jeudi 11 septembre 2014

Antonello da Messina.

Né à Messine vers 1425, formé à Palerme dans la zone de rayonnement de Naples, où se conjuguaient les influences flamandes, espagnoles et provençales, Antonello Da Messina est un représentant assez caractéristique de la Renaissance que Catherine De Buzon nous a fait connaître lors de sa conférence aux amis du musée de Grenoble.
C’était au temps du « bon roi René » qui hérita du royaume de Sicile, et combattit Alphonse d’Aragon. Tous deux étaient cependant des amis des lettres et des arts.
Les techniques évoluaient : Van Eyck au Nord, utilisait si bien la peinture à l’huile qu’il est longtemps passé pour l’inventeur de la technique. Les façons de traiter les sujets les plus sacrés évoluaient : Marie et Jésus se retrouvaient dans une demeure du XV°, et un pare-étincelle dessinait une auréole parfaite chez le maître de Flémalle. « La pêche miraculeuse » de Konrad Witz  se déroulait au bord du lac Léman sur fond de Mont Blanc, le premier paysage réaliste.
Colantonio, le maître d’Antonello, dans son tableau « Saint François donnant la règle de l'ordre »,  réunit sur fond d’or gothique, des anges aux allures flamandes, alors que le carrelage est Aragonais ainsi que les auréoles sculptées. Dans un autre de ses  tableaux, on peut remarquer le regard  craquant du lion de Saint Jérôme quand celui-ci lui retire une épine de la patte, dans le docte désordre de son cabinet de travail.
Les sujets religieux encore hégémoniques ne sont pas qu’un récit du passé. Parmi les vierges peintes par Antonello da Messina, celle qui lit a des de longs doigts et un bijou sur l’épaule. Quand  au dessous de deux anges tenant une couronne, elle est avec son enfant déjà roi du ciel dans ses velours, les influences provençales et bourguignonnes sont fortes ainsi que sont espagnoles les couleurs brûlées.
Mais le portrait de Marie, le plus saisissant est celui de l’Annonciation où ne figure pas l’ange : sur fond noir, la pudeur, la simplicité, l’élégance, la légèreté qui fait refermer délicatement les pans de son voile à la future mère, la pureté géométrique de ses traits, retiennent le souffle du spectateur.
Dans ses crucifixions, son souci de dire la souffrance est manifeste, et les larrons sur leurs branches sont bouleversants. Après des scènes dans des paysages complexes au début, le portrait du Christ, pourtant  abimé par des dévotions trop zélées, entouré de la douce attention de trois anges, respire la bonté.
Parmi les nombreuses représentations du martyre de Saint Sébastien, celle du messinien est originale: la perspective est radicale, autour de lui les individus vaquent à leurs occupations,  indifférents, la statue de chair semble apaisée malgré les flèches qui le traversent.
La série des Ecce homo, (voici l’homme) portraits du Christ aux couleurs  de miel, annonce des portraits expressifs de contemporains : celui d’un jeune homme fat et d’autres délicats, d’un condottière ambitieux, d’un marin au sourire roublard, d’un commerçant calculateur...
Les regards sont vivants, les ombres fortes, les volumes denses. Comme dans ses paysages minutieux, sa parfaite maitrise de l’huile rend toute la finesse de ses sujets, la transparence des étoffes, la lumière des intérieurs.  
Pour « Saint Jérôme dans son cabinet de travail », c’est la perspective florentine qu’il  a assimilée : une estrade est située dans une église dont l’architecture est éclairée de toutes parts, à l’avant figurent dans l’encadrement une perdrix symbole de luxure et un paon pour l’éternité, le traducteur est éclairé lui par le divin au dessus de lui. Malgré la modestie des dimensions, un paysage s’anime par les fenêtres.
Il ne passa qu’un an à Venise, mais il fut un bon passeur de la manière flamande et des techniques en particulier auprès de Bellini ; son retable de San Cassiano peint là bas dont il ne reste qu’une vierge en majesté et Saint Nicolas auprès de Marie Madeleine en cheveux, fut probant.
Après sa mort, à 50 ans, Jacobello, son fils a terminé quelques unes de ses œuvres

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