Nous quittons Rouen pour Dieppe et décidons de flâner en nous autorisant un petit détour pour le café qui nous mène à MONTVILLE. Nous n’avions pas de raison particulière de choisir cette étape si ce n’est l’annonce sur la route d’un musée des sapeurs-pompiers. Nous nous étonnons devant l’église des inscriptions liberté égalité fraternité appliquées au-dessus des 3 verrières en ogive et de la présence en exergue de république française sur le beffroi peu élevé. Pourtant l’église est bien un lieu de culte et garde sa fonction religieuse. Mais au XIX°siècle, la commune finança en partie l’agrandissement de l’édifice, de ce fait, le maire de l’époque considéra le lieu sacré comme un lieu public. En face, le bar où nous sirotons notre café connait une belle animation, fréquenté par des locaux venus en nombre plus pour tenter leur chance aux jeux et au PMU que pour consommer. Et en même temps ils échangent des propos en habitués qui se retrouvent.Nous reprenons notre voyage, traversons Clères, Grugny, le val-de-Scie par de petites routes de campagne désertes moins plates que ce que nous pensions, tracées entre collinettes et quelques restes de bocages . De beaux bâtis s’insèrent en accord dans le paysage, nous repérons deux maisons coiffées de chaume.
Nous approchons de Tourville sur Arque à la recherche du château de Miromesnil. C’est là que naquît Guy de Maupassant qui y vécut jusqu’à l’âge de trois ans. Actuellement la demeure située en pleine nature et entourée d’un parc abrite un gîte de luxe. Elle propose des suites, environ 330 € la nuitée pour quatre personnes mais ne semble pas prise d’assaut par les amateurs. Un jeune homme s’avance à notre rencontre pour nous renseigner. Ce joli château style Louis XIII avec ses briques rouges et son vaste parc bien entretenu n’est ouvert à la visite, obligatoirement guidée, qu’à 14h30 (trop tard pour nous), par contre cet horaire ne concerne pas le potager et le jardin (8€). Nous y renonçons cependant.Nous reprenons la route pour Dieppe. Le GPS nous guide à proximité du centre-ville dans un quartier populaire guère soigné, rue de la cité de Limes à côté de l’austère école Michelet mais dans laquelle nous trouvons sans problème et sans parcmètre à poser la voiture. A pied nous descendons vers le pont Colbert. Il est actuellement en réfection alors nous empruntons une passerelle piétonnière provisoire pour accéder au cœur de la ville. Un énorme marché envahit la grande rue, rendant difficile la circulation des clients et passants, sous le soleil éclatant et une température fraiche idéale. Nous remontons la voie sans nous décourager car, confiants dans le routard nous cherchons à atteindre le restaurant « Divernet » (138 grande Rue) . Il s’est installé à l’étage d’une pâtisserie/traiteur, peu visible de l’extérieur. Autrefois au XIX°, l’établissement s’appelait brasserie Grish, du temps où Oscar Wilde en exil le fréquentait. La décoration intérieure de ce petit espace vite bondé a conservé un style art déco sobre et sympa, il règne cependant une ambiance fonctionnelle sans tralala.
Nous commandons pour l’un une palette de bœuf sauce Neuchâtel et légumes divers, pour l’autre un wok de crevettes, plus bien sûr dessert et café. Nos voisins de table engagent la conversation, ils habitent le coin et nous conseillent un petit détour à Mers les bains qu’ils apprécient tout particulièrement. Nous prenons congé et lorsque nous débarquons dans la rue, les marchands ont remballé leurs marchandises. Il en reste quelques-uns qui à l’ombre de l’église Saint Jacques concluent leurs dernières affaires.
Nous jetons un coup d’œil à l’intérieur de l’édifice religieux, dont le mauvais état a nécessité la pose de filets sous les voûtes des travées afin de récupérer les gravats décrochés des parties supérieures. Vite fait, nous découvrons une chapelle consacrée à l’enfant Christ de Prague, et une autre abritant une mise au tombeau en statuaire colorée, dans un mélange gothique renaissance en pierre crayeuse rongée.Sur le chemin en direction de la voiture, nous empruntons un pont mobile que nous n’avions pas vu à notre arrivée puis notre véhicule à moteur nous trimbale vers Mers les bains non prévu dans notre périple mais bien vendu par nos voisins de table.
Le GPS nous conduit sur les hauteurs de la ville mitoyenne du Tréport, près de l’église Saint Martin et par chance, nous tombons de justesse sur un emplacement libre de stationnement , dans une rue en pente.
Nous descendons à pied sur un petit chemin contournant à droite la petite église et aboutissons sur la rue du front de mer rendue piétonne pour la durée de l’été.Des falaises encadrent et délimitent la grève longue de 4.5km .Sur la plage de galets, des quartiers de cabines blanches obstruent la vue sur la mer. Quant au large trottoir, servant habituellement de promenade, il accueille un marché des artisans. Mais le plus attrayant reste l’autre côté de la rue, avec son alignement de maisons hautes et élégantes dans un style art nouveau. Le chemin de fer construit en 1872 a rendu les villégiatures accessibles aux parisiens aisés; elles rivalisent de couleurs, de hauteurs, s’éloignent des maisons à pan de bois, osent des toitures folles, se parent de volutes, de boiseries en arrondi, de balcons avec des ferronneries, de bow windows, de céramiques. Chacune porte un nom, RIP (il faut oser !)
"Villa Hellena", magnifique, rue Boucher de Perthes ,
souvent des prénoms de femmes : "Yvonnette", "Colette".., la villa "La fée des mers" marque l’entrée de la promenade, attribuée à tort semble-t-il à G. Eiffel. Les couleurs pimpantes et fraiches chantent sous la lumière du soleil et le bleu du ciel, nous prenons plaisir à nous attarder dans les rues transversales sans souffrir de la chaleur car le thermomètre affiche 24 °, la canicule pour les locaux.