Quand « Faire le malheur » ou « faire un
malheur » sont aux antipodes, l’article est déterminant.
Ainsi vont bien des choses quand tout et son contraire ne
cessent de se compléter.
Les effarouchés par le mot « ensauvagement » euphémisent
et ne voient dans des crimes que des incivilités, alors qu’ils se sont délectés
avec Despentes qui avait tant aimé les assassins de Charlie et lorsqu’elle récidive
régulièrement dans la fureur à longueur de colonnes complaisantes.
Un croche-patte de flic indignera plus certains qu’une
voiture fonçant sur un représentant de la loi.
La violence met en péril le « vivre ensemble »
quand des potences ont été dressées à quelques carrefours et que des tombereaux
d’injures sont déversés en travers des voix dès qu’une opinion s’aventure en
dehors de sa chapelle.
« Il prêche
l’amour avec haine » Gorki.
Le mot peur est sorti des bois où il se tenait depuis les
contes à dents de loup : entre hypocondriaques et inconscients, les redoutants déroutés
s’ils ne craignent souvent rien du Covid aiment suspecter toutes les intentions,
se rassurant dans un climat anxiogène. Le principe de précaution mis à toutes
les sauces appelle toutes les imprudences en miroir: les funambules au bord du
vide ne portent pas le moindre casque qu’appelle la plus lente des
trottinettes.
Les effarouchés perpétuels « pètent les boulons »
et les adeptes de la lutte des races repeignent leurs chaînes, déboulonnent
statues et statuts, englués dans un présent sans pardon qu’ils renoncent à
penser en voulant purifier le passé.
Tous ces comptables indomptables passent toute leur énergie
dans la contestation, sans projet, ils ne savent plus que « cocher les
cases ». Et ce ne sont pas les médias anciens à la remorque des nouveaux,
regrettant souvent la méfiance des français tout en l’alimentant, qui vont
aller contre le vent.
« C’était un
homme vide, qui prônait la suprématie tactique du vide. »
Antonio Scurati parle de Mussolini.
« En cela il
représente l’archétype du populiste jusqu’à nos jours. Il crée un nouveau type
de leadership qui ne guide pas les masses en les précédant mais en les suivant,
en les reniflant avec un instinct animal, guettant leurs angoisses, leurs
peurs, leurs frustrations. »
La fraternité est pour les lointains pendant que liberté et
égalité se contrarient à nos portes.
Jadis, les conflits se régulaient, me
semble-t-il, dans le respect des interlocuteurs, ce n’est plus forcément le cas ;
ressentiment et fuite en avant mettent en doute nos valeurs communes.
La « bête immonde » n’apparaitra pas par surprise
sur les écrans à la prochaine présidentielle, elle métastase déjà parmi nous,
en nous.
Ayant délégué à des robots le soin d’enlever la poussière de
nos tapis, avec serviteurs assurant « drive » et soins aux enfants,
nous accroissons les distances entre les citoyens d’un même espace, d’une même
espèce.
Sans rouvrir les confessionnaux, comment faire s’évaporer nos
restes de culpabilité ?
En tapant sur l’état et ses représentants, ceux-ci feront
l’affaire comme boucs émissaires.
Nous avons de plus en plus les mains propres, et bien du mal à « gérer » les
contrariétés, les contraintes, les pleurs et les couches pleines, le travail et
le temps. Quand pendant notre vie nous avons tant cliqué, la mort ne deviendrait-elle
qu’un bug ?
Pour n’avoir pas grand-chose à dissimuler, je ne comprends
pas toujours les paranoïaques braillant à la moindre innovation, bien qu’il
soit tout à fait vrai que les territoires de l’intimité se sont réduits.
L’ouverture permise par les réseaux sociaux a viré en son contraire lorsqu’ils
se sont démultipliés aboutissant à la fermeture communautaire.
« Communautaire » qui va avec « repli »
comme la rousseur à la servante anglaise, compte comme synonyme :
collectif et fédérateur.
« Le malheur n'entre jamais que par la
porte qu'on lui a ouverte. » dit un proverbe chinois