Un autre « Autoportrait » où il a
chaussé des « pierres à lire » a un côté contemporain que les
nombreuses commandes qu’il a honoré tout au long de sa carrière ne laissent pas
deviner : ses œuvres de grands formats jouent le plus souvent avec le
faste baroque.
« Notre-Dame
du Rosaire », du musée de Capodimonte à Naples, célèbre le
culte à Marie confié aux dominicains en présence d’une carmélite d’origine
espagnole ; les espagnols étaient alors présents à Naples. La stature des
personnages fait penser à Rubens, sous une lumière vénitienne.
Les architectures en fond des « Aumônes de Saint Thomas de
Villanova » évoquent Véronèse,
alors que le mendiant peut figurer comme un hommage au personnage central du
« Martyre de saint Laurent » du Titien.
Dans la « Sainte Famille et les symboles de la
Passion » pour les sœurs
carmélites déchaussées (leurs frères sont les carmes déchaux), l’éclairage est
dit « romain » pour la partie basse qui se distingue du pailleté du
haut.
« Saint Nicolas en gloire » vient de ressusciter
trois enfants et a fourni trois pommes d’or à trois jeunes filles qui ne
pouvaient être dotées. Les effets chromatiques sont modulés et la composition
habile.
« Le bon Samaritain » fut longtemps attribué à Ribera, un de
ses maîtres, Delacroix en parlait comme d’un tableau
« miraculeux » où les touches moelleuses sculptent un corps souffrant
rencontrant la pitié et la miséricorde. Goya et Daumier s’annoncent.
Ses thèmes empruntent aussi à la mythologie: son « Apollon écorchant
Marsyas » symbolise la victoire du Dieu à la lyre
contre le satyre terre à terre qui avait récupéré la flute dédaignée par Athéna
mais en jouait trop bien. Voilà la version de Ribera.
Six répliques du « Suicide de Caton » témoignent
du succès d’un des modèles du stoïcisme qui ne voulut pas « survivre à la
liberté ».
Parmi d’autres, ce « Portrait de philosophe »
sans ostentation est naturaliste et fort.
« L'Histoire écrivant ses récits sur le dos du Temps »
est allégorique, le dieu Saturne ou Chronos tient la faux des moissons qui
fauche aussi la vie, elle est « la maîtresse de la vie, la lumière de la
mémoire, l'esprit des actions ».
Domenico Gargiulo témoigne « Largo Mercatello a Napoli
durante la peste del 1656 » : 250 000 morts.
« Saint
Janvier intercédant pour la cessation de la peste » :
la lumière affronte les ténèbres.
« Lucrèce et Tarquin le
magnifique » la jeune femme préférera la mort plutôt que celle de
son esclave et d’être déshonorée par le fils de son mari.
« Ariane
abandonnée » est
bien vivante
et « Vénus
dormant avec Cupidon et satyre » sensuelle.
Il avait travaillé à Naples, Florence, à de
grandes fresques : « L’enfer des Grecs : Nyx,
Morphée, Charon et Cerbère » du palais Médici-Riccardi.
Charles II de Habsbourg l’a invité à décorer le palais du Buen Retiro « Allégorie de la toison
d’or » et le monastère de l’Escurial. Il restera 10 ans en Espagne
de 1692 à 1702. Il meurt à Naples en 1705, où il était né.
Avec vigueur, il a revisité les différents styles du
seicento (XVII° siècle), de fresques en peinture d’autels, de portraits en
vastes compositions, depuis les paradis antiques et les martyrs chrétiens
jusqu’aux aux femmes langoureuses pas toujours bien cachées derrière des drapés
veloutés.