jeudi 19 juin 2025

Orléans # 2

Bon début de journée : Il y a de l’eau chaude pour la douche qui nous réveille agréablement car dehors, une fine bruine tombe  du ciel bas et gris.
Nous laissons la voiture à Orléans, au parking enterré sous le centre commercial les halles châtelet puis nous suivons l’itinéraire pour rejoindre la cathédrale.
Chemin faisant, nous passons devant le musée d’histoire et d’archéologie installé dans le magnifique hôtel Cabu du XVIème siècle. Il occupe une petite place nommée square Abbé-Desnoyer en compagnie de deux autres édifices aux façades ravissantes de la même époque ;
l’une « La maison de la pomme » doit son appellation au fruit représenté dans un cartouche, sur l’autre,
l’hôtel des créneaux, se détache l’inscription « Hôtel de ville »,  à juste titre car il fut le premier d’Orléans.
Avant d’attaquer la moindre visite, nous consommons un expresso assis à l’abri d’un bar face à la Cathédrale. Maintenant, les visites peuvent commencer.
Nous pénétrons dans la cathédrale basilique Sainte Croix  en empruntant l’impressionnant narthex non pas gothique mais néoclassique. Des  plumes et des fientes de pigeons en jonchent le sol, rien ne semble effrayer ces volatiles peu farouches et malpropres.
Nous passons dans la nef.
Trois jeunes filles patientent assises derrière une table et proposent un service de guides. Nous nous offrons l’assistance de l’une d’elles, tarif à notre convenance pour une visite hors groupe.
En premier lieu, la demoiselle nous informe sur l’historique de la Cathédrale Sainte-Croix.
Tout commence au IVème siècle lorsque Saint Euverte évêque d’Orléans a la vision de la main de Dieu bénissant l’édifice.
Cette main avec le 4ème et le 5ème doigts repliés figure sur la clé de voûte de l’abside et sur les stalles du chœur. De ce fait, l’église ne fut jamais consacrée par la main de l’homme puisque Dieu s’en était chargé.
Mais Dieu ne protège pas de tout : le bâtiment subit des dégradations durant les guerres de religions. Les protestants minèrent les quatre piliers du transept et les firent sauter, il ne resta que les murs des chapelles.
En signe d’apaisement, Henri IV s’engagea à aider à la reconstruction et se déplaça pour poser la 1ère pierre
.
Louis XIV  à son tour finança toutes les boiseries dont les stalles du chœur réalisées par Lebrun. Miraculeusement, la Révolution n’induisit que peu de dégâts. Puis aux XVIIIème et XIXème siècles s’ajoutèrent  le narthex la façade et les tours, décorés de colonnes  caractéristiques de cette époque, et affichant peu de signes religieux.
A l’extérieur, l’art gothique s’exprime  dans des arcs boutants, des dentelles de pierre des pinacles cependant la flèche actuelle ne fut élevée qu’en 1858. Quatre anges en haut des tours surveillent la ville.L’intérieur  déploie de belles proportions.
Des bannières et des blasons flottent accrochés aux piliers, Ils colorent la nef, lui confèrent un aspect  moyenâgeux et chevaleresque. 
En bonne place apparait l’oriflamme  portant les armoiries  de Gilles de Rais, plus réputé pour ses crimes que pour sa sainteté, mais bon, il soutint Jeanne la pucelle.
Les chapelles, dont certaines aux murs rescapés, revêtent des peintures du XIXème. Elles imitent les plafonds de la sainte Chapelle à Paris en reprenant le fond bleu et les étoiles.

Consacrée à Jeanne d’Arc, l’une d’entre elle contient une statue de la sainte canonisée longtemps après sa disparition. Deux léopards l’entourent  et symbolisent les Anglais. Revirement de l’histoire, une plaque commémorative remercie les soldats britanniques et américains de leur sacrifice lors de la seconde guerre mondiale.
Pour les vitraux, ils relèvent d’époques différentes. Toute une série raconte en image l’histoire de Jeanne depuis sa révélation perçue à Domrémy jusqu’au bûcher, sous la protection ou du moins les bons conseils de Saint Michel.
Comme souvent en lieu sanctuarisé, l’église accueille les tombes d’évêques (ex : Félix Dupanloup) représentés avec leurs riches attributs de noblesse. 
En l’absence de crypte, ils reposent sous l’édifice.
La visite aurait pu finir ici mais bonne surprise, notre guide dispose des clés  pour ouvrir une porte confidentielle derrière laquelle 252 marches montent jusqu’en haut de des tours.

