jeudi 8 février 2018

Mario Botta. Benoît Dusart.

Dans la suite des conférences devant les amis du musée de Grenoble, consacrées aux « architectes d’aujourd’hui », le natif (1943) du Tessin s’inscrit dans son territoire où il a fondé une école d’architecture de 800 élèves, si différent  par exemple d’un Foster construisant, lui, comme en apesanteur.
Botta a rendu hommage à un autre architecte Tessinois, Borromini, avec cette maquette de l’église S. Carlo alle Quattro Fontane qui fut installée au bord du lac de Lugano. Si loin du baroque, il retiendra sous les enduits, la mise en œuvre de la brique, le goût de la symétrie et de la monumentalité.
Depuis ses premiers ouvrages dans les années 60 jusqu’à maintenant,Teatro dell'architettura, dont le parement accroche la lumière par-dessus une structure en béton armé, le plan est centré, souvent circulaire ou octogonal comme cette
Fleur de pierre, restaurant d’altitude couvert de gneiss au bout d’un funiculaire, dans un paysage ébouriffant.
Il a reconnu la filiation de grands maîtres de l’architecture. Sa première maison à Stabio doit à Le Corbusier
 dont  l’habitation Citrohan devait être construite en série comme les voitures Citroën.
Louis Kahn a construit dans le monde entier : son Institut de management d'Ahmedabad  avec une grande puissance géométrique, distingue des espaces « servants » et « servis » par ses parois dédoublées.
La Casa Caccia Cadenazzo de Botta s’impose aussi dans le paysage.
A Venise il obtient son diplôme en 1969 sous la direction de Carlo Scarpa dont la chapelle du cimetière de San Vito comporte un entre deux protecteur, ni tout à fait intérieur ni  vraiment extérieur.
A Riva San Vitale, au bout de sa passerelle, se remarque cette sentinelle, belvédère et abri protecteur.
La Casa rotonda  est construite à partir d’une forme pure où l’éclairage zénithal illumine des espaces modulables.
Si les entrées des maisons individuelles sont discrètes, pour L’école de Morbio infériore les volumes intérieurs sont monumentaux, derrière un aspect extérieur austère et ordonné pouvant évoluer facilement par ses modules.
Reconnu par le Moma de New York  qui lui a consacré une exposition en 80, appelé après une rénovation et une extension de la Scala de Milan, son Musée d’art moderne de San Francisco 
a été transformé à son tour par d’autres : l’agence Snøhetta.
Son côté à la fois introverti rassurant et monumental a séduit des banques, des casinos, voire des domaines viticoles : le volume central du chai du Château Faugères (Saint-Emilion) est mis en valeur par les ailes.
Son confrère Galfetti  a réalisé la médiathèque de Chambéry et lui l’Espace Malraux à partir de la caserne Curial.
Solidement ancré dans la terre, ayant fait « fructifier la culture et les traditions constructives de sa terre natale » ses volumes puissants où les matériaux sont mis en valeur, « son approche personnelle et sans concession lui vaut d’exceller dans la conception des édifices sacrés ».  
A la place d’une chapelle détruite par un glissement de terrain à Mogno
il répartit tout aussi magnifiquement la lumière pour 120 m2 que sur 1200 m2  pour la Cathédrale d’Evry en mesure de recevoir 1200 fidèles.
Il répond simplement à la cohabitation des juifs orthodoxes et réformés par cette Synagogue sur le campus de Tel Aviv en double module qui en arriverait à résoudre la quadrature du cercle.
La Granat chapel est à 2000 m d’altitude au Tyrol,
les sept puits de lumière de L'église du Santo Volto (la Sainte Face) est l'édifice religieux le plus récent de Turin.
 « L'architecture est un instrument de résistance à la banalisation du moderne. » a-t-il dit.

mercredi 7 février 2018

L’occident et le Japon. Catherine De Buzon.

