Deux petits yeux jaunes d’une civette ont été vus en cours
de nuit à la lumière d’une frontale. Ce matin la rivière ne coule plus, il
ne reste que la trace boueuse de son passage.
Sur la route nous croisons des villageois venus de loin pour se rendre au marché de Turmi.
Celui ci se partage en deux zones : dans l’une du
sorgho, du maïs sont proposés à la vente, des balances sont pendues aux arbres
pour peser des chèvres. Se marchandent du tabac, de l’argile pour les cheveux,
des feuilles de morenga, de la paille en fagot ou des roseaux pour les ruches.
L’autre partie entourée de barbelés est consacrée à l’artisanat bien exposé sur
des draps où nous passons un bon moment
à choisir et discuter du prix des bracelets, des poupées en terre, des
calebasses, une kalachnikov en bois, une gourde à lait.
Juste avant de manger à l’Hôtel Tourist j’ai le bonheur de
récupérer mes lunettes ramenées par un habitant du village des danseurs d’hier.
Nos accompagnateurs qui ont favorisés ces retrouvailles redressent avec
habileté la monture et les branches quelque peu piétinées la nuit dernière.
Nous passons à table et ne laissons pas un brin de viande de
chèvre coupée en fins morceaux ni des légumes qui passent bien avec la
St Georges beer.
Nous retournons au
marché plus fréquenté que ce matin après avoir remarqué des vautours perchés à
proximité du dispensaire.
Les hommes ont des allures très efféminées, leurs
habillements originaux paraissent excentriques, avec leurs jambes fines souvent
peintes de blanc comme des chaussettes. Ils persistent dans leur jeunesse comme
les femmes aux coiffures inédites dans leurs costumes traditionnels nullement
destinés à un quelconque folklore
Nous repartons à pied au camping avant de visiter un village
hamar près de chez nous nommé Domba.
Ce village est beau dans la lumière de fin d’après midi. Chaque maison délimitée par une
barrière de branches épineuses est entourée d’un terrain sans herbe
soigneusement balayé. les enclos servent à parquer le bétail ou
abritent de maigres potagers dans lesquels se distinguent
des plans de coton, des haricots. Dans une case une jeune fille moud du grain
à la meule, dans un mouvement régulier et efficace. Un homme prépare avec un
couteau pointu deux peaux de bœuf étalées au sol tendues par des piquets de bois.
Nous nous rendons à une cérémonie du café chez la mère de
notre guide local qui nous a pris en charge depuis hier et s’occupe de la
lessive au camping. Nous avons ainsi l’occasion de pénétrer dans une case par
une ouverture qui ressemble plus à une fenêtre étroite qu’à une porte. Nous nous déchaussons à l’intérieur pour ne
pas transporter de la terre sur les peaux recouvrant le sol. Nous nous
asseyons dans la petite pièce sombre, basse de plafond mais bien ventilée par
une fenêtre de branches et par les espaces ménagés entre le toit de chaume et
les murs. Une femme d’une quarantaine d’années nous attend devant une cruche de
terre inclinée posée sur les braises. Elle y puise avec une louche en bois un
breuvage bouillant qu’elle verse dans de grandes calebasses dans lesquelles
flottent des écorces du café grillé.
Le dénuement.
Dehors des demoiselles jouent aux osselets avec des cailloux
et des enfants nous attendent pour nous faire un brin de conduite jusqu’à la
sortie du village.
Nous revenons à pied dans la brousse entre les champs et
aboutissons à la rivière à nouveau alimentée en eau par les pluies de la
montagne.
Nous profitons de la douceur du soir sous les manguiers à la
lueur de chandelles romantiques ; notre hôte de tout à l’heure est dans l'obscurité.
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