Après les horaires impartis à l’Office du  tourisme pour des guidages collectifs 

elle nous entraîne  dans une excursion sur les toits, rien que pour nous,
qui me rappelle  notre équipée sur les sommets de la cathédrale de Chartres. 
Nous longeons une galerie surplombant les arcs-boutants et les pinacles, 
côtoyons le clocher riche de 5 cloches,

passons sous la charpente où le sol coïncide avec les voûtes de l’intérieur.
Nous aboutissons sur une plateforme en plein air près du dôme central et de la flèche, face à un panorama intégrant  la ville et ses environs un peu diffus à cause de la météo.
Le diacre nous y rejoint avec un petit groupe de 5 à 6 touristes.Pas au bout de nos découvertes, notre jeune guide se propose de nous montrer si ça nous intéresse la sacristie où subsistent des fresques du temps de Jeanne d’Arc.
Trois ou quatre scènes de la passion du Christ alignées sur fond bleu, certaines plus effacées que d’autres, portent irrémédiablement les traces destructrices des protestants.

Ils se sont acharnés à gratter, à griffer les visages des personnages.
Le diacre passant par là avec sa petite troupe nous invite à poursuivre avec lui 
dans les entrailles de la Cathédrale.

Il nous conduit par une porte invisible découpée dans le bois à l’arrière des stalles. Là, des fouilles archéologiques sont menées pour mettre en évidence les vestiges romains d’une 1ère église,  ainsi que la présence de ruines carolingiennes de style roman identifiable grâce à la base des piliers, des sarcophages, d’un cercueil en plomb. Des trous restent encore à explorer, et des morceaux de mosaïques à dater. En leur temps, les protestants pillèrent les sépultures en espérant récupérer de l’or ; manque de chance, ils en loupèrent une à un mètre près renfermant ce qui constitue le trésor actuellement.

Avec intérêt et reconnaissance nous apprécions cette visite rarement proposée aux visiteurs  et les commentaires passionnants de notre accompagnateur. Nous ne verrons pas les reliques dont celles de la Sainte-croix conservées précieusement dans la salle du Trésor ouverte lors d’horaires restreints (vers 19h aujourd’hui.)
Alors je conclurai cette  visite par quelques remarques concernant :

- la présence et le rayonnement du Roi Soleil en médaillon à l’intérieur comme à l’extérieur, (visible notamment de l’escalier).
la disposition d’une immense croix lumineuse en hauteur, apparente jusqu’au bout de l’Avenue Jeanne d’Arc.

- et les références à Jeanne d’Arc chère au cœur des Orléanais. Ils la comparent aux libérateurs Américains de la 2ème guerre, elle sauva la France en son temps.
Elle plait aussi bien aux conservateurs et au clergé de par sa sainteté, qu’aux républicains pour son esprit patriotique. Ici, elle n’appartient pas à la famille Le Pen.

mercredi 18 juin 2025

Orléans # 1

Notre voyage nous mène aujourd’hui  à ORLEANS, où nous commençons par un passage incontournable  à l’Office du tourisme installé place du Martroi, jolie et centrale.
Nous y trouvons un plan de la ville ; à proximité, dans une librairie nous acquerrons un « Guide du routard », et avant de nous lancer dans notre exploration, nous filons déplacer la voiture car le prix du parcmètre trop peu cher pour un centre-ville (1.70€ pour 3h incluant la gratuité entre midi et 14h) me parait suspect et m’angoisse.
Nous préférons le parking souterrain du Martroi après avoir vérifié les tarifs, bien sûr. 
L’esprit léger, nous démarrons nos déambulations pédestres.
Tout d’abord nous nous rendons au restau « Les fils à maman », choisi parmi d’autres dans le routard. Noté par le fameux guide comme se voulant régressif, il affiche au menu des cordons bleus du père Dodu, des coquillettes jambon (à la truffe) et tous ces plats servis dans notre enfance tandis que des jeux imprimés sur les napperons papier nous occupent le temps que le cuistot nous satisfasse.
Le secteur de la rue de Bourgogne, où il se situe, est investi par beaucoup de bars et restaurants, dédié au plaisir de la table comme l’affirme la  « Rue des assoiffés et des affamés ».

Puis une fois rassasiés, nous  portons nos pas jusqu’à  l’hôtel Groslot.

Cet hôtel particulier  construit  au XVIème présente une façade en briquettes rouges et noires.
A l’entrée, une statue en bronze de Jeanne d’Arc rappelle  logiquement  son lien fort à Orléans. Mais autre  témoignage historique ; elle montre des perforations ; ces  stigmates proviennent d’une explosion d’un dépôt de munitions  proche de l’endroit où elle fut enfouie durant la seconde guerre mondiale.

