacle d’une mort violente. »
Il utilise le « tu » tout au long du livre,
familier, nous permettant d’aller plus loin dans notre propre mémoire,
apportant un regard complice, ne se la jouant jamais surplombant.
Même ses facilités de construction nous rapprochent quand il
dresse des listes : des lieux qu’il a occupé, où il a marché, ce qu’il a
fait de ses mains, ses faiblesses, ce qu’il regrette d’autrefois, les
stupidités de la vie américaine, ses friandises préférées…
Evident, simple et profond.
« Nous sommes
tous étrangers à nous-mêmes, et si nous avons le moindre sens de qui nous
sommes, c'est seulement parce que nous vivons à l'intérieur du regard d'autrui. »
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