Claire Denis filme l’Afrique comme je l’ai connue et aimée et comme je l’imagine aujourd’hui quand la folie est la maîtresse. Non pas l’Afrique des herbes sèches, mais celle des collines rouges où pousse le café. Cette richesse, dont on accable le continent noir comme une calamité de plus, n’est pas ce qui fascine le plus Isabelle Huppert. La maigriotte s’agite pour nier la réalité : il lui faudra partir. Les enfants soldats joueront, son enfant jouera désespérément, les installations en tôle et parpaings se consumeront, la banderole « Dieu ne baisse pas les bras »aura beau être tendue sur le fronton de l’église abandonnée, elle aura beau s’accrocher à l’échelle du taxi collectif, rien ne retardera l’échéance. « On ne possède pas la terre, encore moins la terre africaine, c’est elle qui vous possède, comme un sort… »Film tendu et fort. « L’Afrique noire est mal partie » titrait René Dumont l’agronome, c’était en 1962, c’est devenu pire !
Sur le véhicule pris en photographie au Cameroun en 1995, était écrit" la technique ne meurt jamais"
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