Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a
choisi de présenter d’une façon chronologique la criminologie dans l’histoire
de l’art en commençant par l’affiche du film « L’homme de glace » :
Ötzi, mort d’une flèche dans le dos, il y a 5000 ans, retrouvé en 1991 lors
d’un épisode de fonte d’un glacier italien.
Ces temps étaient-ils si violents, comme « Le rapt à l’âge de pierre »
de Paul Jamin
en témoigne ?Dès 2000 ans av. J-C, à Babylone « Le Code de Hammurabi »
gravé dans le basalte noir cherche à établir la loi anticipant celle du talion.Les mythologies rivalisent en horreurs avec l’histoire de
l’antiquité.Le bel Apollon, dieu vengeur, a beaucoup inspiré les
peintres : Turner
en représentant« Apollon et Python » célèbre la victoire du bien sur
le mal en figurant un monstre inspiré des dernières découvertes paléontologiques.
On peut penser à l’iconographie chrétienne quand Saint Michel ou Saint Georges
terrassent le dragon.« Apollon tue Coronis » (Goltzius) qui le trompait, et arrachera Asclépios (Esculape), le bébé, du
ventre de la mère enceinte de ses œuvres.Dans « Le Supplice de
Marsyas », (
Le Titien) Apollon également dieu de la musique
et du chant, écorche à vif le satyre qui a osé le défier dans son domaine de
prédilection.Abraham Bloemaert a peint la
« Mort des enfants de Niobé», douze parmi ses quatorze enfants dont elle
était si fière qu’elle vexa Léto qui n’en avait eu que deux : Artémis et
Apollon seront chargés de la venger.Les sciences
naturelles documentent le tableau de Rubens
et Snyders « Méduse », la gorgone. Un énigmatique
amphisbène, à deux têtes vient ajouter à l’horreur de cette décapitation par Persée.Lors du procès d’Harvey Weinstein, face à la Cour pénale de
New York, « Méduse » ayant coupé la tête de l’artiste Luciano Garbati
pour dénoncer les viols, va déplaire malgré tout à quelques féministes…car
l’auteur de la sculpture inspirée de Benvenuto
Cellini est un homme.
Pour « Caïn » fuyant après avoir tué son frère
Abel, Cormon, un des maîtres de Van Gogh, s’inspire
de l’anthropologie.
« Le Jugement de Salomon », par Poussin,
consista à couper en deux un enfant réclamé par deux mères.
Jean-Léon Gérôme peint
« Le
roi Candaule » qui offre la beauté de sa femme au regard de son général. Elle demandera
au voyeur de tuer celui qui l’a humiliée, Pittoni.Girodet :« Nabuchodonosor fait tuer les
enfants de Sédécias en présence de leur père » celui-ci aura
les yeux crevés, sera déporté et Jérusalem sera brûlée.Les décapitations d’Holopherne, la tête de Cyrus le Grand
plongée dans un vase rempli de sang, la décollation de Saint Jean Baptiste, Brutus
qui tue ses enfants sont peut être (relativement) moins affreux que « Le
jugement de Cambyse » par Gérard David où la peau du juge corrompu va
revêtir le fauteuil où son fils devra s’asseoir.« Le Supplice de Régulus » Panfilo Nuvolone, est lui aussi
particulièrement révoltant : revenu de Rome à Carthage conformément à sa
promesse lorsqu’il avait été libéré, les yeux cousus, il devra fixer un soleil
que Turner
peint brillamment, « Régulus ».
https://blog-de-guy.blogspot.com/2020/01/turner-au-cinema-jean-serroy.htmlAlexandre Cabanel représente une reine fatale
indifférente : «Cléopâtre
essayant des poisons sur des condamnés à mort ». Elle s’est
donné la mort par serpent interposé installé dans un panier de figues. Après tant de « Massacre
des Innocents » comme Poussin en peignit un déjouant les vues
panoramiques habituelles, et tant de héros tragiques, la coupe sanglante est pleine, rien qu'à réviser ces horreurs des temps antiques. « La Mort de Germanicus » Poussin
« Les
horreurs des années suivantes augmentèrent encore la gloire de Germanicus et le
regret de sa perte, car tout le monde estimait, non sans raison, qu'inspirant à
Tibère du respect et la crainte il avait contenu sa férocité, qui éclata
bientôt après » SuétoneNéron a fait tuer sa mère Agrippine, fille de Germanicus,
remariée avec Claude qui commanda le meurtre de Messaline sa première femme à
la réputation scandaleuse.« Néron devant le cadavre d'Agrippine » Appert. L’empire entre en décadence après Caligula, plus d’un siècle
après J.C. , Commode, l’empereur
gladiateur, qui se prenait pour Hercule, va connaître une fin tragique,
empoisonné par sa maîtresse. Mais toujours vif, un esclave devra l’étrangler.« La Mort de Commode » Fernand Pelez.La cruauté, la folie, la violence de ces époques retentissent encore aujourd’hui Cy Twombly « 9 discours sur Commode »
(1963)