En 1438, sous le règne du pape Eugène IV, les Portugais furent autorisés à évangéliser vers l’Est et les Espagnols à l’Ouest du monde dont le Vatican est le centre.
La conférencière, devant les amis du musée de Grenoble, va nous dépeindre quelques histoires entre l’Extrême Orient et l’Occident du XVI° au XX° siècle.
C’est l’époque, où au-delà du cap de Bonne Espérance, des navires, croix à la proue, établissent des comptoirs à Gao en Inde et Macao en Chine.
Si Marco Polo avait écrit à propos du Japon, il n’en avait rien vu :
« Ils ont de l’or en grandissime abondance, parce que l’or se trouve ici outre mesure. »
C’était en 1298 dans « Le livre des merveilles ».
Des naufragés portugais sont les premiers occidentaux à échouer sur les côtes de l’empire, ombrageux, du soleil levant. En 1543, les sujets de Philippe 1°, fils de Charles Quint, reviennent avec des navires impressionnants parmi les barques des pêcheurs.
Les équilibres d’une société nippone féodale vont être bouleversés par l’introduction des armes à feu ; des forteresses, des citadelles, des châteaux apparaissent parmi les constructions légères adaptées aux tremblements de terre.
Les jésuites sont heureusement accueillis par les populations et Oda Nobunaga leur chef qui chercha à unir des régions rivales. Les communications qu’il développa servirent au déplacement de ses armées et au commerce.
Mais les espagnols vont semer le désordre et après un siècle d’implantation de la religion chrétienne, en particulier autour de Nagasaki, les missionnaires sont expulsés et des chrétiens crucifiés. 25 000 personnes sont exécutées après une insurrection paysanne.
Les commerçants hollandais avaient aidé à la répression ; Dejima, une île artificielle leur est accordée par où « ont filtré quelques connaissances occidentales ».
Il y a bien un  samouraï, Hasekura Tsunenaga, qui entreprend un tour du monde avec l’intention de rencontrer le pape, mais lorsqu’il revient, le pays s’est replié sur lui-même. 
Le voyage avec escale depuis l’Europe durait deux ans et demi.
De Mazarin qui avait acquis un coffre somptueux jusqu’aux laques de Marie Antoinette, les collectionneurs apprécient l’art de Cipango comme est désigné le Japon en mandarin et  par José Maria de Heredia.
« Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines »
A la fin du second empire, après la maladie des vers à soie en Cévennes, des lyonnais prolongent la route du fil précieux de Chine jusqu’à l’archipel où ils s’approvisionnent et partagent leur savoir-faire. 
Au XIX° siècle, le commodore américain Perry laissera son nom à l’expédition qu’il mena  pour forcer l’isolationnisme japonais en revenant plus tôt que prévu avec de noirs bateaux pour obtenir la réponse du shogun (gouverneur militaire). Les traités signés alors sont très favorables aux étrangers.
Mais l’empereur, le gardien des traditions, va instaurer une nouvelle ère, celle des « lumières » : la féodalité est abolie, les samouraïs incorporés dans l’armée, le shintoïsme devient religion d’état.
Pendant l’ère Meiji de 1867 à 1912, la modernisation politique, économique, éducative, scientifique, sociale, militaire est spectaculaire, qui allie « l'éthique orientale et la science occidentale».
Le Japon n’a pas été colonisé, il devient même un empire colonisateur puissant qui affronte la Chine, la Russie, la Corée, les Etats-Unis.
Roosevelt avait été admiratif de la vaillance japonaise lors de la bataille de Port Arthur contre les russes en 1904.
Le massacre de Nankin (Chine) où disparurent 200 000 civils et militaires désarmées où eurent lieu 20 000 viols en 1937 est encore un sujet très sensible entre Chinois et Japonais.
En décembre 41, les EU entrent dans le deuxième conflit mondial après avoir été surpris à Pearl Harbour.
Les Jeux olympiques de 1964 et l’exposition universelle d’Osaka en 1970 ne font pas oublier les 100 000 victimes d’Hiroshima, mais marquent l’accession de « la Prusse de l’Asie » au rang de troisième puissance mondiale.
Si Mishima, l’écrivain qui s’est suicidé en 1970, avait refusé l’esprit et la lettre de la capitulation de1946 et le pacifisme qui s’en suivit, Camus fut bien seul le 8 août 45 à conclure son édito dans le journal « Combat ».
« Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené. Ce n'est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l'ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »
Les toriis, portiques à l’entrée des sanctuaires, matérialisent le passage du matériel au spirituel.

mardi 6 février 2018

Les aventures de Tintin reporter chez les soviets.

