Quand à longueur d’antenne sont dénoncés des groupes de
pressions qui grenouillent dans les allées des pouvoirs, je discerne d’autres
influenceurs à l’œuvre dans les colonnes et sur les ondes, pétition quotidienne
à portée de clic. Le vert est dans le poste que ça en deviendrait une lubie.
Dans ce jeu de société, chacun y va de ses convictions ou de ses intérêts comptant sur le rapport de force. De la même façon ceux qui reprochent au président d’être en
campagne, sont en campagne depuis leur défaite de 2017. Alors comme disait
Sartre « c’est l’antisémitisme qui fait le juif », l’anti-macronisme
systématique me rend encore plus légitimiste, Macroniste.
Je respecte en même temps Piolle et Macron, les électeurs
les ont voulus.
Dès qu’une mesure est prise, le micro est toujours tendu vers
ceux qui trouvent que c’est insuffisant. Le jour où Olivier Véran annonce près
de deux milliards pour les hôpitaux de la région, « Le Monde » titrait :
« l’hôpital oublié de la campagne ». Entre ceux qui crient aux
dépenses inconsidérées et ceux qui ne savent pas que les travailleurs
hospitaliers ont obtenu une rallonge de 180 €, peut-on dire que nous sommes
surinformés ? Sans parler de ceux qui continuent à se shooter à l’hydroxychloroquine
et gémissent d’être exclu d’un monde dont ils se sont mis en marge. Avec mon
pass, je suis libre !
Des œuvres sont restituées au Bénin, c’est alors qu’un chef
coutumier signale qu’il manque un objet ou deux devant les caméras coloniales. Le lieu qui doit les accueillir a des
« retards » dans la construction : rien n’est sorti de terre.
Liesse pour le retour des statues et jeunesse qui part en canot.
Il y a quelques jours, des milliers de masques, de statues
ont été détruits dans l'incendie d'un musée en République Démocratique du Congo
et je n’ai même pas vu de variation autour de la formule pour journaliste
paresseux : « Un
vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », parce
que là, il y en a des cramés et des morts, mais les photogéniques peluches des banquises impriment mieux au pays des nounours.
On peut entendre causer depuis tous les coins de la
terre, mais nos aires se rétrécissent dans un rayon à portée de trottinette. Les
rapports de force s’inversent : des cyclistes peuvent devenir aussi
malotrus que certains conducteurs de 4X4 et un amateur de tartare être aussi
mal considéré que ne le fut jadis celle qui ne mangeait pas de gibelotte.
De bons docteurs veulent nous débarrasser des mythes
pour mieux en installer d’autres, cultivant tout ce qui flattera nos pulsions
négatives, refusant d’apprendre du passé, éloignant la complexité. Sans roman
que vaudraient nos vies ?
Il sera bien difficile de revenir à la transmission quand
ployant sous sa couronne de roi, un mioche est censé savoir tout dès le départ.
L’adulte doit se taire : place aux gènes. L’opposition entre l’inné et
l’acquis ne fait plus partie des débats. « L’ainé est à qui ? » demanderait
Tournesol. Et je ne sais plus où j’ai trouvé la formule, elle est
tranchante : le maître doit rendre gorge.
Ho Chi Minh avait appris la liberté dans les universités
françaises, et nous avons essayé de développer l’esprit critique de nos élèves mais
c’est la chicane qui est devenue le moteur des fake news. Alors quelques
enfants de ma génération « il est interdit d’interdire » en appellent à la
censure, ayant oublié que c’est le meilleur moyen de valoriser celui qu’ils
redoutent.
« Si l'on ne
croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit
pas du tout. » Noam Chomsky.