Dans cet hôtel particulier  devenu par la suite mairie, subsiste la salle des mariages toujours en activité et que le passant peut parcourir gratuitement.

C’est ici que mourut François II à l’âge de 17ans d’une otite avec complication après que sa mère Catherine de Médicis se fut opposée  à une trépanation préconisée par Ambroise Paré.

Nous accédons aussi au salon d’honneur, à la salle du conseil municipal et l’ancien bureau du maire meublés dans un style lourd, en bois foncé, de tentures d’Aubusson et dotés de belles cheminées Renaissance.

Le Musée des beaux-arts s’appuie contre L’hôtel de ville actuel face à l’hôtel Groslot de l’autre côté de la rue.

Il récolte 3 routards dans le guide du même nom, label qui retient donc notre attention. Nous recevons bon accueil, bénéficions du tarif des vieux, et arpentons les salles de ce musée rénové quasiment seuls.

Il conserve une muséographie à l’ancienne avec  superposition de tableaux et occupation optimale des espaces comme le pratiquaient les marchands du XVIIIème siècle. 
Le fait de disposer les cartels au sol devait en rendre la lecture plus aisée,  parait-il…

Peu de peintres nous sont connus, exceptés Vélasquez ou Georges de La Tour dont il me semble avoir vu la même toile au musée de Rouen.
Par contre le musée possède beaucoup d’œuvres de Léon Cogniet  lauréat du prix de Rome et garde des œuvres spoliées par les nazis, récupérées par l’état qui les a disséminées dans ses musées en attendant d’en identifier les propriétaires.
Le musée  expose aussi des sculptures ou des objets rares, des ivoires, des cafetières, de la vaisselle de Sèvres.
Il couvre une période du XVème au XVIIème au 2ème étage, du XVIIème au  XVIIIème au 1er  avec salle 10, des toiles de grands formats accrochées du sol au plafond, du XIXème à l’entresol et encore plus bas, du  XXème représenté entre autre par Mathieu, Hantaï Monory, Cueco, Lavier, Fromager.
Il est temps de se préoccuper de notre Airbnb,  nous interrompons nos visites pour aujourd’hui et récupérons la voiture direction OLIVET.
Mais les GPS du téléphone ou de l’automobile ignorent l’adresse donnée.
Grâce à l’itinéraire du site Airbnb nous parvenons à nos fins. Nous découvrons un studio avec mezzanine assez vaste, neuf, propre, bien équipé, jouxtant la maison des proprios. Après avoir déchargés nos affaires quelques emplettes s’imposent au centre-ville pour une soirée tranquille à la maison dans un quartier calme. 
Notre logeur J. nous aide par téléphone à régler un petit problème d’eau chaude.

mardi 17 juin 2025

Surface. Olivier Norek, Matz & Luc Brahy.

Le métier de policier est dangereux. La parisienne touchée lors d’un assaut  à Saint Denis 93 est mutée à Decazeville dans l’Aveyron et loge au bord d’un lac artificiel où un village a été englouti et donc propice à l’émergence de quelque cold case. 
« C’est pas un village. Ici, c’est un trou avec un code postal. » 
Les dessins de paysages sont plaisants, l’intrigue bien tarabiscotée comme les aiment les amateurs de polars, les personnages identifiables au premier coup d’œil comme la BD sait les mettre en place. 
« Vous savez, ici, il faut savoir rétrograder les vitesses.
C'est marrant comme les Parisiens ont du mal à ralentir. » 
Au-delà des ingrédients habituels : autopsies et cimetière, finesse de l’enquêtrice, distanciation par écran interposé lors d’entretien avec un psychologue, petite romance, faux morts et familles toxiques, quelques caractères bien stéréotypés de la «  province » mis en évidence ajoutent un mol intérêt à ces 136 pages. 

lundi 16 juin 2025

Indomptables. Thomas Ngijol.

Si ce film policier ne se déroulait pas au Cameroun si rarement filmé, l’intérêt serait maigre.
Un commissaire, père autoritaire et pontifiant, pathétique, en arrive enfin à se faire clouer le bec face à sa femme et à ses enfants qui ne cessent de lui échapper, comme lui s’en détache.
La recherche des coupables d’un assassinat d’un collègue n’est qu’un prétexte à une débauche de coups de pieds dans les portes, suivis de tortures, que le critique du « Monde » se permet de qualifier d’ « humanisme de combat » quand le moindre croche-pied par ici fait scandale !
A la misère indomptable des hôpitaux, de la police, au bout de rues défoncées, s’ajoute la corruption qui ruine les rapports humains. Les relations sociales, familiales sont tellement catastrophiques, que les discours moralisateurs n’en paraissent que plus obscènes.