Si je n’avais pas traité du roi Tintin dans une rubrique BD désormais hebdomadaire sur ce blog, c’est que j’avais laissé à une enfance lointaine, les rêves d’une vision enchantée du monde et la toute puissance du héros qui va avec. Le politiquement correct me l’avait fait mépriser en mes années ferventes et c’est au hasard d’un cadeau de luxe que, 88 ans après sa parution, j’ai pris connaissance de cet album sulfureux qui connut d’emblée le succès.
Les planches ont seulement été colorisées cette année, l’édition  originale en noir et blanc ayant fait l’objet d’importantes spéculations financières.
Une introduction utile nous renseigne sur le modèle du reporter à la houppe qui inspira le jeune Hergé en sa 21° année et les ouvrages qui influencèrent scénario et dessins dont la ligne claire continue à nous enchanter.
Les maladresses des traits sont émouvantes, tant les évolutions seront manifestes dans les publications qui vont suivre atteignant 240 millions d’exemplaires vendus dans le monde.
La caricature politique est tellement outrancière qu’elle touche à la poésie, l’anti-communisme à ce degré de bêtise est susceptible de convertir au stalinisme tous les Wauquiez en culottes courtes, voire bien des « culottes de peau » (ainsi disait mon grand-père des militaires de jadis).
Les dialogues sont désuets et les réflexions personnelles parfois inutiles :
«  Cette humidité m’a gratifié d’un coryza… je sens … Aah… que je vais éternuer… »
Les moyens pour échapper aux situations périlleuses en cascades sont des plus invraisemblables : dans la cellule où le jeune garçon est enfermé se trouve… un scaphandre qui sera bien utile pour fuir sous l’eau. Il taille, au canif, deux hélices pour l’avion qui vient de capoter, comme il avait conçu instantanément, malgré une maladresse soulignée par Milou, un véhicule à moteur.
Je conseillerai à mes petits enfants ces histoires patrimoniales, comme il convient de les nourrir avec Chaplin. Ils pourront comprendre comment rendre un récit dessiné efficace et affirmer leur goût pour le dessin, tout en se donnant du matériel pour exercer un esprit critique qui n’étoufferait pas le plaisir des choses simples.

lundi 5 février 2018

Wonder Wheel. Woody Allen.

Souvent, j’aime me retrouver à contre sens - c’est le lot des vieux sur les autoroutes – comme de se répéter - lorsque la critique encensait le pape de l’humour  http://blog-de-guy.blogspot.fr/2008/11/vicky-christina-barcelona.html , je n’étais pas toujours d’accord, mais comme une horde le met à poil et me hérisse le poil, je suis allé voir son quarante septième film et j’étais enclin à l’aimer.
Jazz, Coney Island dans les années cinquante, voix off qui met de la distance : tous ces rêves d’amour inaboutis, ce n’est que du cinéma ! Comme on l’aime.
Sous des lumières rouges et dorées, les destins sont noirs. Le mélo se déploie au milieu des manèges, avec une actrice devenue serveuse, un maître nageur à prétention théâtrale et pépette tentant d’échapper à un mafioso de comédie, à moins que ce ne soit de la tragédie.
Les acteurs sont excellents y compris dans l’artificialité des face-caméra. Les personnages sont changeants : le bellâtre n‘est pas forcément creux, le beauf a des moments de tendresse.Un gamin joue avec le feu.
Une bonne année encore avec le sentiment de la fin d’une époque où Wolinski était encore vivant et le Grand Duduche. Inconsolable, je suis.

dimanche 4 février 2018

Festen. Thomas Vinterberg, Cyril Teste.

