samedi 2 novembre 2013

Le bel âge. Régis Debray.


Le septuagénaire est alerte, chacun de ses mots virevolte, mais cette virtuosité qui m’enivre me conduit à me laisser bercer là où il voudrait que le lecteur use de la lenteur.
Il fulmine élégamment contre le zapping mais produit à la pelle des livres qui dépassent à peine la centaine de pages pleines d’une verve qui vous amène trop vite à la page ultime:
«  si la nuit est si longue, c’est que le jour est là ».
Cette fois il s’en prend au jeunisme  au nom de la jeunesse :
« Dans cet univers de séniors aux loyers prohibitifs, aux candidatures mijotées vingt ans à l’avance, aux promotions longuement mûries et aux conseils de surveillance verrouillés, le jeune, qui expie en réalité, triomphe en image et par l’image, avec l’aveu et le soutien enthousiaste du kroumir aux commandes. »
Le sens de la formule toujours aussi affuté :
« C’est en oubliant qu’on répète, c’est en se souvenant qu’on invente »
Il illustre dans ces pages vives le bonheur d’être libre, détaché des modes, donc bougrement actuel.
« Nous chassons le trépassé comme un témoin gênant qu’il importe de réduire en cendres prestissimo pour nous éviter l’écœurante image d’une lente décomposition, en oubliant que la fermentation, pourriture conduite à bon escient, nous a donné le pain, le vin , le fromage et la bière, soit quelques sérieuses raisons de vivre. »

1 commentaire:

  1. Tiens, ce weekend j'ai découvert un grand tome de la poésie de Léonard (Cohen).
    Je n'imaginais même pas que Léonard avait été si prolixe.
    A choisir... entre les "formules" de Léonard dans ses poésies, à certains moments dignes des... formules de Friedrich (Nietzsche), je sais où vont mes sympathies...

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