Le titre « A fleur de peau » aurait dû convenir
également pour caractériser Bacon présenté le même soir par le conférencier
incontournable des amis du musée de Grenoble.
http://blog-de-guy.blogspot.fr/2016/06/bacon-la-peinture-de-la-sensation-brute.html
Mais si la violence picturale et
l’obsession des corps rapprochent ceux qui furent amis, là où Bacon exprime une
souffrance subie,
« Freud darde un
regard féroce ».
Dans le portrait que Bacon a brossé de lui, « Three Studies of Lucian Freud », ses yeux n’apparaissent pas.
Petit fils de Sigmund, né à Berlin, fuyant les nazis, il arrive
à Londres à l’âge de 12 ans.
En 44, il expose une peinture influencée par le surréalisme « The
painter's room ».
S’il se défend d’être influencé par l’inventeur de la
psychanalyse, un divan est pourtant au centre de la toile ; de surcroit, tout
au long de sa carrière, il représentera tant de lits et de sexes.
Deux fois divorcé, il a eu une quinzaine d’enfants de 5 ou 6
femmes.
Dans « Grand Intérieur,
Paddington » c’est une de ses filles qui est allongée au sol, près
d’une plante vigoureuse. L'espace sera un élément majeur de ses mises en
scènes éclairées vivement.
Une fois son style trouvé, sa côte atteint des sommets.
Ses nus figuratifs, à l’animalité épidermique, sans
concession, avec sexe en plein milieu, vont
chercher les personnalités, sous les chairs tombantes.
« Leigh sous la lucarne », annonce de nouvelles manières.
Les yeux se baissent, loin de « Girl with a White Dog ».
Leigh Bowery était
aussi imposant que sa femme, Nicola Bateman, était fluette, mais ils sont pareillement
blafards dans « And the Husband », photographies d’un processus.
L F entretient des rapports intenses avec ses modèles.
« Je pense toujours que "connaître quelque
chose par cœur" permet plus de profondeur que de voir de nouveaux sites,
aussi splendides soient-ils. »
Sue Tilley au « corps pléthorique » occupe toute la place dans « Benefits Supervisor Sleeping » « sommeil à l’avantage du superviseur ». Le
tableau au prix le plus élevé payé pour un artiste alors vivant, appartient à
Abramovich propriétaire de l’équipe de Chelsea.
Foot et art : « allez vous faire foot ».
En 2001, il réalise le portrait, on imagine controversé, de « La reine Elisabeth II » dont
le viril visage régalien est empreint d’un certain ennui.
La série « Lucie », du nom de sa
mère qui avait tenté de se suicider, mesure le vieillissement et la lassitude.
En 2002, il suit chaque jour, la grossesse du mannequin Kate
Moss, «Nake portrait ».
Il lui a tatoué deux oiseaux au bas du dos qui pourraient « coûter la peau des fesses »,
bien plus chers que cette blague que je
n’ai pu m’empêcher de recopier.
Il a travaillé 3 ans sur « Portrait of the
Hound » où pose son ami David Dawson.
Son dernier « Auto portrait », le
montre, en son miroir, pathétique dans sa vigueur, les pieds dans des godillots
ouverts, le pinceau comme une épée, la palette en bouclier dérisoire. Il porte
les traces du temps de la même façon qu’il a intensifié la réalité dans ses
toiles au matérialisme radical.
A propos d’« After Cézanne » version mise
en scène de « L’après midi
à Naples » avec servante et couple qui viennent de consommer. « Les
nombreuses relations dans la vie du peintre en font un tableau
autobiographique ». L’encadrement original en accroit l’intérêt.
« J'ai toujours
voulu créer une forme de drame dans mes peintures. C'est pourquoi j'ai commencé
à peindre des gens. Ce sont ces gens qui ont apporté de la vie aux images. Les
gestes humains les plus simples racontent des histoires. »
« Pendant plus de
soixante ans, dans un lent face à face avec ses modèles et avec lui-même,
l’homme au regard de serpent aura hypnotisé sa proie pour tenter de «
reconquérir le visage de l’humain » Jean Clair.