« Balance ton porc en famille », « balance ton père », ces formules clins d’œil ne rendraient pas compte de la profondeur de ce spectacle, bien que l’onde de choc partie d’Hollywood soit dans tous les esprits, au-delà des excès et des polémiques, dans une affaire où femmes et hommes auront tout à gagner finalement.
Qui ne savait pas qu’il s’agissait de révélation de secrets de famille dans cette pièce, inceste et suicide, exprimés lors d’un repas de famille ?  Au-delà du scandale, sont posées les questions de la vérité, des silences, de l’inhumanité. 
Après avoir été de la génération du fils par qui advient la vérité éclatante, j’en suis même au-delà de l’âge de ce père dont on fête les soixante ans. L’identification aurait pu jouer avec moi, quand on voudrait que tout se passe bien dans des moments solennels. Mais le sourire permanent posé sur « la figure du mal » permet de prendre une distance nécessaire alors que les émotions ne nous sont pas ménagées. Les acteurs sont excellents.
Et si ce qui a été dit n’avait pas été dit ?  La vérité est tellement crue, que c’est difficile de la croire. Je devrais me rapprocher de la grand-mère qui ne voit rien, poétise dans l’indifférence.   
Folie, cruauté, hypocrisie, les enfants n’ont pas été des enfants, le père n’a pas été un père: le propos est criant, pas besoin des sous-titres habituels pour nous questionner.
Ce drame aigu est plus finement politique que bien des retours sur les années 30 qui squattent les plateaux. La fin est apaisante, après des sons stridents et un piano qui appellerait la paix et la joie : le tableau en ouverture et en belle conclusion est celui de Corot : Orphée ramenant Eurydice des enfers (merci les Inrocks), parfaitement exploité.
J’avais un souvenir vague du film de 20 ans d’âge, sinon qu’il était de bon ton d’avoir apprécié sa violence. Malgré la force et la nouveauté d’un « Nobody » précédent  par le collectif de Cyril Teste http://blog-de-guy.blogspot.fr/2015/10/nobody-falk-richter-cyril-teste.html, et parce je n’étais pas sûr de retrouver ces qualités, j’ai été d’autant plus enthousiaste.
Les caméras sur le plateau apportent une poésie et quelques effets magiques, un rythme, une beauté, une intimité, une puissance démultipliés.
Le public grenoblois en dehors des spectacles musicaux est avare de stand up, cette fois je me suis levé pour applaudir avec la salle au bout de ces deux heures  intenses.

samedi 3 février 2018

Les piliers de la terre. Ken Follett.

Depuis dix ans ce best seller mondial (15 millions de lecteurs) m’attendait, il est paru en 1990, et après l’avoir ouvert je ne l’ai plus lâché, depuis la scène initiale de pendaison jusqu’à l’ultime exécution.
J’en redemande même, en sachant que je pourrai être exaucé : les volumes suivants « Un monde sans fin » et « une colonne de feu » seraient du même tonneau démesuré et fécond.
« Après cet instant, songea-t-il, le monde ne serait plus tout à fait le même. »
Nous vivons mille péripéties pendant 50 ans, en Angleterre, au XII° siècle, et  nous rencontrons une myriade de personnages sans risque de les confondre, des plus miséreux jusqu’aux plus puissants.
Il fallait bien 1050 pages pour que les malédictions s’accomplissent, les vengeances se soldent, les ambitions se réalisent, les serments se respectent.
Les moments où le temps est ensoleillé, les récoltes abondantes, les rues plus tranquilles, les tendresses consommées, s’apprécient d’autant plus que de famines en batailles, d’humiliations en mortifications, ces temps de guerre civile étaient incroyablement violents.
Nos insécurités présentes semblent bien anodines en regard de cette époque où la condition humaine était vraiment proche de la bestialité.
Pourtant au milieu de ce chaos, une cathédrale va se dresser, édifiée par les hommes élevés au-dessus de leur condition.
Les hasards du scénario sont parfois incroyables mais leur accumulation participe au plaisir de la lecture comme les couleurs vives, les caractères contrastés, la variété des lieux traversés.  
Ils sont tous là : sorcière, marchand d’épices à Tolède, diacre et archidiacre, cellerier de prieuré, jongleur, verrière, chevalier… nous révisons les mythes de cette époque, tout en accédant à des informations fiables sur la période.
Ce roman historique est divertissant et son ampleur prenante donne des aliments à nos préoccupations contemporaines en particulier concernant la place du religieux, bien au-delà d’un comté du sud de l’Angleterre.
« L'homme de Dieu, fort de la certitude que ses péchés sont pardonnés, considère la mort comme un heureux passage vers un monde meilleur et ne craint pas les épées. »

vendredi 2 février 2018

L'école creuse...

