Pour avancer en des eaux quelque peu agitées du « genre »,
je livre sans vergogne quelques éléments biographiques pour m’autoriser à
écrire : élevé dans les années où le mot « sauvagine » était
inclus dans « l’éducation sentimentale » de Le Forestier, l’éducation
de mes enfants fut paparitaire ; grand papa, j’assure toujours aux
casseroles et à l’aspirateur.
Je modère bien volontiers ma position de jadis, concernant
les cours de récré « non-genrées » censées
remettre en cause la domination masculine en témoignant, oublieux journalistes,
que la réflexion est entamée depuis un moment
Puisque l’influence des caïds des bacs à sable a besoin
d’être contenue, la question de l’espace dévolu à chacun mérite d’être posée,
le football au féminin ne semblant pas forcément une activité pour toutes.
Mâle parmi les maîtresses, j’appréciais, dans le rituel des
parties que disputaient les petits frères de Zizou, une occasion de
valorisation de quelques bancals du calcul mental.Y aura-t-il de la place pour les imitateurs de Mbappé, avec
cages et filets et pas forcément des parcours fléchés?
Personne ne verra d’inconvénients
à davantage de jardins, plus d’ombre et des sentiers pour les amis.
Et
pourquoi pas des coins tranquilles, puisqu’à côté des principes de précaution
paralysants, l’autonomie reprendrait vraisemblablement du poil de la bête.
Au-delà d’une végétalisation forcément cosmétique dans des
lieux encastrés dans le béton, quand le goudron aura sauté, prévoir des
chaussons pour le retour en classe où comme à la mosquée on pénètrera dans le
temple du savoir en laissant la poussière dehors.
Les garçons ont plus de mal que leurs sœurs dans leur
scolarité, les images masculines se faisant rares dans les familles
monoparentales et dans les écoles où une pincée d’hommes pourrait équilibrer
les effectifs des personnels d’encadrement : vive l’école
paternelle !
Si quelques traces libertaires subsistent dans mes
appréciations ci-dessus, en ce qui concerne les « crops tops » ci-dessous,
je ne vois aucun inconvénient à ce que la décence soit la règle dans les
établissements scolaires.
Je peux aimer la saison des robes légères et comprendre l’interdiction
de tenues distrayantes à l’école, autant pour celles qui les portent que pour ceux
qui sont portés à les voir.
Il doit y avoir une place pour une décence élégante loin du
voile, miroir d’une
érotisation de tous les instants avec une tenue, on dit tenue, différente pour
assister à un cours de grammaire ou à une rave party.
Des féministes demandent aux hommes de changer de regard
vis-à-vis d’elles.
Pour avoir trop souvent minimisé la responsabilité des
violeurs face à leur victime, faut-il imaginer de demander aux passants de ne
plus voir les filles, voire les considérer par exemple comme de quelconques
chèvres, quitte à être démenti par quelque légionnaire ?
Que deviendront les printemps si un jeune homme mime l’indifférence
aux suggestions de l’une ou de l’un découvrant leur « lune » ?
L’expression désuète est plus seyante que « montrer son cul » et
vise à insister qu’il ne suffit pas de se nourrir pour vivre, mais entre
affranchi(e)s il s'agit de cultiver le plaisir, le désir, même si ce fond de gastronomie
d’antan parait réchauffé.
Quand un ministre parle de
« tenues normales » certains font les étonnés. Ceux là ont du mal
avec les des propositions subordonnées dans une définition, arrêtant
celle de la liberté à : faire ce que je veux…et ferme ta gueule ! Les louches
de goudron se multiplient dans la marmite des réseaux sociaux où les simplistes
agressifs s’agglutinent aux menteurs croyant en leurs mensonges
Et la liste des postures inquiétantes s’allonge avec le
« woke » jouant du racisme anti-blancs, avec « safe
spaces » pour communautés sourdes à d’autres opinions que
les leurs. Et gare à la « cancel culture » mettant à l’index les impudents
qui auraient pu « s’approprier » une autre culture que la leur.
D’accord une hollandaise en dreadlocks c’est pas terrible,
mais pourquoi faut-il être Palestinien pour avoir le droit de porter un
keffieh ?
Un sourire conviendrait mieux qu’une colère, pourtant tant
d’aveuglement venu des campus américains nourrit Trump et fait froid dans le
dos.
Allez, tout n’est pas perdu, avec une réflexion bien de chez nous :« Que Charlie Hebdo continue
d'écrire, de dessiner, d'user de son art et surtout de vivre […] Dans notre
pays, seule la loi fixe les limites. » Hafiz
Chems-eddine Recteur de la Grande Mosquée de Paris.