vendredi 29 novembre 2013

La guerre, la grande.


Quand un enfant à qui je parlai du moyen-âge m’a demandé si j’avais vécu à cette époque, je me suis dit qu’il y avait encore du boulot.
Remède : fresque historique avec beaux dessins de chevalier et pas forcément la fresque du commerce.
Les commémorations qui lassent les adultes me semblent nécessaires, plus que jamais. Michelet parle de la révolution :
« Le temps n’existait plus. Le temps avait péri ».
Le temps de la guerre n’est pas d’un autre temps mais d’un autre tempo.
Les célébrations qui avaient perdu de leur intensité dans les années 60 ont accompagné récemment plus vivement les derniers survivants avec toute l’émotion qui sied à tant de spectacles contemporains.
La disparition complète des acteurs ne peut servir de  prétexte à ne plus interroger le passé. Comme le soulignait Stéphane Audoin-Rouzeau qui présentait son livre « Quelle histoire » au Square : « les politiques aujourd’hui se font volontiers des médiateurs du passé » tant le futur, le présent sont bourbeux.  
Il a rappelé que le siège de Sarajevo est  le plus long de l'histoire de la guerre moderne (1992-1996) et qu’il y a 20 ans tant de Tutsi étaient massacrés.
Que d’eau et de sang ont coulé depuis 100 ans, quand 10 millions d’individus toutes frontières effacées ont laissé leur vie pour leur patrie d’alors, pendant qu’aujourd’hui toute contribution à l’effort commun fait lever des oppositions irréductibles et que sur la même banderole chacun demande tout à l’état et ne veut rien lui donner, or : « l’état c’est moi ! »
On s’énerve en ces temps électriques mais de la même façon que les mesures généreuses du conseil de la résistance ont été mises en place dans un contexte économique autrement plus difficile que celui d’aujourd’hui, que dire de notre société étourdie quand jadis à l’issue de la  première guerre les 2/3 de la France avaient un deuil à vivre ?
Le cercle de famille écoutait les anecdotes des poilus mais mettait une main sur le bras du combattant qui n’aurait pas été taiseux pour l’apaiser et ne pas entendre  le récit d’une violence sans nom. Les preux étaient du bronze des statues, les survivants en sel, désormais nous n’accueillons  plus aucun héros. Les générations pour qui il y en eu une autre de guerre après la der des der en furent chamboulées, bien autant que lorsque un geek boutonneux apprend à mémé à copier/coller.
Je me souviens du vin chaud que l’on avait arrêté de nous servir enfants après la cérémonie aux monuments aux morts où la formule « morpourlafrance » était énigmatique bien que des noms de familles familiers aient figuré sur la pierre à côté de laquelle était installée une statue de femme éplorée qui a été volée, il y a peu de temps.
J’avais conservé une petite coupure d’article où Mona Ozouf regrettait « lorsqu’on ne se fait plus de l’avenir aucune image nette, les leçons du passé s’embrument d’elles mêmes : on ne sait plus quel appui prendre sur l’histoire, ni sur quel élan. »
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Dans le "Canard" cette semaine:

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