Depuis qu’en matière scolaire, l’affirmation : « le niveau monte » s’est retrouvée à sec, la ritournelle: « l’école creuse les inégalités » est mise à toutes les causes.
Les condamnations envers un système excluant par défaut sont unanimes pourtant dès qu’il est question de réformer, tous les conservatismes se liguent au nom de valeurs qu’ils savent bafouées tous les matins et pas seulement quand la prof dégueule sa peur sur le parking du lycée technique.
Féodalités/ Versailles, Girondins/ Jacobins, Rocard/ Mitterrand, CFDT/FO, établissements/ministère, responsabilité/ égalité, ZEP et zigzags.
Les « progressistes » de naguère en sont à souhaiter le statu quo, disant que la réforme du bac est précipitée, alors que ça fait bien 30 ans qu’on en cause.
Le progrès n’a plus de camp : ceux dont c’était la philosophie mettent les avancées scientifiques dans le même panier que les astuces marketing avec l’obsolescence programmée qui crame nos objets de consommation et puis de toutes façons c'est la faute de Bercy.
Est-ce que l’égalité a été réalisée dans notre république parce que tout le monde va faire un tour sur le Campus ?
Dans le pays où il y a 30 millions de sélectionneurs pour le foot, pourquoi ces pudeurs de gazelle autour du mot « sélection ». La sélection s’opère actuellement par l’échec, l’abandon. Le tirage au sort pour accéder à des formations est un scandale, mais on fait comme si.
C’est que la paresse intellectuelle venue au secours du manque de courage, est le produit de toutes ces années où le mot « travail » était banni. Un brin d’exigence face à l’effondrement des compétences des étudiants semblerait pourtant urgent.
Refrain : crise des vocations. Qui pour s’occuper des vieux, des enfants, des malades, des moteurs, des trains et de la plonge en week-end… ? Ceux qui sont au boulot et qui font exploser les pointeuses se racornissent devant la disqualification de leurs professions. L’éleveur qui se lève à point d’heure pour 300 € le mois et le boulanger qui met la clé sous la porte peuvent bougonner.
A défaut d’être Youtubeur, vendeur ou traider tout le monde ne peut devenir développeur, chercheur, ingénieur, professeur, docteur...
La cohérence qui semble se déployer concernant les réformes de l’enseignement technique, technologique, supérieur, pourrait apporter un espoir de rénovation d’un système qui ne met pas les jeunes en face d’un boulot qui leur conviendrait, et ne répond pas aux besoins de la société, pas plus qu’il n’est porteur d’une culture générale épanouissante.
Le grand oral dont nous avons bénéficié en 68 est une mesure qui me semble bienvenue pour mesurer l’authenticité des compétences d’un candidat dans la mesure où la préparation en amont peut modifier les pratiques en permettant peut être une réelle appropriation des savoirs.
Des groupes de tailles variables pourraient permettre de travailler ce domaine où les ordis ne sont pas indispensables.
Le contrôle continu, s’il peut motiver les élèves tout au long de la scolarité, plutôt qu'un faux examen où les marchands d’articles divers s’électrisent, pose le problème de l’égalité des exigences. D’ailleurs dans l’ordre des réputations d’établissements, les valeurs se sont parfois inversées qui font échapper le lycée prestigieux, Champollion, à des collégiens du secteur qui préfèrent plus de facilités ailleurs. Les contrôles à Pierre Perret seront plus faciles qu’à Henri III, mais la formation aussi a toujours été d’un niveau différent. Le cadre national ne cadre plus grand-chose et la dramatisation des enjeux autour du bac en ferait oublier le drame du chômage des jeunes. Les zones sont inégales : des moyens ont été attribués aux plus fragiles, mais soit on cache l’hétérogénéité des établissements par un bac maintenu genre village Potemkine, soit on adapte l’examen aux réalités dont la cruauté appellera des réformes qui vont bien au-delà des murs de l’école : logement, lutte contre le chômage,  pour retrouver confiance en soi, en son pays.
« La reproduction des inégalités sociales par l'école vient de la mise en œuvre d'un égalitarisme formel, à savoir que l'école traite comme « égaux en droits » des individus « inégaux en fait » c'est-à-dire inégalement préparés par leur culture familiale à assimiler un message pédagogique. »
Pierre Bourdieu
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Cette semaine le dessin vient de Courrier International  ( Gatis Sluka Lettonie)